Monnaie unique européenne
Les Balkans vont passer du mark à l'euro
Dans trois territoires de l'ex-Yougoslavie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et le Kosovo, le mark allemand a cours légal. Dans quelques semaines, l'euro prendra la place de la monnaie allemande. Les habitants s'interrogent: comment faire pour convertir leurs marks allemands en euros ?
De notre correspondant dans les Balkans
Nul ne saurait échapper à l'empire de la loi. Boro vend au noir des cigarettes sur le pas de porte de sa maison, dans la rue centrale de Cetinje, la capitale historique du Monténégro. Depuis lundi 15 octobre, le paquet de Lucky Strike, qui porte étrangement une vignette fiscale de la République voisine d'Albanie, est donc affiché à 2 marks allemands, ou un 1,01 euro. Le centime d'euro fait toute la différence, prouvant que Boro est un commerçant honnête et scrupuleux. La presse monténégrine rappelle en effet le taux officiel de conversion: 1,955 DM pour un euro. La petite république, qui a renoncé au dinar fédéral yougoslave et introduit le deutschmark comme seule monnaie légale le 1er novembre 1999, se prépare donc au passage du mark à l'euro. Depuis le 15 octobre, le double affichage des prix est de rigueur dans tous les commerces, licites ou illicites.
Comme tous les pays de la zone euro, le Monténégro connaîtra une période de transition du 1er janvier au 31 mars 2002. Les banques changeront les marks en euros, à concurrence de 5000 marks par personne, tandis que les comptes en devises ouverts avant la période critique seront automatiquement convertis. Ceux qui disposent de sommes en cash plus importantes ont donc trois solutions: convaincre des amis moins fortunés de changer de l'argent pour eux, déposer leurs économies à la banque avant le 1er janvier, ou bien acheter des maisons ou des terrains en deutschmarks pour les revendre dans quelques mois en euros. Selon les experts, le marché de l'immobilier, qui pratique des prix sans rapport avec le niveau de vie moyen de la population, devrait encore flamber.
Les banques veulent profiter de l'occasion
En effet, dans toutes les républiques ex-yougoslaves, les citoyens ont été échaudés par la faillite généralisée des banques, concomitante de l'éclatement de l'Etat fédéral. Depuis, les économies se stockent sous le matelas, en liquide et en deutschemark, la monnaie de référence dans tous les Balkans, à l'exception de l'Albanie, qui préfère le dollar. Le directeur de la Banque centrale du Kosovo estime que cette épargne cachée pourrait s'élever à 4 milliards de deutschmark. Pour la Bosnie-Herzégovine, on avance le chiffre de 2,5 milliards. Même des ménages modestes peuvent disposer d'économies en liquide assez conséquentes, fruit par exemple du travail d'un membre de la famille à l'étranger.
Optimistes, certains pensent pourtant que le changement de monnaie devrait diriger une part importante de l'épargne vers les banques. Les banques bosniaques multiplient les campagnes d'information, avec un message aussi simple qu'incompréhensible pour la plupart des Bosniaques: déposez vos économies sur un compte, qui sera crédité de la contre-valeur en euros. Traduisons à la mode bosniaque: donnez-nous vos billets, nous les changerons en une écriture dans une monnaie que l'on ne peut pas encore toucher ni renifler.
Détail annexe, il est certain qu'une forte part des billets allemands en circulation dans la région est constituée de contrefaçons plus ou moins habile. Les banques, toutefois, ne semblent pas vouloir s'arrêter à ce détail. Que feront donc les Bosniaques et les Kosovars lorsque le deutschmark cessera d'avoir cours? Certains se préparent déjà à réaliser de bonnes affaires. Lors du dernier changement des billets allemands, des petits malins avaient fait la navette entre l'Allemagne et les Balkans, proposant de changer les vieux billets pour des neufs, mais bien sûr, avec une confortable commission. On ignore encore quel sera le cours de l'euro au marché noir dans les premières semaines de l'année 2002.
Nul ne saurait échapper à l'empire de la loi. Boro vend au noir des cigarettes sur le pas de porte de sa maison, dans la rue centrale de Cetinje, la capitale historique du Monténégro. Depuis lundi 15 octobre, le paquet de Lucky Strike, qui porte étrangement une vignette fiscale de la République voisine d'Albanie, est donc affiché à 2 marks allemands, ou un 1,01 euro. Le centime d'euro fait toute la différence, prouvant que Boro est un commerçant honnête et scrupuleux. La presse monténégrine rappelle en effet le taux officiel de conversion: 1,955 DM pour un euro. La petite république, qui a renoncé au dinar fédéral yougoslave et introduit le deutschmark comme seule monnaie légale le 1er novembre 1999, se prépare donc au passage du mark à l'euro. Depuis le 15 octobre, le double affichage des prix est de rigueur dans tous les commerces, licites ou illicites.
Comme tous les pays de la zone euro, le Monténégro connaîtra une période de transition du 1er janvier au 31 mars 2002. Les banques changeront les marks en euros, à concurrence de 5000 marks par personne, tandis que les comptes en devises ouverts avant la période critique seront automatiquement convertis. Ceux qui disposent de sommes en cash plus importantes ont donc trois solutions: convaincre des amis moins fortunés de changer de l'argent pour eux, déposer leurs économies à la banque avant le 1er janvier, ou bien acheter des maisons ou des terrains en deutschmarks pour les revendre dans quelques mois en euros. Selon les experts, le marché de l'immobilier, qui pratique des prix sans rapport avec le niveau de vie moyen de la population, devrait encore flamber.
Les banques veulent profiter de l'occasion
En effet, dans toutes les républiques ex-yougoslaves, les citoyens ont été échaudés par la faillite généralisée des banques, concomitante de l'éclatement de l'Etat fédéral. Depuis, les économies se stockent sous le matelas, en liquide et en deutschemark, la monnaie de référence dans tous les Balkans, à l'exception de l'Albanie, qui préfère le dollar. Le directeur de la Banque centrale du Kosovo estime que cette épargne cachée pourrait s'élever à 4 milliards de deutschmark. Pour la Bosnie-Herzégovine, on avance le chiffre de 2,5 milliards. Même des ménages modestes peuvent disposer d'économies en liquide assez conséquentes, fruit par exemple du travail d'un membre de la famille à l'étranger.
Optimistes, certains pensent pourtant que le changement de monnaie devrait diriger une part importante de l'épargne vers les banques. Les banques bosniaques multiplient les campagnes d'information, avec un message aussi simple qu'incompréhensible pour la plupart des Bosniaques: déposez vos économies sur un compte, qui sera crédité de la contre-valeur en euros. Traduisons à la mode bosniaque: donnez-nous vos billets, nous les changerons en une écriture dans une monnaie que l'on ne peut pas encore toucher ni renifler.
Détail annexe, il est certain qu'une forte part des billets allemands en circulation dans la région est constituée de contrefaçons plus ou moins habile. Les banques, toutefois, ne semblent pas vouloir s'arrêter à ce détail. Que feront donc les Bosniaques et les Kosovars lorsque le deutschmark cessera d'avoir cours? Certains se préparent déjà à réaliser de bonnes affaires. Lors du dernier changement des billets allemands, des petits malins avaient fait la navette entre l'Allemagne et les Balkans, proposant de changer les vieux billets pour des neufs, mais bien sûr, avec une confortable commission. On ignore encore quel sera le cours de l'euro au marché noir dans les premières semaines de l'année 2002.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 22/10/2001