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Droits de l’enfant

Un milliard d’enfants dans la misère

Quatre-vingt dix millions d'enfants dans le monde souffrent de graves privations alimentaires. 

		(Photo : Unicef)
Quatre-vingt dix millions d'enfants dans le monde souffrent de graves privations alimentaires.
(Photo : Unicef)
Trois grandes menaces pèsent sur l’enfance aujourd’hui : la pauvreté, les conflits armés et le sida. C’est ce qu’affirme le Fonds international des Nations unies pour l’enfance qui vient de publier son dixième rapport annuel consacré à «l’état des enfants dans le monde».

Les chiffres sont alarmants. Plus d’un milliard d’enfants -soit plus de la moitié des enfants dans le monde-  sont en péril. Tel est le constat dressé par l'Unicef dans son dixième rapport annuel consacré à «l’état des enfants dans le monde» rendu public jeudi 9 décembre 2004. «La pauvreté, les conflits et le sida sont les menaces les plus importantes qui pèsent sur l’enfance. Lorsque deux d’entre elles, voire les trois, conjuguent leurs effets, l’impact sur la vie des enfants est catastrophique. Le sida nourrit la pauvreté qui nourrit la guerre qui nourrit la pauvreté et le sida… Un véritable cocktail tueur d’enfants». Tel est le message que Jacques Hintzy, président d’Unicef France a fait passer lors de la présentation de ce texte à Paris.

Le rapport montre également que la pauvreté ne se limite pas aux seuls pays en développement. La pauvreté s’est également aggravée dans les pays riches. Dans onze des quinze pays industrialisés, la proportion d'enfants vivant dans des ménages à faibles revenus a augmenté au cours des dix dernières années. Des pays riches, seuls le Canada, la Norvège, le Royaume-Uni et les Etats-Unis comptent moins d’enfants vivant dans des ménages à faibles revenus en 2004 qu’à la fin des années 80.

Sept privations de base

L’organisation intergouvernementale a dressé une liste de «sept privations de base» dont souffrent les enfants et qui hypothèquent leur avenir. L'organisation en conclut que plus de la moitié des enfants des pays en développement sont privés d'un ou de plusieurs biens et services essentiels à l'enfance. 90 millions souffrent de la faim (soit un enfant sur six dans le monde) et 270 millions ne bénéficient pas de soins de santé. Ils sont 640 millions à ne pas disposer d'un logement adéquat, 500 millions à n'avoir pas accès à des installations sanitaires, 400 millions à ne pas avoir d'eau propre. Par ailleurs, 300 millions d’enfants n’ont pas accès à l’information et 140 millions d'enfants, le plus souvent des filles, ne sont jamais allés à l'école.

Les enfants sont également de plus en plus affectés par les conflits qui prolifèrent, souligne l’organisation intergouvernementale. Sur 59 conflits armés ayant éclaté entre 1990 et 2003, 55 sont des guerres internes à un pays. Les victimes sont principalement des femmes et des enfants. Sur les 3,6 millions de personnes tuées dans le monde lors de conflits depuis 1990, 45% ont sans doute été des enfants. Le rapport dénonce également la situation des enfants-soldats et des esclaves sexuels. Les exemples sont nombreux. La fin de la guerre en Afghanistan, en Angola et en Sierra Léone a ainsi conduit à la démobilisation de 40 000 enfants, mais plus de 25 000 ont été recrutés ou enlevés comme soldats au Libéria, en République démocratique du Congo, en Sierra Leone ou au Soudan. Dans ces zones de conflits, la violence sexuelle contre les adolescentes est également une arme de guerre. D’où des taux élevés de propagation du sida. Les enfants n’ont pas besoin d’avoir contracté le VIH pour en subir les conséquences effroyables. Les statistiques sont ahurissantes. En 2003, plus de 15 millions de jeunes –dont 80% en Afrique- étaient des «orphelins du sida». L’Unicef estime qu’en 2010, ce chiffre devrait s’élever à 18 millions.

Quatre ans après le Sommet du millénaire des Nations unies au cours duquel les dirigeants de la planète adoptaient une série d’objectifs à atteindre en 2015 en vue d’améliorer la situation dans le monde, le constat est pessimiste. L’occasion pour le président d’Unicef France Jacques Hintzy de rappeler la responsabilité collective : «la survie des enfants est l’affaire de tous. Il est temps aujourd'hui de rappeler aux gouvernements leurs engagements et de consentir de réels efforts financiers, comme la mise en place d’une taxation internationale sur certains flux de capitaux».



par Myriam  Berber

Article publié le 10/12/2004 Dernière mise à jour le 10/12/2004 à 15:40 TU