Monnaie unique européenne
L’europhilie inattendue des Allemands
Contre toute attente, l’Allemagne semble céder volontiers son cher Deutschemark, symbole de prospérité, au profit de l’euro. Entre fatalisme et enthousiasme, le poids lourd économique de l’Europe se met à la monnaie unique.
De notre correspondant à Berlin
Après avoir pris d'assaut les sachets de pièces à la mi-décembre et dévalisé en quelques jours les banques, les Allemands n'ont qu'une hâte depuis le 1er janvier 00h00, se débarrasser le plus vite possible de leurs bons vieux Deutschemark. Depuis l'ouverture des banques mercredi matin, les queues s'allongent aux guichets. Les clients n'hésitent pas à patienter jusqu'à une heure pour échanger leurs marks contre des euros tous frais. Et pourtant, on leur a rabâché qu'ils pouvaient payer leurs emplettes avec leur ancienne monnaie jusqu'au 28 février.
Curieux Allemands qui, parmi les douze pays introduisant l'euro, ont traîné des pieds jusqu'au bout. Une maigre majorité s'était dessiné seulement dans les dernières semaines en faveur de la monnaie unique européenne. 57% déclaraient fin décembre qu'ils regretteraient le mark, le symbole de la prospérité allemande d'après-guerre. «On n'avait pas le choix. Alors il faut bien faire avec», résumait, fataliste, un badaud mardi peu après minuit. Il n'avait pas hésité à faire la queue dans le froid et sous la neige au pied de la porte de Brandebourg à Berlin pour être parmi les premiers à échanger des marks contre des euros. A minuit pile, le ministre des finances, présent sur place, avait reçu des mains du président de la banque centrale allemande les premiers billets mis en circulation. Europhorique, Hans Eichel déclarait: «Bientôt, tout le monde se demandera pourquoi nous n'avons pas introduit l'euro plus tôt».
Comme si le mark était une fausse monnaie
Les Allemands eurosceptiques semblent s'être laissés convaincre. Entre minuit et minuit et demi mardi, 200.000 retraits d'euros étaient enregistrés à Berlin. Les Allemands se séparent aussi facilement du Deutschemark que par le passé de leurs vieux codes postaux, de leurs disques en vinyl ou de leurs Volkswagen coccinelle. Toute l'Allemagne se débarrasse du mark à toute vitesse comme s'il s'agissait d'une fausse monnaie. Pendant des décennies, il étaient accros. «Qu'arrive-t-il aux Allemands?», s'interroge, perplexe, le quotidien conservateur Die Welt.
Les magasins pourraient rapidement se voir épargner le casse-tête des double-caisses. «Je pense que le Deutschemark aura disparu de la circulation à la fin de la semaine prochaine», estimait jeudi un responsable de la fédération allemande du commerce de détail. Certes, ses membres doivent jouer, comme partout en Europe, les bureaux de change. Mais l'arrivée de l'euro leur a permis de faire de bonnes affaires. L'affluence dans les magasins est sensiblement supérieure à la normale.
Les magasins n'ont visiblement pas été boudés par les consommateurs qui à 83% redoutaient avant l'arrivée de la monnaie unique une valse des étiquettes. Face à la hantise numéro un des Allemands, l'inflation, les accusés ont redoublé d'efforts pour prouver qu'ils n'exploiteraient pas l'arrivée de l'euro pour arrondir leurs étrennes. La chaîne bon marché Aldi a fait dans la surenchère et lancé une campagne de publicité tous azimuts vantant «la plus grande baisse des prix de tous les temps». Plusieurs concurrents ont suivi. L'hydre de l'inflation se faisant moins menaçante, les Allemands longtemps eurosceptiques finiront peut-être par adopter leur nouvelle monnaie. Après tout, le Deutschemark, lui aussi, a dû faire ses preuves après son introduction en 1948.
Après avoir pris d'assaut les sachets de pièces à la mi-décembre et dévalisé en quelques jours les banques, les Allemands n'ont qu'une hâte depuis le 1er janvier 00h00, se débarrasser le plus vite possible de leurs bons vieux Deutschemark. Depuis l'ouverture des banques mercredi matin, les queues s'allongent aux guichets. Les clients n'hésitent pas à patienter jusqu'à une heure pour échanger leurs marks contre des euros tous frais. Et pourtant, on leur a rabâché qu'ils pouvaient payer leurs emplettes avec leur ancienne monnaie jusqu'au 28 février.
Curieux Allemands qui, parmi les douze pays introduisant l'euro, ont traîné des pieds jusqu'au bout. Une maigre majorité s'était dessiné seulement dans les dernières semaines en faveur de la monnaie unique européenne. 57% déclaraient fin décembre qu'ils regretteraient le mark, le symbole de la prospérité allemande d'après-guerre. «On n'avait pas le choix. Alors il faut bien faire avec», résumait, fataliste, un badaud mardi peu après minuit. Il n'avait pas hésité à faire la queue dans le froid et sous la neige au pied de la porte de Brandebourg à Berlin pour être parmi les premiers à échanger des marks contre des euros. A minuit pile, le ministre des finances, présent sur place, avait reçu des mains du président de la banque centrale allemande les premiers billets mis en circulation. Europhorique, Hans Eichel déclarait: «Bientôt, tout le monde se demandera pourquoi nous n'avons pas introduit l'euro plus tôt».
Comme si le mark était une fausse monnaie
Les Allemands eurosceptiques semblent s'être laissés convaincre. Entre minuit et minuit et demi mardi, 200.000 retraits d'euros étaient enregistrés à Berlin. Les Allemands se séparent aussi facilement du Deutschemark que par le passé de leurs vieux codes postaux, de leurs disques en vinyl ou de leurs Volkswagen coccinelle. Toute l'Allemagne se débarrasse du mark à toute vitesse comme s'il s'agissait d'une fausse monnaie. Pendant des décennies, il étaient accros. «Qu'arrive-t-il aux Allemands?», s'interroge, perplexe, le quotidien conservateur Die Welt.
Les magasins pourraient rapidement se voir épargner le casse-tête des double-caisses. «Je pense que le Deutschemark aura disparu de la circulation à la fin de la semaine prochaine», estimait jeudi un responsable de la fédération allemande du commerce de détail. Certes, ses membres doivent jouer, comme partout en Europe, les bureaux de change. Mais l'arrivée de l'euro leur a permis de faire de bonnes affaires. L'affluence dans les magasins est sensiblement supérieure à la normale.
Les magasins n'ont visiblement pas été boudés par les consommateurs qui à 83% redoutaient avant l'arrivée de la monnaie unique une valse des étiquettes. Face à la hantise numéro un des Allemands, l'inflation, les accusés ont redoublé d'efforts pour prouver qu'ils n'exploiteraient pas l'arrivée de l'euro pour arrondir leurs étrennes. La chaîne bon marché Aldi a fait dans la surenchère et lancé une campagne de publicité tous azimuts vantant «la plus grande baisse des prix de tous les temps». Plusieurs concurrents ont suivi. L'hydre de l'inflation se faisant moins menaçante, les Allemands longtemps eurosceptiques finiront peut-être par adopter leur nouvelle monnaie. Après tout, le Deutschemark, lui aussi, a dû faire ses preuves après son introduction en 1948.
par Pascal THIBAUT
Article publié le 06/01/2002