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AFP: conflit persistant

Avec un collège de 2 000 salariés, dont 1 200 journalistes, l'AFP est présente dans 165 pays à travers le monde. 

		(Photo : Pages jaunes)
Avec un collège de 2 000 salariés, dont 1 200 journalistes, l'AFP est présente dans 165 pays à travers le monde.
(Photo : Pages jaunes)
Le conflit se poursuit à l’Agence France-Presse (AFP) où les salariés travaillant en France sont à nouveau en grève jusqu’à mercredi. L’assemblée générale des personnels a voté à l’unanimité la poursuite du mouvement pour 48 heures. Les personnels protestent contre des primes exceptionnelles accordées à plusieurs cadres supérieurs, alors que l’agence traverse un grave crise financière.

L’Agence France Presse reste mobilisée. Le personnel, à l'appel de l'intersyndicale CGT-CFDT-SNJ-FO-SUD-CFTC-CGC et à laquelle s'est associée la Société des Journalistes (SDJ), a voté lundi 11 octobre, à l’unanimité une nouvelle grève de 48 heures du «fil» (service) français, jusqu'à mercredi 11 heures. L'arrêt de travail concerne tout le personnel travaillant en France : les sept bureaux de province ont également voté à une large majorité pour la grève.

A l’origine du conflit qui dure depuis quelques jours, la découverte de l’attribution de «bonus secrets» à des cadres supérieurs qualifiées de «sursalaires» par le personnel. Deux responsables du service photographique ont ainsi touché des primes exceptionnelles de 30 000 et 35 000 euros pour avoir remporté cette année deux contrats commerciaux importants pour l’entreprise. Selon les syndicats, plusieurs directeurs au sein de l’agence ont également bénéficié de ces gratifications exceptionnelles. Après la divulgation de ces bonus, une motion de défiance à l’encontre de la direction de l’AFP été approuvée à 92,8% des 868 salariés qui ont participé au vote.

Un geste de transparence

Cette affaire des «bonus secrets » a provoqué un véritable malaise au sein de l’Agence. La CFDT parle d’un personnel «sous le choc». FO souligne la «grande détermination du personnel à la hauteur de son indignation». La SNJ estime que le pdg de l’Agence, Bertrand Eveno «n’a pas pris la mesure de l’indignation du personnel». Les syndicats trouvent également «une disproportion choquante entre le montant des primes des reporters de guerre qui risquent leur vie sur le terrain et celui des directeurs photo».

Par mesure d’apaisement, Bertand Eveno a annoncé, lundi 11 octobre dans la soirée, qu’il mettait fin «au système dit des bonus pour tous les directeurs» pour revenir «à des mécanismes classiques». Il a également remis aux chefs de service, selon le communiqué de la direction, un «tableau qui prouve la modération appliquée dans l’attribution des primes aux directeurs au cours des trois dernières années». Cet effort de transparence n’a pas suffi à éteindre la contestation, et le personnel reste mobilisé. Outre l’arrêt des primes exceptionnelles, l’intersyndicale demande la titularisation d’une trentaine de contractuels employés à durée déterminée, et que les bonus soient reversés pour le développement de l’entreprise en crise financière. Fin 2003, l’Agence affichait un déficit cumulé estimé à plus de 75 millions d’euros.

Ces dernières années, la troisième agence mondiale d’informations, derrière la Britannique Reuters et l’Américaine Associated Press a vu s’accumuler les problèmes financiers. En 2000, les syndicats avaient obtenu la démission du pdg Eric Guily suite au vote de motions de défiances. Le 11 octobre 2000, le Conseil d'administration de l'Agence France Presse a désigné Bernard Eveno pour succéder à Éric Giuily à la direction de l'agence. Un an plus tard, Bertrand Eveno doit affronter à son tour une grève des salariés. En cause : son projet de vente du prestigieux siège en plein centre de la capitale destinée à éponger une partie des dettes de l’Agence.



par Myriam  Berber

Article publié le 12/10/2004 Dernière mise à jour le 12/10/2004 à 15:27 TU