Monnaie unique européenne
Les billets dévoilés <br> au grand public
Pour la première fois, lors d'une conférence de presse organisée jeudi 30 août à Francfort, la Banque centrale européenne (BCE) va montrer les billets en euro, à quatre mois de leur arrivée dans les portefeuilles européens.
«Les journalistes pourront voir les billets, mais pas les toucher», prévient-on à la Banque centrale européenne de Francfort. Pas question que dans l'effervescence générale, un intrus ne parvienne à subtiliser ce qui pourrait devenir un superbe modèle pour faux-monnayeurs. C'est donc à distance, sur photos et vidéos, et après un discours solennel du président de la BCE Wim Duisenberg, que la presse internationale découvrira le visage des sept coupures qui auront cours, dès le 1er janvier prochain, dans les douze pays de la zone euro. «Les billets montrés jusqu'à présent dans les journaux et sur les affiches institutionnelles n'étaient que des reproductions inexactes, pour des raisons de sécurité», explique un porte-parole. Cette fois, ce sont les vrais qui s'exhiberont devant les caméras. Les pièces ne relevant pas de la BCE mais des Etats, elles ne joueront que le second rôle dans ce grand show fiduciaire.
Pour réduire au minimum les risques de contrefaçon, les gardiens de la monnaie unique européenne n'ont pas lésiné sur les moyens. De multiples marques de sécurité ont été prévues (micro-lettres, fil de sécurité, taille douce, filigrane, films holographiques, encre spéciale, etc.). En tout, soixante-trois points de contrôle qui, selon la Banque de France, peuvent donner lieu à autant de vérifications. Nombre de ces signes de sécurité seront détaillés jeudi à la presse, dans le but de donner quelques repères à un grand public qui n'aura pas le droit de palper les billets avant le 1er janvier prochain. Il existe sept coupures : 5 euros (32,80 FF), 10 euros (65,60 FF), 20 euros (131,19 FF), 50 euros (327,98 FF), 100 euros (655,96 FF), 200 euros (1311,91 FF), et 500 euros (3279,79 FF). Ce dernier a été réclamé en particulier par les Allemands, qui aiment payer en espèces, et dont le plus gros billet affiche 1000 marks (3350 FF).
«Les ponts ne vont nulle part»
Mais le portefeuille des Européens est encore loin. Pour l'instant, ce n'est que le tout début du plus grand transfert de fonds de l'histoire. De la Finlande au Portugal, de la Grèce à l'Irlande, quelque quinze milliards de billets ont commencé, depuis quelques jours, à être acheminés vers des centres de stockage régionaux hautement protégés. Dès samedi 1er septembre, «nous entrerons dans la phase de pré-alimentation des banques en euros», indique la BCE. Pendant quatre mois, l'euro va faire son chemin en coulisses : coffres des banques centrales, centres de distribution, agences bancaires, jusqu'au dernier maillon de la chaîne, les commerçants, dont la plupart seront alimentés en décembre, à quelques jours du «big bang».
En attendant, la présentation médiatique de Francfort ne manquera pas de susciter d'innombrables commentaires sur l'aspect et l'esthétique des billets. Ils sont l'£uvre de Robert Kalina, graveur de la Banque nationale d'Autriche. Sur chaque coupure sont dessinés une porte ou une fenêtre (recto) et un pont (verso) représentant une des grandes époques de la civilisation européenne, du style classique des débuts de l'ère chrétienne à l'architecture moderne du XXème siècle, en passant par le gothique, la Renaissance et le rococo. «Les ponts symbolisent le lien entre les peuples qui forment l'Europe et les fenêtres l'ouverture et la coopération, facteurs essentiels du succès de l'Union européenne», précise le ministère français de l'Economie et des Finances, qui ajoute que «les coupures ne reproduisent pas des ponts, des fenêtres et des portes existant réellement». Certains vantent la sobriété et la force symbolique du design. D'autres déplorent son côté impersonnel, son absence de sens. Ainsi le psychologue Jacques Birouste, chargé par la Commission européenne d'évaluer les conséquences psychosociologiques de l'euro : «Les ponts ne vont nulle part, les fenêtres sont aveugles, les portes n'ouvrent sur aucune façade réelle».
De longue date, il avait été décidé qu'aucune figure, aucun signe national n'apparaîtrait. D'abord pour qu'aucun pays de la zone euro ne puisse s'estimer lésé, ensuite pour que d'autres puissent y entrer, enfin pour empêcher toute velléité identitaire chez des peuples que la monnaie unique est censée rapprocher. Un épisode récent a suscité quelque émoi chez les banquiers de Francfort : des habitants du sud de la France avaient cru reconnaître, sur le billet de 5 euros, le pont du Gard, célèbre monument gallo-romain qui fait la fierté de la région Languedoc-Roussillon. La BCE s'est empressée de démentir, citant force détails qui prouvaient l'anonymat de l'édifice représenté.
Pour réduire au minimum les risques de contrefaçon, les gardiens de la monnaie unique européenne n'ont pas lésiné sur les moyens. De multiples marques de sécurité ont été prévues (micro-lettres, fil de sécurité, taille douce, filigrane, films holographiques, encre spéciale, etc.). En tout, soixante-trois points de contrôle qui, selon la Banque de France, peuvent donner lieu à autant de vérifications. Nombre de ces signes de sécurité seront détaillés jeudi à la presse, dans le but de donner quelques repères à un grand public qui n'aura pas le droit de palper les billets avant le 1er janvier prochain. Il existe sept coupures : 5 euros (32,80 FF), 10 euros (65,60 FF), 20 euros (131,19 FF), 50 euros (327,98 FF), 100 euros (655,96 FF), 200 euros (1311,91 FF), et 500 euros (3279,79 FF). Ce dernier a été réclamé en particulier par les Allemands, qui aiment payer en espèces, et dont le plus gros billet affiche 1000 marks (3350 FF).
«Les ponts ne vont nulle part»
Mais le portefeuille des Européens est encore loin. Pour l'instant, ce n'est que le tout début du plus grand transfert de fonds de l'histoire. De la Finlande au Portugal, de la Grèce à l'Irlande, quelque quinze milliards de billets ont commencé, depuis quelques jours, à être acheminés vers des centres de stockage régionaux hautement protégés. Dès samedi 1er septembre, «nous entrerons dans la phase de pré-alimentation des banques en euros», indique la BCE. Pendant quatre mois, l'euro va faire son chemin en coulisses : coffres des banques centrales, centres de distribution, agences bancaires, jusqu'au dernier maillon de la chaîne, les commerçants, dont la plupart seront alimentés en décembre, à quelques jours du «big bang».
En attendant, la présentation médiatique de Francfort ne manquera pas de susciter d'innombrables commentaires sur l'aspect et l'esthétique des billets. Ils sont l'£uvre de Robert Kalina, graveur de la Banque nationale d'Autriche. Sur chaque coupure sont dessinés une porte ou une fenêtre (recto) et un pont (verso) représentant une des grandes époques de la civilisation européenne, du style classique des débuts de l'ère chrétienne à l'architecture moderne du XXème siècle, en passant par le gothique, la Renaissance et le rococo. «Les ponts symbolisent le lien entre les peuples qui forment l'Europe et les fenêtres l'ouverture et la coopération, facteurs essentiels du succès de l'Union européenne», précise le ministère français de l'Economie et des Finances, qui ajoute que «les coupures ne reproduisent pas des ponts, des fenêtres et des portes existant réellement». Certains vantent la sobriété et la force symbolique du design. D'autres déplorent son côté impersonnel, son absence de sens. Ainsi le psychologue Jacques Birouste, chargé par la Commission européenne d'évaluer les conséquences psychosociologiques de l'euro : «Les ponts ne vont nulle part, les fenêtres sont aveugles, les portes n'ouvrent sur aucune façade réelle».
De longue date, il avait été décidé qu'aucune figure, aucun signe national n'apparaîtrait. D'abord pour qu'aucun pays de la zone euro ne puisse s'estimer lésé, ensuite pour que d'autres puissent y entrer, enfin pour empêcher toute velléité identitaire chez des peuples que la monnaie unique est censée rapprocher. Un épisode récent a suscité quelque émoi chez les banquiers de Francfort : des habitants du sud de la France avaient cru reconnaître, sur le billet de 5 euros, le pont du Gard, célèbre monument gallo-romain qui fait la fierté de la région Languedoc-Roussillon. La BCE s'est empressée de démentir, citant force détails qui prouvaient l'anonymat de l'édifice représenté.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 29/08/2001