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Proche-Orient

Abbas prend en main la sécurité

Mahmoud Abbas se devait de prendre rapidement des mesures sur le plan sécuritaire au risque de voir sa crédibilité sur la scène internationale sérieusement entamée.(Photo : AFP)
Mahmoud Abbas se devait de prendre rapidement des mesures sur le plan sécuritaire au risque de voir sa crédibilité sur la scène internationale sérieusement entamée.
(Photo : AFP)
Pressé par Israël mais aussi par les Etats-Unis de mettre au pas les groupes radicaux qui opèrent depuis la Cisjordanie et la bande de Gaza, Mahmoud Abbas a pris une première mesure en ordonnant lundi aux services de sécurité palestiniens d’empêcher toute attaque contre Israël. Partisan d’un dialogue avec les extrémistes du Hamas et du Jihad islamique, le chef de l’Autorité palestinienne court toutefois le risque de radicaliser la position de ces mouvements au moment où il cherche à les convaincre d’accepter une trêve.

Accusé de ne rien faire contre le terrorisme par Ariel Sharon qui a d’ailleurs pris ce prétexte pour geler tous ses contacts avec les Palestiniens, Mahmoud Abbas se devait de réagir au risque de voir sa crédibilité sur la scène internationale sérieusement entamée. Vingt-quatre heures après que le Premier ministre israélien eut donné carte blanche à l’armée pour combattre les groupes radicaux dans la bande de Gaza, le chef de l’Autorité palestinienne a donc ordonné à ses services d’empêcher tout attaque contre Israël. Cette décision a été prise lors d’une rencontre à Ramallah avec le Premier ministre Ahmed Qoreï –qu’il a reconduit samedi dans ses fonctions– et le ministre de l’Intérieur Hakam Balaawi et à laquelle ont également assisté les responsables de tous les services de sécurité. Abou Mazen –nom de guerre du président palestinien– a notamment réclamé un déploiement massif des forces palestiniennes dans la bande de Gaza et plus particulièrement aux points de passage avec l’Etat hébreu. «La mission principale de ces forces de sécurité sera d’empêcher toute personne de mener des attaques contre Israël», a précisé un responsable qui a participé à cette réunion.  

Mahmoud Abbas a également ordonné l’intégration «le plus vite possible» des Brigades des martyrs d’al-Aqsa –un groupe radical lié à son parti, le Fatah, et responsable d’attentats meurtriers en Israël– au sein des services de sécurité. Le gouvernement palestinien oeuvrera «pour assurer leur protection et les intégrer au sein des organisations et des institutions officielles», mais pas nécessairement au sein des services de sécurité, a cependant indiqué le ministre des Communications et de la technologie, Azzam Al-Ahmad. Les Brigades avaient revendiqué, avec deux autres groupes armés, la dernière attaque contre le point de passage de Karni qui a coûté vendredi la vie à six Israéliens et provoqué un durcissement de la position d’Ariel Sharon à l’égard du président palestinien. Leur intégration au sein des services palestiniens permettrait un meilleur contrôle de ce mouvement qui s’apparente plus à une nébuleuse qu’à groupe réellement structuré. Les communiqués publiés par les différentes cellules se réclamant des Brigades reflètent en effet une diversité de points de vue qui vont du franc soutien à Mahmoud Abbas aux violentes critiques contre l’Autorité qu’il dirige.

Israël prépare une opération d’envergure

Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa n’ont pour le moment pas encore réagi à la décision d’Abou Mazen de les intégrer dans les structures de l’Autorité palestinienne. Elles n’ont pas non plus commenté l’appel lancé dimanche par le comité exécutif de l’OLP qui a réclamé l’arrêt des attaques armées contre Israël. Le Hamas, principal mouvement extrémiste palestinien, a en revanche violemment dénoncé cet appel. «Nous regrettons que certains utilisent ce nom de l’OLP pour lancer des appels contraires aux intérêts du peuple palestinien», a notamment déclaré un des ses porte-parole Sami Abou Zahri. «Ce genre de déclarations, a-t-il déploré, aide l’ennemi sioniste et lui donne des excuses pour poursuivre l’occupation et justifier ses agressions». Une rencontre entre Mahmoud Abbas et les dirigeants des principaux groupes radicaux est prévu mercredi à Gaza. Le président de l’Autorité palestinienne espère encore les persuader de renoncer par eux même aux armes dans le cadre d’un cessez-le-feu mutuel avec Israël.

Mais le gouvernement Sharon, qui exige le désarmement de ces mouvements radicaux, est toutefois loin de partager cette idée de trêve. Depuis que l’état-major israélien a reçu le feu vert du Premier ministre pour lutter contre les radicaux de la bande de Gaza, les préparatifs en en vue d’une «opération terrestre de grande envergure» dans ce territoire vont bon train. Le vice-ministre de la Défense, Zeev Boïm, a en outre laissé entendre que l’artillerie pourrait recevoir l’ordre de bombarder les secteurs où seront repérés des lance-roquettes Qassam «en appelant auparavant la population palestinienne à évacuer les lieux». Il a également convenu que de tels bombardements pourraient s’avérer «problématiques» car ils risquent de faire des victimes civiles. La bande de Gaza est en effet le territoire ou la densité de population est la plus importante du monde.   


par Mounia  Daoudi

Article publié le 17/01/2005 Dernière mise à jour le 17/01/2005 à 16:53 TU