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Cameroun

Inquiétudes sur la sécurité du cardinal Tumi

Le cardinal Christian Tumi 

		(Photo: AFP)
Le cardinal Christian Tumi
(Photo: AFP)
Un site internet a publié un article faisant état d’une réunion au cours de laquelle de hauts gradés de l’armée et des ministres auraient décidé, pendant l’expansion en juin des rumeurs sur la mort du président Biya, de faire assassiner le cardinal Tumi. L’archevêque de Douala, en a saisi ses pairs de la conférence épiscopale nationale et a évoqué le sujet avec le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, au cours d’une audience discrète.

De notre correspondant à Yaoundé

Il flotte comme un parfum morbide sur les pages de l’Effort camerounais, le bi-mensuel catholique d’information. Dans l’édition du 18 août, le journal de la conférence épiscopale nationale du Cameroun s’interroge en première page : «Assassinats programmés. Qui veut tuer le cardinal Tumi ?».

Dans le journal figure une question : «complot contre le cardinal Tumi : intimidation ou réalité ?». En regard de cette interrogation est cité un article paru le 8 août sur un site web basé aux Etats-Unis. Ce site animé par le journaliste Ndzana Seme avait déjà, en juin dernier, relayé la rumeur (fausse) de la mort du président Biya.

L’article, cité par le journal des évêques camerounais, assure que «le samedi 5 juin, pendant que la rumeur répandue sur la mort de Paul Biya circulait, 16 généraux, officiers et ministres bulu se réunissaient au domicile villageois du chef d’état-major des armées camerounaises, le général de division Meka René Claude. Ils chargèrent ce dernier de faire assassiner l’encombrant prélat et cardinal catholique, mais également Cavaye Yeguié Djibril. Il y a trois semaines, le même groupe a réitéré le même ordre à Meka».

Des «révélations» prises au sérieux par le cardinal

Clés du choix de ces «cibles», selon Ndzana Seme : «En cas de vacance à la tête de l’Etat, les principales personnes qui leur (aux présumés participants à la supposée réunion, Ndlr) paraissaient capables de ravir «leur pouvoir» sont, non pas un certain John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya ou tout autre leader politique camerounais, mais plutôt un prélat catholique, le cardinal Christian Tumi, ainsi qu’un nordiste du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais au pouvoir), le président de l’Assemblée nationale Cavaye Yegué Djibril».

L’affaire a été prise au sérieux par le cardinal Tumi. Pas seulement parce que l’Effort camerounais a reproduit dans son intégralité l’article de Ndzana Seme. Le 12 août, le chancelier de l’archidiocèse de Douala a saisi les évêques du Cameroun d’une correspondance éloquente. «Avec la permission de Son Eminence le cardinal Tumi, Archevêque de Douala, je vous envoie une copie de cet article publié sur Internet par The African Independent, pour que vous puissiez en prendre aussi connaissance. Nous restons convaincus que ce «projet», non loin d’être négligeable, donnera aux uns et aux autres l’occasion de réfléchir pour la sécurité de tous les citoyens notamment celle de l’Archevêque de Douala», écrivait alors le père Jean-Pierre Mukengeshayi.

Pas de réaction officielle

Le 13 août, apparemment sur sa demande, le cardinal Tumi rencontrait Jean-Marie Atangana Mebara, ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République. A en croire l’entourage du proche collaborateur du président Biya, l’objet de ce tête-à-tête ne portait pas principalement sur la sécurité de l’archevêque de Douala. Les mêmes sources reconnaissent toutefois que le sujet avait été évoqué au cours des échanges entre les deux hommes, ajoutant que le cardinal Tumi aurait déclaré n’avoir pas ajouté foi aux « révélations » publiés sur le web.

Restent  des zones d’ombres sur la tenue effective des réunions dont fait état Ndzana Seme. Même si au moins une invraisemblance peut être établie : l’article évoque la présence, à la supposée réunion du 5 juin, de Rémy Ze Meka, le secrétaire d’Etat à la Défense en charge de la gendarmerie. Or, à cette date, le mis en cause était en route, sur instructions du président Biya- avec Marafa Hamidou Yaya, le ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale et de la décentralisation-  pour Koza II, petite localité située à plus de 100 kilomètres de Garoua dans le Nord, dont une dizaine d’habitants avaient été massacrés et des habitations brûlées quelques jours auparavant par des inconnus…

Les autorités camerounaises n’ont pas réagi officiellement à la publication de ces «révélations». Officieusement on indique que «réagir aurait fait la part trop belle au cardinal Tumi». Quitte à laisser prospérer toutes sortes d’insinuations et d’interprétations.



par Valentin  Zinga

Article publié le 21/08/2004 Dernière mise à jour le 21/08/2004 à 15:10 TU