Monnaie unique européenne
L'euro gagne l'Algérie
L’euro a fait son apparition en Algérie. Les banques ont converti en euros les sommes qui étaient libellées en francs dans les comptes. Quant au marché parallèle des devises, il s’est mis immédiatement à l’heure de l’euro.
De notre correspondant à Alger
Une dizaine de jours avant l’entrée vigueur de la monnaie unique européenne, 200 millions de francs français en fausses coupures de 500 francs français ont failli être injectées sur le marché informel des devises. Pistés par des policiers, dans le quartier populaire d’Hussein Dey (Alger-est), les faussaires, dont un Algérien et un Guinéen, ont été surpris alors qu’ils s’apprêtaient à réaliser leur transaction avec des individus dont l’identité n’a pas été révélée. Ce flagrant délit est aussi la plus grosse prise jamais réalisée depuis des années dans un contexte où le marché noir local des devises connaît une certaine fébrilité consécutive au basculement progressif des douze monnaies nationales de l’Europe communautaire (franc, lire, peseta, mark...) vers l’euro.
A Alger, entre le square Port Said et le Palais de justice, haut lieu du marché parallèle de la devise, on a échangé du franc contre des dinars à tour de bras durant la dernière quinzaine de décembre 2001. Tolérés par les autorités, les cambistes, qui évoluent sur les trottoirs et sous les porches des immeubles d’une ruelle d’une trentaine de mètres, ont raflé tous ce qui se présentait à eux. Téléphone portable à la ceinture et calculatrice à la main, ces cambistes ambulants, qui disposent tous de comptes bancaires en devises en bonne et due forme, ont certainement réalisé de juteuses opérations. Ils ont surtout eu pour clientèle des personnes ignorantes des modalités de passage à l’euro ou simplement celles qui gardaient leurs devises dans des bas de laine. Sur ce marché qui traduit le prix réel de la devise, l’euro vaut 85 dinars, tandis qu’au cours officiel il est coté à 72,25 dinars.
Les banques algériennes sont passées à l’euro
Les cinq millions de particuliers, détenteurs de comptes en devises de pays de l’Europe communautaire, n’ont pas eu à se faire de soucis. Le passage à l’euro s’est fait automatiquement au niveau leurs établissements financiers. Même chose pour les entreprises et toutes les autres institutions. Pour elles, la banque centrale d’Algérie avait instruit toutes les banques commerciales pour que leurs comptes soient libellés en euro à compter du premier octobre dernier. Face à une forte demande de la clientèle détentrice notamment de francs, les banques publiques ont également facilité l’ouverture de compte en devises. Elles ont reçu la nouvelle monnaie la veille de sa mise en circulation et elles continuaient à délivrer aux voyageurs algériens leur allocation devise annuelle en francs, parfois en dollars.
Branchés sur les télévisions françaises par satellite, ces voyageurs savent que le franc a cours jusqu’à la mi-février et qu’ils pourront l’échanger contre l’euro. Plus de 300 000 Algériens ont séjourné en 2001 en Europe communautaire, dont plus de la moitié en France. Ils seront autant, peut-être davantage, à voyager vers la même destination en 2002. C’est par leur canal que l’euro pénétrera le plus en Algérie. Autour de 100 000 Algériens résidents en France viennent chaque été passer des vacances au pays. Pour l’essentiel, ils alimentent le marche noir de la devise. Ce marché va certainement patiner pendant quelques semaines, le temps de permettre à l’euro de passer, en quantité suffisante, de la rive nord de la Méditerranée vers la rive sud. Plus la circulation des personnes sera importante, plus il y aura d’euros. En attendant, les particuliers et les affairistes qui ont l’habitude de se rabattre sur ce marché informel vont probablement recourir à la livre, au franc suisse et au dollar. Mais, ils sont plutôt rares et chers.
Pour l’heure, le dollar sert surtout à honorer les factures d’importations. Les réserves nationales en 2001 étaient estimées à environ 12 milliards de dollars, produit des recettes des hydrocarbures. Outre le commerce extérieur, la monnaie américaine sert aussi à payer la dette extérieure à hauteur de 45%. Une autre partie de cette dette, estimée à 30%, est par ailleurs libellée en euros. Le passage à l’euro n’aura pas d’influence, à court terme, sur cet ordre monétaire. Les transactions publiques continueront à se faire, pour l’essentiel, en dollar. Plus tard, lorsque l’accord d’association Algérie- Union européenne entrera effectivement en vigueur, cette situation pourrait sensiblement changer. D’ici là, ce sont les voyageurs, notamment les émigrés, qui seront les premiers ambassadeurs de l’euro en Algérie.
Une dizaine de jours avant l’entrée vigueur de la monnaie unique européenne, 200 millions de francs français en fausses coupures de 500 francs français ont failli être injectées sur le marché informel des devises. Pistés par des policiers, dans le quartier populaire d’Hussein Dey (Alger-est), les faussaires, dont un Algérien et un Guinéen, ont été surpris alors qu’ils s’apprêtaient à réaliser leur transaction avec des individus dont l’identité n’a pas été révélée. Ce flagrant délit est aussi la plus grosse prise jamais réalisée depuis des années dans un contexte où le marché noir local des devises connaît une certaine fébrilité consécutive au basculement progressif des douze monnaies nationales de l’Europe communautaire (franc, lire, peseta, mark...) vers l’euro.
A Alger, entre le square Port Said et le Palais de justice, haut lieu du marché parallèle de la devise, on a échangé du franc contre des dinars à tour de bras durant la dernière quinzaine de décembre 2001. Tolérés par les autorités, les cambistes, qui évoluent sur les trottoirs et sous les porches des immeubles d’une ruelle d’une trentaine de mètres, ont raflé tous ce qui se présentait à eux. Téléphone portable à la ceinture et calculatrice à la main, ces cambistes ambulants, qui disposent tous de comptes bancaires en devises en bonne et due forme, ont certainement réalisé de juteuses opérations. Ils ont surtout eu pour clientèle des personnes ignorantes des modalités de passage à l’euro ou simplement celles qui gardaient leurs devises dans des bas de laine. Sur ce marché qui traduit le prix réel de la devise, l’euro vaut 85 dinars, tandis qu’au cours officiel il est coté à 72,25 dinars.
Les banques algériennes sont passées à l’euro
Les cinq millions de particuliers, détenteurs de comptes en devises de pays de l’Europe communautaire, n’ont pas eu à se faire de soucis. Le passage à l’euro s’est fait automatiquement au niveau leurs établissements financiers. Même chose pour les entreprises et toutes les autres institutions. Pour elles, la banque centrale d’Algérie avait instruit toutes les banques commerciales pour que leurs comptes soient libellés en euro à compter du premier octobre dernier. Face à une forte demande de la clientèle détentrice notamment de francs, les banques publiques ont également facilité l’ouverture de compte en devises. Elles ont reçu la nouvelle monnaie la veille de sa mise en circulation et elles continuaient à délivrer aux voyageurs algériens leur allocation devise annuelle en francs, parfois en dollars.
Branchés sur les télévisions françaises par satellite, ces voyageurs savent que le franc a cours jusqu’à la mi-février et qu’ils pourront l’échanger contre l’euro. Plus de 300 000 Algériens ont séjourné en 2001 en Europe communautaire, dont plus de la moitié en France. Ils seront autant, peut-être davantage, à voyager vers la même destination en 2002. C’est par leur canal que l’euro pénétrera le plus en Algérie. Autour de 100 000 Algériens résidents en France viennent chaque été passer des vacances au pays. Pour l’essentiel, ils alimentent le marche noir de la devise. Ce marché va certainement patiner pendant quelques semaines, le temps de permettre à l’euro de passer, en quantité suffisante, de la rive nord de la Méditerranée vers la rive sud. Plus la circulation des personnes sera importante, plus il y aura d’euros. En attendant, les particuliers et les affairistes qui ont l’habitude de se rabattre sur ce marché informel vont probablement recourir à la livre, au franc suisse et au dollar. Mais, ils sont plutôt rares et chers.
Pour l’heure, le dollar sert surtout à honorer les factures d’importations. Les réserves nationales en 2001 étaient estimées à environ 12 milliards de dollars, produit des recettes des hydrocarbures. Outre le commerce extérieur, la monnaie américaine sert aussi à payer la dette extérieure à hauteur de 45%. Une autre partie de cette dette, estimée à 30%, est par ailleurs libellée en euros. Le passage à l’euro n’aura pas d’influence, à court terme, sur cet ordre monétaire. Les transactions publiques continueront à se faire, pour l’essentiel, en dollar. Plus tard, lorsque l’accord d’association Algérie- Union européenne entrera effectivement en vigueur, cette situation pourrait sensiblement changer. D’ici là, ce sont les voyageurs, notamment les émigrés, qui seront les premiers ambassadeurs de l’euro en Algérie.
par Belkacem Kolli
Article publié le 07/01/2002