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Monnaie unique européenne

Querelle autour du panier de la ménagère

Les discussions de rentrée entre le ministre des Affaires sociales François Fillon et les organisations syndicales s’ouvrent sur un fond de polémique sur la hausse des prix liée à l’introduction de l’euro. Les chiffres officiels et ceux des associations de consommateurs divergent sensiblement. Le débat a lieu également dans d’autres pays de la zone euro.
Une enquête de l’Union fédérale des consommateurs, UFC-Que choisir, a cueilli les Français dès leur retour de vacances. Ce qu’ils ressentaient confusément est validé par une enquête sur 53 produits de grande consommation, alimentation, produits ménagers et articles d’hygiène et de beauté. Pour l’UFC-Que choisir, entre mars, fin du gel volontaire des prix pour faciliter le passage à l’euro du 1er janvier, et juin, les prix auraient augmenté de 1%, soit le double du chiffre officiel de 0,5%, calculé par Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Dans certains magasins l’association de défense des consommateurs enregistre des hausses de 2,6% en moyenne et jusqu’à 5% sur certains produits.

Voilà qui risque de relancer le débat sur le pouvoir d’achat des salariés alors que s’ouvrent les rencontres entre les organisations syndicales et le ministre des Affaires sociales François Fillon sur les thèmes sociaux de la rentrée. L’annonce, au plus creux de l’été, d’une augmentation de 60% des traitements des ministres et l’absence de revalorisation du salaire minimum, n’est pas là pour arranger les choses.

Pendant que les gens «nageaient»

Déjà, en avril dernier l’UFC-Que choisir avait dénoncé une hausse des prix, par la grande distribution, anticipant le gel des étiquettes durant la période de mise en circulation de la nouvelle monnaie unique européenne. Cette fois, c’est le rattrapage après la levée de l’engagement de modération qui est en cause. Pour une autre association, la Confédération logement et cadre de vie (CLCV), «les professionnels ont voulu reconstituer leurs marges à bon compte pendant que les gens nageaient entre le franc et l’euro». Interrogés par IPSOS les Français pensent à 43% que l’euro a augmenté le prix de leurs vacances contre 35% qui n’ont pas vu la différence. Il est vrai que quatre Français sur cinq avouent ne pas encore penser en euro.

Les résultats de cette enquête-prix a entraîné une mise au point de l’INSEE et une réfutation de la grande distribution directement accusée. L’organisme officiel de calcul de l’inflation obtient une hausse de 0,5% seulement et souligne des différences de méthodologie pour expliquer l’écart. Les enquêtes mensuelles sur l’inflation de l’INSEE prennent en compte une variété de produits, toutes marques confondues, dans un éventail entre le bas de gamme, la moyenne et le haut de gamme. L’enquête de l’UFC porte sur des produits de marque précis. De plus, les 53 produits examinés dans plus de 1000 grandes surfaces par l’association et constituant son panier de la ménagère-type ne comprennent pas des postes de dépenses importants pour les familles, comme les services ou l’énergie, qui entrent dans le calcul de l’INSEE.

Attaquée, la grande distribution, hyper et supermarchés, rétorque que n’apparaissent pas, dans l’enquête, les marques de distributeurs dont elle maitrise les prix, au contraire des marques industrielles qu’elle doit négocier. La fédération des entreprises du commerce et de la distribution conteste la prévision d’une augmentation des prix de 10% en 2002, avancée par l’UFC-Que choisir.

Le secrétaire d’Etat au Commerce Renaud Dutreil admet un rattrapage des prix, après mars 2002, mais pas une flambée due au passage à l’euro. Il n’empêche, le débat existe aussi dans d’autres pays européens qui ont adopté la nouvelle devise en janvier dernier. En Allemagne, en Italie, en Espagne, partout les consommateurs dénoncent des «arrondis» par lesquels l’euro ne sert qu’à occulter des augmentations bien réelles.



par Francine  Quentin

Article publié le 27/08/2002