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Proche-Orient

Un gouvernement d’union nationale pour évacuer Gaza

Le Parti travailliste de Shimon Peres et le Likoud d'Ariel Sharon sont à nouveau réunis pour un second gouvernement d'union nationale comme en 2001. 

		(Photo : AFP)
Le Parti travailliste de Shimon Peres et le Likoud d'Ariel Sharon sont à nouveau réunis pour un second gouvernement d'union nationale comme en 2001.
(Photo : AFP)

Le Likoud du Premier ministre Ariel Sharon et les travaillistes de Shimon Peres se sont mis d’accord ce week-end sur les grandes lignes du programme du gouvernement d’union nationale. Le principal objectif de cette coalition est de mettre en œuvre le plan de retrait de la bande de Gaza et d'une poignée de colonies en Cisjordanie. Cet accord Likoud-Travaillistes intervient alors que le gouvernement israélien vient d’annoncer la libération de 170 prisonniers palestiniens. Ariel Sharon a indiqué qu’il s’agissait d’un geste de bonne volonté et d'amitié adressé au président égyptien Hosni Moubarak pour sa décision de libérer Azzam Azzam, un Israélien accusé d’espionnage et condamné à 15 ans de prison.


Ce nouveau recours à « l’union nationale » sera la cinquième version du genre depuis la proclamation, en 1948, de l’Etat d’Israël où traditionnellement Likoud et Parti travailliste domine la scène. Il mettra un terme à l’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire politique du pays. La solidité de la coalition sortante, issue des législatives de 2003 triomphalement remportées par les conservateurs, n’a pas résisté à la nécessité d’engager une politique douloureuse et contre nature au regard de ses principes nationalistes. Le plan de retrait des colonies de la bande de Gaza, dénoncé comme une quasi capitulation, a eu raison de la cohésion de l’équipe. Actuellement, Ariel Sharon n’a plus de majorité. Le système politique israélien, basé sur la représentation proportionnelle, exige donc la mise en place d’une nouvelle coalition de partis pour gouverner. Au-delà des antagonismes particuliers et idéologiques, le pragmatisme israélien est à l’œuvre.

Lors des précédentes versions, c’est dans des cas de figures comparables, lorsque l’intérêt supérieur de la nation exigeait la prise de décisions difficiles, que travaillistes et likoudistes s’étaient rapprochés. Le premier épisode fut exemplaire : après une vingtaine d’années de règne sans partage, à la veille de la guerre de 1967 les travaillistes associèrent l’opposition de droite aux affaires. L’aventure dura trois ans et s’acheva sur le désaccord à propos du cessez-le-feu avec l’Egypte. Une tradition de partage du pouvoir, d’alternance et de présidence tournante venait d’apparaître dans le paysage politique local.

Préparer les échéances

Cette fois encore, les enjeux sont cruciaux pour Israël dans ce contexte international particulier dominé par l’interventionnisme américain et la situation nouvelle créée par la disparition du leader historique palestinien Yasser Arafat. L’atmosphère est désormais propice aux rendez-vous régionaux et des échéances sont d’ores et déjà programmées. Des élections palestiniennes se profilent, le 9 janvier, ainsi que la perspective d’une conférence internationale à Londres, début février. Des rendez-vous qu’il convient de ne pas manquer et qui reçoivent le soutien, à défaut de la participation, des autorités israéliennes.

En raison de l’écrasante supériorité de la représentation du Likoud (40 députés sur 120) sur le Parti travailliste (19 députés) à la Knesset, Ariel Sharon demeurera le chef du gouvernement. Les travaillistes obtiennent huit ministres dans la nouvelle équipe, dont deux sans portefeuille. Leur chef de file, Shimon Peres, revient à un poste de « vice-Premier ministre » dont les prérogatives restent à définir. La gauche obtient par ailleurs l’Intérieur, l’Habitat et la Construction, les Infrastructures, le Tourisme et les Télécommunications, ainsi que trois postes de vice-ministres. Enfin pour compléter sa majorité désertée par l’extrême droite, Ariel Sharon veut rallier la petite formation religieuse Judaïsme unifié de la Torah, qui dispose de cinq députés. La majorité absolue de 64 députés au parlement ainsi formée reste en tout état de cause fragile.

C’est le second gouvernement d’union nationale mis en place sous la responsabilité de M. Sharon. Le première coalition avait été formée au lendemain de sa première élection en 2001. Les travaillistes l’avaient quittée en 2002 en signe de protestation contre les fonds dégagés aux colonies de peuplement. Cette fois, Ariel Sharon a absolument besoin de leur soutien pour mener à bien son « plan de désengagement » qui prévoit un retrait unilatéral de Gaza en 2005 et de quatre colonies isolées du nord de la Cisjordanie. Il veut également pouvoir compter sur des partenaires fiables pour mener à bien les négociations qui doivent s’engager dés la semaine prochaine avec les Palestiniens sur la conduite à tenir lors du grand rendez-vous électoral du mois prochain, voire même ultérieurement sur de futures négociations de paix.

Situation militaire très tendue

C’est donc à la fois une nouvelle direction israélienne et une nouvelle autorité palestinienne que le Premier ministre britannique Tony Blair devrait rencontrer lors de la brève visite qu’il effectuera dans la région en milieu de semaine prochaine. Les rencontres devraient être consacrée à la définition du champ des discussions de la conférence de Londres, première grande réunion internationale sur le Proche-Orient depuis la disparition de Yasser Arafat et la réélection du président américain George W. Bush dont les premiers signaux diplomatiques à l’égard de la région témoignent d’une volonté de faire avancer le dossier.

En dépit de cette bonne volonté apparente, la situation est très tendue. L’appel à la trêve lancée aux groupes armés palestiniens par l’Autorité palestinienne n’a pas été entendu et l’activité militaire reste soutenue. Depuis 24 heures, onze Palestiniens ont été tués lors d’une offensive de l’armée israélienne destinée à faire cesser les tirs de roquettes contre le territoire israélien. L’attaque était toujours en cours samedi à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, tandis qu’une roquette palestinienne s’est abattue samedi sur un quartier résidentiel de la localité méridionale israélienne de Sdérot, sans faire de victime. Ces tirs de roquette ont fait 4 morts parmi les Israéliens de Sdérot depuis le mois de juin.



par Georges  Abou

Article publié le 18/12/2004 Dernière mise à jour le 19/12/2004 à 18:06 TU