Monnaie unique européenne
Le dollar au secours de la BCE
Depuis son record historique du 18 février à 1,29 dollar, l’euro a perdu plus de 6% face au billet vert, et il s’échangeait , après l’annonce de la BCE à 1,21 dollar. Ce recul donne, si le mouvement est durable, à un ballon d’oxygène bienvenu en faveur des exportations européennes. La reprise en faible en Europe, notamment en Allemagne et en France, qui représentent la moitié de la richesse produite dans les 12 pays de la zone euro. D’où les appels répétés du chancelier Gerhard Schröder et des responsables politiques français à favoriser l’investissement des entreprises par un crédit peu coûteux.
Affirmation d’indépendance
L’un des arguments mis en avant par la BCE pour refuser de réduire les taux d’intérêts était le risque inflationniste. Il semble désormais écarté. L’indice des prix dans la zone euro est actuellement de l’ordre de 1,6% en glissement annuel alors que la limite fixée par la BCE est de 2%.
Le maintien des taux à leur niveau actuel, justifié par des raisons financières, permet en outre à la BCE de réaffirmer son indépendance par rapport aux pressions politiques des gouvernements. Les membres de la Banque centrale européenne peuvent ainsi se montrer intraitables face aux deux seuls pays de la zone euro qui bravent l’instance monétaire européenne en ne respectant pas le pacte de stabilité et de croissance. Le pacte fixe un plafond de déficit budgétaire, dépassé par l’Allemagne et plus encore par la France.
Ceux qui attendent de la BCE un geste d’assouplissement de la politique monétaire en Europe, repoussé de mois en mois, vont peut-être bientôt se heurter à celle menée par la Réserve fédérale américaine (FED) pour réaliser ses propres objectifs de régulation économique. La croissance repart bien aux Etats-Unis, en janvier et février, mais jusqu’à présent la reprise de l’emploi n’a pas suivi au même rythme. C’est pourquoi de bons chiffres du chômage dans l’avenir pourraient inciter la FED à relever ses taux d’intérêts plus tôt que prévu. Cette perspective rendrait caduque toute pression inverse sur la BCE.
par Francine Quentin
Article publié le 04/03/2004