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Etats-Unis-Europe

Bush tend la main aux Européens

Le président George W. Bush lors de son discours à Bruxelles, le 21 février 2005.(Photo : AFP)
Le président George W. Bush lors de son discours à Bruxelles, le 21 février 2005.
(Photo : AFP)
George W. Bush a engagé une visite de quatre jours en Europe. A Bruxelles, sa première étape, il a débuté dès lundi une longue série d’entretiens en rencontrant le roi Albert II et le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt. Il a aussi prononcé un discours destiné à convaincre les peuples européens de la force du lien «transatlantique» quels qu’aient été les désaccords passés, et leurs dirigeants de la nécessité de travailler ensemble pour «faire avancer la liberté dans le monde». George W. Bush n’a pas changé de message mais il a, semble-t-il, en tout cas décidé de le faire passer avec plus de ménagement. L’heure est désormais à la persuasion et à la coopération avec les partenaires européens.

Fini les brouilles passagères, voici revenu le temps du partage des vraies valeurs. Celles qui ont toujours uni les Européens et les Américains : la liberté et la démocratie. George W. Bush a profité de son discours prononcé à Bruxelles pour rappeler les fondements d’une «amitié forte» qui a conduit les nations alliées à faire face ensemble à de nombreux «défis historiques» au cours des soixante dernières années et qui doivent, selon lui, permettre l’ouverture d’une «nouvelle ère dans les relations transatlantiques».

Fraîchement réélu, le président Bush semble donc déterminé à renouer les liens distendus avec les partenaires européens pour cause de guerre en Irak. Il a donc réservé à la «Vieille Europe» sa première visite à l’étranger depuis son investiture au mois de janvier. Cette tournée de quatre jours qui le mène de Bruxelles à Mayence puis à Bratislava, durant laquelle il s’entretiendra avec Jacques Chirac, Gerhard Schröder et Vladimir Poutine, est sans ambiguïté destinée à poursuivre l’entreprise de rabibochage engagée par sa secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, il y a quelques jours et à faire de son deuxième mandat celui de l’apaisement avec les alliés traditionnels de l’Amérique.

Travailler ensemble

Si le discours du président Bush a d’emblée rappelé le passé commun des Européens et des Américains, il a aussi tout de suite affirmé que l’heure n’était pas pour autant à la «nostalgie». C’est de «l’avenir» que George W. Bush est venu parler sur le Vieux Continent dans le but de convaincre ses interlocuteurs que «quand les Etats-Unis et l’Europe travaillent ensemble, aucun problème ne peut rester sans solution». Pas même celui de la paix au Proche-Orient que George W. Bush a qualifié «d’objectif immédiat» et dont il a affirmé qu’elle était «à portée de main». Mais surtout qu’elle représentait «un intérêt stratégique commun» pour les Européens et les Américains : «construire un Moyen-Orient pacifique».

En passant en revue l’ensemble des points chaud du globe, de l’Iran à l’Afghanistan et de l’Irak au Liban, le président américain n’a cessé de réaffirmer la nécessité de la coopération euro-américaine dans le seul et unique but de promouvoir la liberté et la démocratie. Il a abandonné dans cette démonstration le ton «impérial» et donneur de leçon qui lui a souvent été reproché. Plus sobre et plus ouvert qu’à son habitude, le nouveau George W. Bush a tenté de ne pas asséner de vérités mais de faire partager des convictions. Il a laissé la porte ouverte sur des dossiers délicats comme celui du nucléaire en Iran dans lequel les Européens lui demandent de donner toutes ses chances à la diplomatie. Il a même mis en valeur la collaboration avec des pays comme la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne dans la gestion de cette affaire. Tout comme il a insisté sur le travail commun des Etats-Unis et de la France en faveur de l’émergence d’un Liban indépendant.

«La liberté est une course de fond»

Alors qu’il entre à peine dans son deuxième mandat, George W. Bush change donc de ton. Plus question de parler de la «Vieille Europe» qui refusait de soutenir l’invasion de l’Irak. L’Union européenne est aujourd’hui redevenue un partenaire à part entière des Etats-Unis, une puissance «forte» que le président américain affirme vouloir soutenir. Mais dont il attend en retour un engagement à ses côtés. En Irak notamment. George W. Bush a ainsi demandé «aux démocraties établies d’accorder une aide tangible, politique, économique et en matière de sécurité à la plus jeune démocratie du monde», celle qui est issue des élections du 30 janvier. Il a ajouté que «toutes les nations ont maintenant intérêt à la réussite d’un Irak libre et démocratique, qui sera un phare de la liberté et une source de véritable stabilité dans la région». Dans l’esprit du président américain, ce soutien est dû au peuple irakien qui a fait preuve d’un grand courage en participant à des élections à haut risque car «chaque vote était un acte de défiance à l’encontre des terroristes».

George W. Bush n’a pas oublié que c’est à la suite des attentats du 11 septembre qu’il a engagé la lutte contre le terrorisme qui a mené les troupes américaines en Afghanistan et en Irak. Il a pourtant tenu à expliquer qu’il ne fallait pas réduire les actions entreprises à la mise en œuvre de «stratégies». Car la lutte contre le terrorisme est avant tout «une cause noble pour l’humanité» qu’il estime avoir fait avancer durant les trois années écoulées. Cependant le président américain a admis qu’il fallait faire preuve de patience et que la démocratie ne pouvait pas s’imposer «de l’extérieur». George W. Bush a de toute évidence choisi chacun de ses mots pour montrer aux Européens son désir d’apaisement et tenter d’effacer l’image arrogante dont son premier mandat a été affublé. Allant même jusqu’à citer un auteur français, Albert Camus, pour résumer sa pensée : «La liberté est une course de fond».


par Valérie  Gas

Article publié le 21/02/2005 Dernière mise à jour le 21/02/2005 à 17:53 TU