Monnaie unique européenne
La BCE sous pressions politiques
Les pressions sur la Banque centrale européenne afin qu’elle intervienne sur la parité euro-dollar se sont encore accentuées. Le chancelier allemand Schröder, avec des égards, soutenu par le Premier ministre français Raffarin et, moins diplomatiquement, le gouvernement italien sont intervenus dans ce sens.
La BCE continuera-t-elle d’afficher une indépendance opiniâtre face aux politiques alors que la seule éventualité de son intervention suffit déjà à faire baisser la monnaie unique européenne ? Le taux de change de l’euro restait, jeudi, sous la barre de 1,25 dollar, revenant à une cotation qu’il n’avait plus connue depuis près d’un mois. Les spéculations des marchés sur une éventuelle intervention de la Banque centrale européenne ont réduit l’appréciation, jugée excessive, de la monnaie unique européenne par rapport au dollar.
Bien malin qui, à l’heure actuelle, peut dire quelle sera la réaction des gouverneurs de la BCE qui se réunissent en conseil le 4 mars prochain. Les sollicitations politiques se multiplient pour qu’ils se décident à agir afin de réduire la tension sur l’euro qui pèse si lourdement sur les exportations européennes et risque d’entraver les signes de reprise perceptibles depuis quelques mois. Le coup le plus inattendu est venu du chancelier allemand Gerhard Schröder, alors que la tradition d’indépendance des autorités monétaires est bien ancrée dans son pays. «Je pense qu’à la BCE on devrait s’en préoccuper de la manière la plus intensive», a déclaré le chancelier sur une chaîne de télévision publique. Ménageant les susceptibilités des grands argentiers européens il a ajouté qu’il «serait souhaitable, avec grand respect vis-à vis de l’indépendance de la BCE, qu’on réfléchisse à une réaction en matière de taux d’intérêts».
Le taux directeur de la BCE n’a plus bougé depuis juin 2003, fixé à 2% alors que la réserve fédérale américaine a joué un autre jeu, réduisant à maintes reprises ses taux d’intérêts, c’est-à-dire le loyer de l’argent, créant un différentiel préjudiciable au dollar par rapport à l’euro mais entraînant par contrecoup un taux de change nuisible aux exportations européennes. Les industriels allemands sont venus à la rescousse de leur chancelier en manifestant le même souhait d’une réduction des écarts de taux entre la zone euro et les Etats-unis. En effet, plus qu’une autre, l’économie allemande, la locomotive de l’Union européenne, est dépendante de ses exportations. Ce qui explique que Gerhard Schröder ait choisi de sortir de sa réserve.
Le ministre de l’Economie Wolfgang Clement a même envisagé une intervention bancaire sur les marchés des changes pour empêcher une remontée de l’euro. Les dernières interventions de ce type par les banques centrales remontent à 2000 mais c’était pour éviter à l’euro de tomber trop bas par rapport au billet vert.
«Interventions timides et insignifiantes».
Jean-pierre Raffarin, le Premier ministre français, n’a pas tardé à faire savoir qu’il partageait l’avis de son collègue allemand, ajoutant que, selon lui, les parités monétaires ne sont pas en conformité avec les réalités économiques. Ce soutien est d’autant plus ferme que la France prône depuis longtemps une meilleure prise en compte par la BCE des objectifs de croissance économique des pays de la zone plutôt que la priorité aveugle à la valeur de la monnaie.
Mais c’est en Italie que la sollicitation s’est exprimée avec le plus de clarté quand le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a annoncé une chute de près de 15% des exportations italiennes en janvier, en raison de «l’extraordinaire revalorisation de l’euro». Le ministre chargé du Commerce extérieur Adolfo Urso a demande à la BCE «de mener une politique différente, car jusqu’à aujourd’hui, elle a œuvré avec des interventions timides et insignifiantes».
Les ministres de l’Economie et des Finances du G7 s’étaient contentés, à Boca Raton en Floride, début février, de demander au marché des changes de stopper la chute du dollar en réaffirmant qu’«une volatilité excessive et des mouvements désordonnés sont indésirables pour la croissance économique». Ce qui n’avait donné aucun résultat concret.
Les données économiques sur la zone euro, rendues publiques par la BCE, font état d’une reprise encore lente, sans emballement des investissements ni de la consommation, et donc sans risque de surchauffe inflationniste. Or c’est par le spectre de l’inflation que la BCE a jusqu’à présent justifié son refus d’aller plus loin en matière de baisse des taux d’intérêts.
Bien malin qui, à l’heure actuelle, peut dire quelle sera la réaction des gouverneurs de la BCE qui se réunissent en conseil le 4 mars prochain. Les sollicitations politiques se multiplient pour qu’ils se décident à agir afin de réduire la tension sur l’euro qui pèse si lourdement sur les exportations européennes et risque d’entraver les signes de reprise perceptibles depuis quelques mois. Le coup le plus inattendu est venu du chancelier allemand Gerhard Schröder, alors que la tradition d’indépendance des autorités monétaires est bien ancrée dans son pays. «Je pense qu’à la BCE on devrait s’en préoccuper de la manière la plus intensive», a déclaré le chancelier sur une chaîne de télévision publique. Ménageant les susceptibilités des grands argentiers européens il a ajouté qu’il «serait souhaitable, avec grand respect vis-à vis de l’indépendance de la BCE, qu’on réfléchisse à une réaction en matière de taux d’intérêts».
Le taux directeur de la BCE n’a plus bougé depuis juin 2003, fixé à 2% alors que la réserve fédérale américaine a joué un autre jeu, réduisant à maintes reprises ses taux d’intérêts, c’est-à-dire le loyer de l’argent, créant un différentiel préjudiciable au dollar par rapport à l’euro mais entraînant par contrecoup un taux de change nuisible aux exportations européennes. Les industriels allemands sont venus à la rescousse de leur chancelier en manifestant le même souhait d’une réduction des écarts de taux entre la zone euro et les Etats-unis. En effet, plus qu’une autre, l’économie allemande, la locomotive de l’Union européenne, est dépendante de ses exportations. Ce qui explique que Gerhard Schröder ait choisi de sortir de sa réserve.
Le ministre de l’Economie Wolfgang Clement a même envisagé une intervention bancaire sur les marchés des changes pour empêcher une remontée de l’euro. Les dernières interventions de ce type par les banques centrales remontent à 2000 mais c’était pour éviter à l’euro de tomber trop bas par rapport au billet vert.
«Interventions timides et insignifiantes».
Jean-pierre Raffarin, le Premier ministre français, n’a pas tardé à faire savoir qu’il partageait l’avis de son collègue allemand, ajoutant que, selon lui, les parités monétaires ne sont pas en conformité avec les réalités économiques. Ce soutien est d’autant plus ferme que la France prône depuis longtemps une meilleure prise en compte par la BCE des objectifs de croissance économique des pays de la zone plutôt que la priorité aveugle à la valeur de la monnaie.
Mais c’est en Italie que la sollicitation s’est exprimée avec le plus de clarté quand le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a annoncé une chute de près de 15% des exportations italiennes en janvier, en raison de «l’extraordinaire revalorisation de l’euro». Le ministre chargé du Commerce extérieur Adolfo Urso a demande à la BCE «de mener une politique différente, car jusqu’à aujourd’hui, elle a œuvré avec des interventions timides et insignifiantes».
Les ministres de l’Economie et des Finances du G7 s’étaient contentés, à Boca Raton en Floride, début février, de demander au marché des changes de stopper la chute du dollar en réaffirmant qu’«une volatilité excessive et des mouvements désordonnés sont indésirables pour la croissance économique». Ce qui n’avait donné aucun résultat concret.
Les données économiques sur la zone euro, rendues publiques par la BCE, font état d’une reprise encore lente, sans emballement des investissements ni de la consommation, et donc sans risque de surchauffe inflationniste. Or c’est par le spectre de l’inflation que la BCE a jusqu’à présent justifié son refus d’aller plus loin en matière de baisse des taux d’intérêts.
par Francine Quentin
Article publié le 26/02/2004