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Cameroun

Nouvelle équipe gouvernementale

Le président Paul Biya (photo), réélu le 11 octobre, a nommé Inoni Ephraïm Premier minsitre. 

		(Photo : AFP)
Le président Paul Biya (photo), réélu le 11 octobre, a nommé Inoni Ephraïm Premier minsitre.
(Photo : AFP)
Inoni Ephraïm est le chef d’un gouvernement jugé pléthorique, composé d’une soixantaine de membres. Dans l’immédiat, les premiers défis sont d’ordre économique, pour un pays qui affiche un taux de croissance dont se satisfont les autorités, alors que les populations attendent d’en ressentir les effets.

De notre correspondant à Yaoundé.

Les sacro-saints équilibres sur lesquels reposent le système n’auront pas été chamboulés au plus haut niveau de l’Etat. Ephraim Inoni, le tout nouveau Premier ministre, ancien Secrétaire général à la présidence, remplace un anglophone de la province du Sud-ouest, comme lui. Peter Mafany Musongé était arrivé au poste huit ans plus tôt. Avec Cavaye Yégué Djibril, un originaire de la région septentrionale, à la tête de l’Assemblée nationale, le pays reste fidèle à une distribution des postes à l’avenant.

Annoncée depuis de longues semaines comme un « gouvernement d’union », la nouvelle équipe gouvernementale, reste largement dominée par des membres de la famille politique de Paul Biya. Et le maintien des alliances conclues depuis des années avec l’Union des populations du Cameroun (UPC) d’Augustin Frédéric Kodock, ou encore avec l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) de Bello Bouba Maïgari, ne fait pas illusion. Pas plus que le retour en grâce de vieux alliés, que symbolisent les nominations de Dakolé Daïsala au Transport, et de Hamadou Moustapha, comme ministre chargé des missions à la présidence.

L’opinion a beau s’interroger sur l’efficacité de cette équipe de soixante-cinq membres au total, les urgences de ce gouvernement sont connues. Elles sont d’abord économiques et sociales. Principaux indicateurs : le retour à un « grand » ministère de l’Economie et des Finances, confié à Polycarpe Abah, un technocrate aux états de services reconnus dans le domaine des impôts, et rompu aux négociations avec le FMI et la Banque mondiale.  Depuis deux ans, le président Biya avait choisi de créer un ministère des Finances et du Budget tenu par un de ses proches, Michel Meva’a m’Eboutou ; et un ministère des Affaires économiques, de la Programmation et de l’Aménagement du territoire. Deux structures qui, au milieu des querelles de compétence, ont fini par faire la preuve de leur échec, dans la conduite des réformes prescrites par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

Priorité au désendettement

Résultat : le pays n’a pu franchir, en 2003 le point d’achèvement de l’initiative en faveur des Pays pauvres et  très endettés (PPTE). Il est déjà acquis que ses chances pour tenir ce rendez-vous sont d’autant plus compromises cette année, que le Cameroun est en froid avec le FMI. D’où l’urgence de renouer les fils du dialogue, rompus depuis le mois d’août 2004. L’élection présidentielle du 11 octobre avait déjà fait mettre sous le boisseau les négociations en vue de rétablir la confiance entre les deux parties. Le séjour actuel d’une mission du FMI au Cameroun représente une occasion idoine pour le gouvernement, qui doit d’abord confectionner un « programme d’urgence ». En perspective : la mise en œuvre satisfaisante du Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), une utilisation judicieuse des ressources additionnelles engrangées par le Cameroun du fait de son admission au point de décision de l’initiative PPTE, un train de mesures visant à créer un environnement économique stable, la poursuite des privatisations des entreprises d’Etat, la lutte contre la corruption articulée autour de la mise en place de la Chambre des comptes et du Conseil constitutionnel, deux institutions prévues par la Constitution de 1996 qui attendent un fonctionnement effectif, conformément aux textes d’application déjà votés à l’Assemblée nationale et promulgués par le président de la République.

Le pays escompte des économies significatives du fait de la remise de sa dette. Les spécialistes prévoient quelque 1 400 milliards de Fcfa, sur une quinzaine d’années, dont la moitié au titre du « contrat désendettement développement » (C2D) proposé par la seule France. Ces économies devraient servir au financement des secteurs sociaux ( éducation, santé, infrastructures, etc.). Un enjeu crucial pour un pays qui affiche un taux de croissance constant depuis des années, autour de 4,5%, mais dont les populations tardent à ressentir les effets à leur niveau.



par Valentin  Zinga

Article publié le 09/12/2004 Dernière mise à jour le 09/12/2004 à 12:18 TU