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Monnaie unique européenne

Le G7 au chevet du dollar

Les marchés financiers retiennent leur souffle dans l’attente du G7 Finances consacré, pour l’essentiel, à la chute du dollar. Toutefois il y a peu à espérer d’une rencontre dont les participants ont des intérêts aussi divergents.
Les ministres des Finances et les gouverneurs des Banques centrales des pays du G7 (Etats-Unis, Canada, France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, Japon) se retrouvent pour deux jours en Floride afin de coordonner leurs politiques. Les analystes attendent cependant peu de résultats concrets car les participants à ce G7 Finances n’ont pas, loin s’en faut, les mêmes priorités à faire valoir. Les Européens, et tout particulièrement les membres de la zone euro, souhaitent que les Etats-Unis s’engagent à adopter des mesures efficaces pour contrer l’envolée de la monnaie unique européenne par rapport au billet vert. L’appréciation de la devise européenne est de 20% en un an et les pays de la zone euro craignent que cette sous-évaluation du dollar viennent ralentir une reprise économique déjà bien terne sur le vieux continent.

Les Japonais ont, dans une moindre mesure, les mêmes reproches à formuler car le dollar chute, depuis 2003, aussi face aux autres devises mondiales. Jusqu’à présent les Etats-Unis se sont contentés de bonnes paroles, le secrétaire américain au Trésor John Snow répète à intervalles réguliers qu’il est en faveur d’un dollar fort. Mais, à l’appui de cette affirmation, aucun relèvement des taux d’intérêts de nature à enrayer la baisse du change n’est envisagé.

Devenu le trublion de l’économie mondiale, le prix Nobel Joseph Stiglitz prévient les Européens que le G7 de Boca Raton ne débouchera sur rien et, selon lui, c’est à la Banque centrale européenne et à celle du Japon d’intervenir pour entraver la hausse du dollar. «L’administration Bush ne fera aucune concession, dit-il. George W. Bush a besoin de la baisse du dollar pour soutenir la croissance américaine et être réélu. Même si cela doit se faire au détriment de l’Europe».

Engagements réciproques

Bien conscient de cela, Jean-Paul Trichet, président de la Banque centrale européenne, se garde bien d’exiger quoi que ce soit des Américains et déclarait, avant l’ouverture du G7, que tout le monde aurait à y mettre du sien pour améliorer la situation. En effet, les États-Unis ne viennent pas, non plus, sans revendications à présenter à leurs partenaires. Ils souhaitent que soient mis à l’ordre du jour les moyens de corriger les déséquilibres qui menacent l’économie mondiale, plus graves à leurs yeux que le taux de change du dollar. Les États-Unis estiment qu’une croissance plus soutenue en Europe aurait pour effet de réduire le déficit commercial américain.

Et les deux faits ne sont pas sans lien. C’est le niveau record des déficits américains qui tire le dollar vers le bas. Le déficit budgétaire est aggravé par la campagne électorale et le financement de l’occupation en Irak tandis que le déficit de la balance courante amène les États-Unis à faire financer leur train de vie excessif par l’épargne mondiale.

Le G7 pourrait donc finir par décider d’un engagement réciproque de bonne volonté. Les Etats-unis s’attaquant à leurs déficits et les Européens (France, Italie, Allemagne) aux leurs. En effet les Américains ne se font pas faute de rappeler aux Européens la lenteur de réformes structurelles jugées nécessaires, comme l’assouplissement du marché du travail, et les libertés prises à l’égard du pacte de stabilité européen.

Dans l’attente des résultats de la rencontre les marchés financiers retenaient leur souffle et l’euro était coté à 1,25 dollar. Ironie du sort, si une décision du G7 ne devrait pas avoir une grosse influence sur une hausse du dollar, l’absence de décision pourrait bien, selon les experts, relancer à nouveau l’euro vers les sommets.



par Francine  Quentin

Article publié le 06/02/2004