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Monnaie unique européenne

Les Nord-Irlandais se plient en trois pour l’euro

Avec l’arrivée de la monnaie unique, les habitants d’Irlande du Nord doivent faire leurs affaires en utilisant non pas deux, mais trois monnaies différentes : la livre sterling, la punt irlandaise, et l’euro. Cette triple circulation va durer jusqu’au 9 février.
De notre envoyée spéciale à Crossmaglen (frontière irlandaise)

«C’est ce qu’on appelle l’esprit communautaire». Les propos de Paddy Short ne font guère référence à la communauté européenne, mais plutôt au travail des élèves de l’école secondaire. D’une main fière, le propriétaire du pub le plus renommé du sud du comté d’Armagh montre un tableau de conversion imprimé en quatre couleurs différentes, conçu et distribué par les adolescents de la ville.C’est qu’à Crossmaglen, une petite ville nord-irlandaise, située à moins de cinq kilomètres de la frontière avec la République d’Irlande, au sud, l’euro est devenue une réalité depuis le 1er janvier 00h00.

Malgré le fait que l’Irlande du Nord est officiellement «territoire Britannique» et par conséquent ne fait pas partie de la zone euro, ses habitants se sont préparés depuis des mois à l’arrivée de la monnaie unique. La frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande constitue d’ailleurs la seule frontière terrestre du Royaume-Uni avec la zone euro.

Les gouvernements régional et britannique n’ayant mené aucune campagne d’information en Irlande du Nord, à Crossmaglen ce sont les adolescents de la ville qui se sont chargés d’éduquer leurs aînés.

«Nos clients risquent de voir triple

C’est que dans cette région de frontière, l’introduction de l’euro risque de compliquer les choses pour les habitants et commerçants. Traditionnellement, les commerçants y ont utilisé la livre britannique tout comme la punt irlandaise. Et avec l’arrivée de l’euro, ils devront s’habituer à faire leurs affaires en utilisant trois monnaies différentes. Et cela jusqu’au 9 février, date à laquelle la punt irlandaise disparaîtra pour de bon.

Paddy Short compte d’ailleurs afficher trois prix différents. «Le prix d’une choppe de Guinness sera affiché en livres sterling, en euro et en punt irlandaise. On aura en fait trois caisses différentes». Et d’ajouter: «Lorsque nos clients se mettent à boire, ils risque également de voir triple !». Mais tout comme lui, les habitants de la ville ne s’inquiètent guère. «L’argent, c’est de l’argent. Les gens de ces régions sont habitués à compter leurs sous et profiter des taux d’échange». Au contraire, ils estiment que l’introduction de l’euro les aidera à faire des affaires en République d’Irlande.

Mais Crossmaglen n’est pas la seule région à s’être préparée à l’euro. A quelques kilomètres de là, dans la ville de Newry, les responsables d’une grand centre commercial se sont également mis à l’heure de la devise européenne. Les distributeurs automatiques donneront des euros, et dans une grande majorité des magasins, les prix seront affichés en euros et en livres sterling.

Dans l’ensemble de l’Irlande du Nord, les habitants et commerçants condamnent la décision de la Grande-Bretagne de ne pas rejoindre l’euro. Ils craignent de perdre des millions de livres sterling, puisque les firmes européennes auront tendance à se tourner vers la République d’Irlande qui fera son commerce en euros. Plusieurs débats ont eu lieu à l’Assemblée nord-irlandaise. Plusieurs ministres nord-irlandais ont également appelé le Premier ministre britannique Tony Blair à faire de l’Irlande du Nord un cas particulier, et permettre à la région de faire partie de la zone euro.



par Maryann  Maguire

Article publié le 03/01/2002