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Monnaie unique européenne

Le dollar au secours de la BCE

La remontée du dollar par rapport à l’euro a donné une raison toute trouvée à la Banque centrale européenne de maintenir inchangé son taux directeur. Dans l’immédiat la BCE réaffirme donc son indépendance face aux gouvernements français et allemand et, à terme, l’hypothèse d’un relèvement des taux aux États-Unis rendrait leur revendication caduque.
La pression conjuguée de l’Allemagne et de la France sur la Banque centrale européenne afin de l’inciter à réduire l’écart entre le taux directeur dans la zone euro, 2%, et celui pratiqué par la Réserve fédérale américaine, 1%, s’était beaucoup accentuée ces derniers jours. Sauf à assumer la responsabilité de privilégier le taux de change en sacrifiant la croissance en Europe, la BCE aurait pu être ébranlée dans ses certitudes. La réunion mensuelle du conseil de politique monétaire de la BCE était donc attendue avec impatience par les milieux financiers. Mais, fort à propos, le dollar s’est, en quelques jours, raffermi sur le marché des changes, rendant tout à coup la réduction des taux d’intérêts dans la zone euro moins urgente. La BCE a donc décidé de maintenir soin taux directeur à un niveau inchangé depuis juin 2003.

Depuis son record historique du 18 février à 1,29 dollar, l’euro a perdu plus de 6% face au billet vert, et il s’échangeait , après l’annonce de la BCE à 1,21 dollar. Ce recul donne, si le mouvement est durable, à un ballon d’oxygène bienvenu en faveur des exportations européennes. La reprise en faible en Europe, notamment en Allemagne et en France, qui représentent la moitié de la richesse produite dans les 12 pays de la zone euro. D’où les appels répétés du chancelier Gerhard Schröder et des responsables politiques français à favoriser l’investissement des entreprises par un crédit peu coûteux.

Affirmation d’indépendance



L’un des arguments mis en avant par la BCE pour refuser de réduire les taux d’intérêts était le risque inflationniste. Il semble désormais écarté. L’indice des prix dans la zone euro est actuellement de l’ordre de 1,6% en glissement annuel alors que la limite fixée par la BCE est de 2%.

Le maintien des taux à leur niveau actuel, justifié par des raisons financières, permet en outre à la BCE de réaffirmer son indépendance par rapport aux pressions politiques des gouvernements. Les membres de la Banque centrale européenne peuvent ainsi se montrer intraitables face aux deux seuls pays de la zone euro qui bravent l’instance monétaire européenne en ne respectant pas le pacte de stabilité et de croissance. Le pacte fixe un plafond de déficit budgétaire, dépassé par l’Allemagne et plus encore par la France.

Ceux qui attendent de la BCE un geste d’assouplissement de la politique monétaire en Europe, repoussé de mois en mois, vont peut-être bientôt se heurter à celle menée par la Réserve fédérale américaine (FED) pour réaliser ses propres objectifs de régulation économique. La croissance repart bien aux Etats-Unis, en janvier et février, mais jusqu’à présent la reprise de l’emploi n’a pas suivi au même rythme. C’est pourquoi de bons chiffres du chômage dans l’avenir pourraient inciter la FED à relever ses taux d’intérêts plus tôt que prévu. Cette perspective rendrait caduque toute pression inverse sur la BCE.



par Francine  Quentin

Article publié le 04/03/2004

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[21/09/2000]