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Le Medef en ordre de bataille

Ernest-Antoine Seillière qui présidait pour la septième et dernière fois l'assemblée générale annuelle du MEDEF a dénoncé les grèves en cours tout en insistant sur l'instauration d'un service minimum dans les services publics.(Photo : AFP)
Ernest-Antoine Seillière qui présidait pour la septième et dernière fois l'assemblée générale annuelle du MEDEF a dénoncé les grèves en cours tout en insistant sur l'instauration d'un service minimum dans les services publics.
(Photo : AFP)
A l’occasion de l’assemblée générale du Medef, Ernest-Antoine Seillière, président de l’organisation patronale, propose à Jacques Chirac de nouvelles réformes. La réunion a également été l’occasion de faire le bilan des changements obtenus.

Président du Medef depuis 1997, Ernest-Antoine Seillière a mis en avant le travail accompli depuis son arrivée aux commandes de l’organisation patronale. Devant 4 700 chefs d’entreprise réunis au Zénith, à Paris, pour cette assemblée générale, le représentant des patrons a fait le bilan de ses mandats dont le second se termine fin 2005. Il a parlé de « mission accomplie» en s’appuyant sur un sondage récent effectué par l’institut Ipsos. Dans ce sondage, 63% des Français estiment que le Medef défend bien les entreprises. Toujours à travers ce sondage, au sujet de l’assouplissement des 35 heures, « 38 % des Français nous attribuent aujourd’hui le mérite de cette salutaire réforme », a encore souligné le président de l’organisation patronale. Une majorité de personnes interrogées ne semble pourtant pas conquise par cette réforme. Le leader patronal a tout de même obtenu gain de cause puisque la semaine prochaine, l’Assemblée nationale va voter un projet de loi qui défait les lois Aubry sur la réduction du temps de travail, « un projet absurde, dangereux et nocif ».

« Où est le service minimum ? »

Coïncidence de calendrier, l’assemblée générale de l’organisation patronale s’est déroulée alors que la France est en pleine semaine de protestation sociale. Mardi, c’était les employés de La Poste ; mercredi, le personnel de la SNCF, les électriciens et gaziers, les chirurgiens ; jeudi, les enseignants et plus généralement les fonctionnaires. Tous luttent pour préserver l’emploi, obtenir de augmentations de salaire et éviter le passage au privé des services publics. En pleine assemblée générale, Ernest-Antoine Seillière a d’ailleurs interpellé le gouvernement : « où est le service minimum ? »

Le Medef, organisation libérale, représentant « la France qui bosse», a enfoncé le clou mercredi en dénonçant la paralysie de la France. Côté gouvernemental, on a rebondi avec les déclarations du secrétaire d’Etat aux transports : « rien ne garantit qu’une loi assurant un service minimum dans les textes assurera un service minimum dans les faits », a déclaré François  Goulard, ajoutant : « si Monsieur Seillière a une solution pour éviter à jamais les grèves, qu’il la présente».

« Supprimer 500 000 postes de fonctionnaires »

Un autre sondage, effectué celui-là par l’institut CSA, indique que 65% des Français sont favorables au mouvement de grève des différents secteurs de la fonction publique. « La France de demain est celle d’un Etat plus efficace et plus économe qui ne cherche plus à tout faire et accepte de confier des missions au secteur concurrentiel », a encore insisté le président du Medef dans ce ping-pong de déclarations avec le gouvernement. L’historien Jacques Marseille a fait passer cette polémique verbale au stade de la provocation. Expert de l’organisation patronale, il a estimé qu’il fallait juger les services publics comme les entreprises privées, en termes de « performance et de résultats ». Rappelant que la moitié des fonctionnaires français vont prendre leur retraite dans les dix prochaines années, il a appelé à profiter de cette « occasion historique pour supprimer 500 000 postes de fonctionnaires ».

Le Medef a par ailleurs parlé stratégie en faisant des propositions de réformes d’ici la fin du quinquennat de Jacques Chirac. L’association patronale demande la simplification du code du travail pour les Petites et Moyennes Entreprises. Il souhaite que l’organisation du travail soit négociée au niveau de l’entreprise. Le Medef milite également pour la suppression de la taxe professionnelle, l’assouplissement des modalités de licenciement, un véritable service public minimum ou encore la réduction des dépenses publiques.

La question du successeur d’Ernest-Antoine Seillière n’est pas réglée. Il n’y a pas de dauphin déclaré. Plusieurs noms de grands patrons circulent déjà comme celui de Guillaume Sarkozy, frère de Nicolas, Denis Gautier-Sauvagnac, Louis Schweitzer ou encore Laurence Parisot, « pédégère » aux formules-choc prête, d’évidence, à attiser le feu avec les syndicats.


par Colette  Thomas

Article publié le 19/01/2005 Dernière mise à jour le 19/01/2005 à 15:43 TU