Monnaie unique européenne
Les Italiens ne se pressent pas
A moins de quatre mois de l'arrivée de l'euro dans les portefeuilles européens, les Italiens semblent insouciants. Pourtant, beaucoup de petites entreprises ne sont pas prêtes, et les consommateurs sont encore mal informés.
De notre correspondante en Italie
Comment les italiens se préparent-ils à l'Euro? «En fabriquant des faux euros!» s'exclame, tout sourire, Lina, marchande de fruits et légumes sur le plus pittoresque des marchés de Rome, il mercato di Piazza Vittorio. Evidemment, Lina plaisante mais les carabiniers, eux, ne plaisantent pas quand ils mettent en garde les commerçants italiens contre les faussaires qui pourraient profiter de la grande confusion, inévitable au cours des prochains mois, pour mettre en circulation les fausses lires ou faux dollars qu'ils n'ont pu écouler jusqu'à présent.
«Les deux mois les plus dangereux se situent entre la période de Noël et le 28 février 2002», explique le colonel Carlo Mori, directeur du département anti-falsification monétaire des carabiniers. Après cette date, les lires cesseront d'avoir cours et il est peu probable que les faussaires aient l'imprudence de se présenter à un des guichets de la Banque d'Italie (qui pourra encore changer des lires contre des euros pendant les dix prochaines années). «Cependant, ils tenteront certainement de reproduire des pièces comme à l'époque de la Rome antique, prècise le Colonel Mori, mais pour les billets la Banque centrale européenne semble avoir pris toutes les mesures qui empêcheront la reproduction de billets d'euros, au grand dam de la mafia!»
Pas de panique donc sur les faux billets d'euros. En revanche, les italiens semblent attendre le dernier moment pour s'exercer à convertir leurs lires en euros. «Tant que je paie en lires je compte uniquement en lires, affirme Silvia, 45 ans, quatre enfants. Je sais qu'un euro vaut 1937, 26 lires, c'est déjà bien non ?» Franco, informaticien, s'inquiète un peu plus. «Je vais passer des nuits blanches pendant des semaines car je dois modifier les programmes de comptabilité de tous mes clients». Quand on lui demande «pourquoi ne vous y êtes-vous pas pris plus tot?» il répond, fataliste, «domani sarà un altro giorno (demain sera un autre jour)».
«C'est scandaleux !>»
De fait, selon une récente étude de la Federconsumatori, la Féderation italienne des consommateurs, question euro, les italiens, qui paradoxalement restent les plus euro-enthousiastes des Européens, ne sont pas en avance! Si 69 % de la population craint que le passage à la monnaie unique n'entraine une hausse des prix, six Italiens sur dix reconnaissent ne savoir pratiquement rien de l'euro. A qui la faute ? «Jusqu'à présent, les campagnes de sensibilisation à l'euro n'ont pas été efficaces parce qu'elles ont été diffusées en dent de scie, il ne fallait pas les interrompre» estime un représentant de la Confindustria (le patronat italien), selon lequel le problème le plus grave se situe au niveau des petites et moyennes entreprises (PME) qui constituent 60 % du tissu productif en Italie. Plus de la moitié d'entre elles ne seraient pas encore prêtes au passsage à la monaie unique.
La solution? «Il va falloir utiliser au maximum les deux véhicules d'information les plus puissants, la télévision et le système éducatif scolaire» estime Rosario Trefiletti, secrétaire général de la Fédération des consommateurs italiens. De son côté l'Adiconsom, autre puissante association de défense des consommateurs, vient d'établir un moratoire sur les prix contre le risque d'escroquerie et tente de convaincre les Italiens qui ne sont pas habitués à jongler avec les centimes à s'exercer à des contrôles (sous forme de jeu) pour bien vérifier que la monnaie que les commerçants leur rendront sera juste.
Autre point sensible en Italie, le double affichage des prix en lires et en euros. Si les grandes surfaces se sont toutes mises au pas, ce n'est pas le cas des petits commerçants, très nombreux dans la péninsule, dont beaucoup continuent allègrement d'afficher leurs prix exclusivement en lires. «C'est scandaleux, estime un des porte-parole de l'Adiconsum. Par ce biais, on empêche les clients, en particulier les personnes âgées, de se familiariser avec la monnaie unique».
Comment les italiens se préparent-ils à l'Euro? «En fabriquant des faux euros!» s'exclame, tout sourire, Lina, marchande de fruits et légumes sur le plus pittoresque des marchés de Rome, il mercato di Piazza Vittorio. Evidemment, Lina plaisante mais les carabiniers, eux, ne plaisantent pas quand ils mettent en garde les commerçants italiens contre les faussaires qui pourraient profiter de la grande confusion, inévitable au cours des prochains mois, pour mettre en circulation les fausses lires ou faux dollars qu'ils n'ont pu écouler jusqu'à présent.
«Les deux mois les plus dangereux se situent entre la période de Noël et le 28 février 2002», explique le colonel Carlo Mori, directeur du département anti-falsification monétaire des carabiniers. Après cette date, les lires cesseront d'avoir cours et il est peu probable que les faussaires aient l'imprudence de se présenter à un des guichets de la Banque d'Italie (qui pourra encore changer des lires contre des euros pendant les dix prochaines années). «Cependant, ils tenteront certainement de reproduire des pièces comme à l'époque de la Rome antique, prècise le Colonel Mori, mais pour les billets la Banque centrale européenne semble avoir pris toutes les mesures qui empêcheront la reproduction de billets d'euros, au grand dam de la mafia!»
Pas de panique donc sur les faux billets d'euros. En revanche, les italiens semblent attendre le dernier moment pour s'exercer à convertir leurs lires en euros. «Tant que je paie en lires je compte uniquement en lires, affirme Silvia, 45 ans, quatre enfants. Je sais qu'un euro vaut 1937, 26 lires, c'est déjà bien non ?» Franco, informaticien, s'inquiète un peu plus. «Je vais passer des nuits blanches pendant des semaines car je dois modifier les programmes de comptabilité de tous mes clients». Quand on lui demande «pourquoi ne vous y êtes-vous pas pris plus tot?» il répond, fataliste, «domani sarà un altro giorno (demain sera un autre jour)».
«C'est scandaleux !>»
De fait, selon une récente étude de la Federconsumatori, la Féderation italienne des consommateurs, question euro, les italiens, qui paradoxalement restent les plus euro-enthousiastes des Européens, ne sont pas en avance! Si 69 % de la population craint que le passage à la monnaie unique n'entraine une hausse des prix, six Italiens sur dix reconnaissent ne savoir pratiquement rien de l'euro. A qui la faute ? «Jusqu'à présent, les campagnes de sensibilisation à l'euro n'ont pas été efficaces parce qu'elles ont été diffusées en dent de scie, il ne fallait pas les interrompre» estime un représentant de la Confindustria (le patronat italien), selon lequel le problème le plus grave se situe au niveau des petites et moyennes entreprises (PME) qui constituent 60 % du tissu productif en Italie. Plus de la moitié d'entre elles ne seraient pas encore prêtes au passsage à la monaie unique.
La solution? «Il va falloir utiliser au maximum les deux véhicules d'information les plus puissants, la télévision et le système éducatif scolaire» estime Rosario Trefiletti, secrétaire général de la Fédération des consommateurs italiens. De son côté l'Adiconsom, autre puissante association de défense des consommateurs, vient d'établir un moratoire sur les prix contre le risque d'escroquerie et tente de convaincre les Italiens qui ne sont pas habitués à jongler avec les centimes à s'exercer à des contrôles (sous forme de jeu) pour bien vérifier que la monnaie que les commerçants leur rendront sera juste.
Autre point sensible en Italie, le double affichage des prix en lires et en euros. Si les grandes surfaces se sont toutes mises au pas, ce n'est pas le cas des petits commerçants, très nombreux dans la péninsule, dont beaucoup continuent allègrement d'afficher leurs prix exclusivement en lires. «C'est scandaleux, estime un des porte-parole de l'Adiconsum. Par ce biais, on empêche les clients, en particulier les personnes âgées, de se familiariser avec la monnaie unique».
par Anne Le Nir
Article publié le 11/09/2001