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Monnaie unique européenne

L’euro rejoint le billet vert

Profitant de la poursuite du déclin du billet vert, la devise européenne a fini par atteindre la parité avec le dollar, lundi. C’est une première depuis février 2000. Pour l’instant, cette égalité semble convenir à tout le monde, à l’Amérique d’abord, soucieuse de relancer ses exportations et à l’Europe aussi, car les Douze bénéficient ainsi d’un allègement de leur facture pétrolière et du coût de leurs importations.
Un euro vaut un dollar, du jamais vu depuis deux ans et demi. Mais la nouvelle doit tout d’abord être relativisée : ce n’est pas tant l’euro qui monte mais le dollar qui continue sa dégringolade. Depuis plusieurs mois, la devise américaine a réussi à se déprécier face à toutes les monnaies du G7. Face à l’euro, la parité retrouvée est avant tout symbolique, mais elle plaît beaucoup à la Banque centrale européenne. La BCE cherche en effet à maintenir l’inflation au dessous du seuil de 2% annuel, comme le rappelle Xavier Timbaud qui dirige le département de prévisions et d’analyse à l’OFCE. Avec un euro fort face au dollar, la « désinflation importée », c’est à dire l’arrivée de produits moins chers dans la zone euro, est assurée. D’où une baisse générale des prix.
Aux Etats-Unis, la dépréciation du dollar est également de bon augure, du moins pour l’instant. Surtout pour les industriels, généralement opposés à une politique du dollar fort, politique néanmoins mise en parenthèse depuis le printemps dernier. Ce qui n’a pas empêché la chute spectaculaire des exportations américaines de produits manufacturés : 140 milliards de dollars en moins en l’espace de deux ans, soit une baisse de 20% en valeur. Le recul du billet vert va donc permettre à ces industriels de regagner en compétitivité, ce qui dynamisera la reprise économique et réduira l’énorme déficit commercial des Etats-Unis.

Pas forcément une bonne affaire

Le premier effet négatif, le plus important aussi, serait la perte de compétitivité des exportations européennes. A commencer par celles de l’Allemagne, le pays de la zone euro qui vend le plus vers les Etats-Unis et dont la croissance, déjà faible, repose essentiellement sur les exportations. Une toute récente étude de CDC Ixis détaille l’impact de la dépréciation du billet vert sur la croissance des Douze. L’auteur du document, Guilhem Savry, met en garde contre les effets à long terme de la baisse du billet vert. «Cumulée sur une période de trois à cinq ans, une dépréciation de 10% du billet vert entraînerait une perte de 2,2% de croissance dans la zone euro», avertit l’économiste. Avant d’expliquer que les effets positifs dus à la maîtrise de l’inflation et au gain de pouvoir d’achat ne suffiraient pas à compenser l’effet «récessif» de la perte de compétitivité. Du côté de l’Amérique, les experts restent également prudents en raison des risques inflationnistes, accentués par des produits importés plus chers. Plus inquiétant encore, ce recul du dollar est préjudiciable aux marchés boursiers américains, déjà en forte baisse ces dernières semaines en raison de la multiplication des scandales financiers. Actuellement, les investisseurs étrangers qui possèdent des titres libellés en dollar perdent de l’argent et ont tendance à vendre, alors que le pays a cruellement besoin de fonds pour financer le manque d’épargne. Mais la crise de confiance envers la première économie mondiale semble profonde et la récente révision à la hausse des déficits publics américains (165 milliards prévus cette année au lieu de 106 milliards), montre que les comptes de l’Etat fédéral s’enfoncent de plus en plus dans le rouge.

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Euro-dollar: match nul , l'éditorial économique de Norbert Navarro



par Caroline  Olive

Article publié le 16/07/2002