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Eglise catholique

L’Afrique au cœur des préoccupations du Pape

Le pape Jean-paul II, dans la basilique Saint-Pierre (Vatican), le 1er janvier 2005.(Photo: AFP)
Le pape Jean-paul II, dans la basilique Saint-Pierre (Vatican), le 1er janvier 2005.
(Photo: AFP)
Le jour de l’An est aussi célébré par l’Eglise catholique comme journée mondiale de la paix. A cette occasion, le pape adresse un message de paix «aux hommes et femmes de bonne volonté». Cette année, une place importante est réservée à l’Afrique. Les récents voyages de certains proches collaborateurs du pape, particulièrement au Darfour et dans le nord de l’Ouganda, ont pesé lourdement dans la rédaction du message de cette année. On dit même que le «vieux pape » a été profondément touché par les rapports de mission de ses collaborateurs.

De notre correspondant au Vatican

Cela ne fait plus l’ombre d’un doute. Le pape Jean-Paul II nourrit pour l’Afrique une attention particulière. L’histoire retiendra que l’idée d’une rencontre spéciale d’évêques  pour discuter des problèmes du continent, réclamée depuis la fin du concile Vatican II en 1965, n’a été possible qu’avec l’actuel pape en 1994. En vingt-cinq ans de pontificat, il s’est rendu quatorze fois en Afrique, visitant quarante pays. Dix ans après la tenue du premier synode pour l’Afrique (1994), le pape vient d’annoncer son désir d’en  convoquer un deuxième.

L’un des plus proches collaborateurs de Jean Paul II, chargé des questions de justice et paix, de retour de mission au Darfour et au Nord de l’Ouganda a déclaré que, non seulement le Saint-père suit de près la vie du continent, qu’il prie pour ses drames, mais qu’il souffre aussi avec les Africains. Toutes ces préoccupations,  Jean-Paul II vient de les exprimer, d’un ton empreint d’une certaine gravité, dans son message pour la 38e journée mondiale de la paix, célébrée par l’Eglise catholique, ce 1er Janvier 2005. Le pape demande «aux hommes et femmes de bonne volonté»  de «s’engager toujours et de manière responsable pour faire en sorte que la vie des personnes et des peuples soit respectée et promue». Le Saint-père ajoute: «On ne peut que stigmatiser avec vigueur les maux à caractère social et politique qui affligent le monde, en particulier ceux qui sont provoqués par des explosions de violence». Et dans ce contexte, il  précise: «Comment ne pas penser au cher continent africain, où perdurent des conflits qui ont fait et qui continuent de faire des milliers de victimes ?».

Le développement, nouveau nom de la paix

Jean-Paul II revient sur l’invitation faite à la fin du Jubilé de l’An 2000 où il a évoqué l’urgence d’une nouvelle imagination de la solidarité envers les pays pauvres. Cet appel est particulièrement urgent «lorsque nous nous approchons des nombreux et délicats problèmes qui entravent le développement du continent africain», dit-il. Passant en revue les maux qui minent la prospérité du continent: les conflits armés, les pandémies rendues plus dangereuses par les conditions de misère, l’instabilité politique et l’insécurité sociale diffuse, le Saint-père écrit: «Ce sont des réalités tragiques qui réclament un chemin radicalement nouveau pour l’Afrique». Cela signifie, concrètement, la promotion «de nouvelles formes de solidarité, au niveau bilatéral et multilatéral, avec un engagement  plus déterminé de tous, dans la pleine conscience que le bien des peuples africains représente une condition indispensable pour la réalisation du bien commun universel».

Le pape souhaite que les peuples africains deviennent «protagonistes de leur destinée et de leur développement culturel, civil, social et économique» et insiste aussi sur le fait que l’Afrique «cesse d’être seulement objet d’assistance, pour devenir sujet responsable d’échanges convaincus et productifs».

Toujours sur le plan de la coopération internationale, il démontre que le non-respect des promesses concernant l’aide publique au développement, l’épineuse question de la dette des pays africains et  l’absence d’une considération particulière des pays africains dans les rapports commerciaux internationaux «constituent de graves obstacles à la paix». Comme pour mener sa bataille au profit de l’Afrique jusqu’au bout, le Saint-père insiste sur l’interdépendance entre développement et paix et entre la destinée des riches et celle des pauvres. Il écrit à ce propos: «Pour parvenir à la paix dans le monde, il faut considérer comme déterminante et décisive la conscience de l’interdépendance entre pays riches et pays pauvres, pour les lesquels "ou bien le développement devient commun à toutes les parties du monde, ou bien il subit un processus de régression même dans les pays marqués par un progrès constant"».

Jean-Paul II souhaite enfin la mise en place de mécanismes de contrôle des ressources destinées aux pays pauvres. Donateurs et destinataires doivent suivre «des critères rigoureux d’une bonne administration» afin que les aides parviennent effectivement aux buts escomptés.

Ce message du pape, que plusieurs observateurs trouvent assez courageux, a été bien accueilli par l’Union africaine. Il serait un soutien indéniable aux voeux de l’Union qui pense trouver de plus en plus dans l’attitude du Vatican un appui pour ses politiques de développement auprès de la communauté internationale.


par Jean-Baptiste  Sourou

Article publié le 02/01/2005 Dernière mise à jour le 02/01/2005 à 17:33 TU