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Trafic d'enfants

Plus d’un million d’enfants «vendus» chaque année

Une enquête de la police britannique sur le meurtre d’un enfant africain repêché dans la Tamise vient rappeler l’ampleur du trafic d’enfants dans le monde. Un rapport de l’Unicef évalue à 1,2 million le nombre d’enfants victimes, chaque année, de cette traite.
Chaque année, un million d’enfants sont enrôlés dans le commerce du sexe, dans leur pays d’origine ou à l’étranger. Et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) évalue à 1,2 million le nombre d’enfants victimes d’un trafic dont l’objectif est d’en faire des travailleurs clandestins, des domestiques, des mendiants et des petits délinquants de toutes sortes.

Au moment où la police londonienne procédait à l’arrestation de 21 personnes, d’origine nigériane en majorité, dans l’enquête sur la mort d’un enfant africain probablement victime d’un meurtre rituel, la branche britannique de l’Unicef publiait un rapport accablant. Des milliers d’enfants sont amenés illégalement en Grande-Bretagne, principalement en provenance d’Afrique de l’Ouest, d’Europe de l’Est et d’Asie. Ils seraient de 8 000 à 10 000 enfants dont beaucoup d’Africains arrivés au Royaume-Uni et confiés à des familles où ils peuvent être victimes d’abus sexuels ou d’exploitation sans que personne sache qu’ils sont entrés dans le pays. L’Unicef recense un nombre croissant d’enfants du Nigeria, de Sierra Leone, de République démocratique du Congo, d’Ethiopie, d’Angola, du Burundi, du Malawi, d’Afrique du sud, de Somalie, du Kenya et d’Ouganda.

Le trafic d’enfants n’est certes pas limité à la Grande-Bretagne. Les formes d’exploitation des enfants sont variées et on les retrouve dans la plupart des régions du monde. L’abus à l’égard des enfants le plus connu est le commerce sexuel et la prostitution enfantine, mais ce n’est pas la seule. Le travail clandestin, l’exploitation domestique proche de l’esclavage, l’adoption illégale et l’escroquerie aux prestations sociales, l’obligation de mendier, le lavage des voitures mais aussi le transport de drogues en sont d’autres aspects.

Dix milliards de dollars par an

Les enfants des pays pauvres entrent illégalement dans les pays industrialisés d’Europe ou aux Etats-Unis, mais un trafic intra-régional existe aussi. Des enfants venus du Bénin, du Togo et du Nigeria se retrouvent comme domestiques exploités au Gabon. Des enfants d’Asie du Sud-Est, Cambodge, Vietnam, Birmanie, quittent les zones rurales pour un travail forcé ou la prostitution dans les grandes métropoles. Ces dernières années le nombre d’enfants prostitués a encore augmenté en Thaïlande et beaucoup de jeunes filles victimes de la traite ont moins de quinze ans. Souvent, des familles pauvres laissent partir leurs enfants car on leur promet pour eux une vie meilleure et l’accès à l’école en ville. Le même phénomène se retrouve en Europe de l’Est avec les enfants d’Albanie, de Roumanie ou d’Ukraine.

Des enfants du Honduras, du Salvador ou du Venezuela sont adoptés illégalement aux Etats-Unis. On considère que l’adoption internationale illégale rapporte 20 millions de dollars au Guatemala. De 5 000 à 10 000 touristes à but sexuel se sont rendus au Costa-Rica en 1998.

L’Unicef appelle a renforcer la répression sur le trafic d’enfants, comme, plus généralement, sur le trafic d’êtres humains, sachant que cette activité criminelle rapporte entre 7 et 10 milliards de dollars par an aux trafiquants.



par Francine  Quentin

Article publié le 31/07/2003