Togo
Emmanuel Akitani-Bob, candidat de l’opposition
(Photo : AFP)
L'opposition de Faure Gnassingbé aura donc pour porte-étendard le numéro deux de l'Union des forces du changement (UFC), Emmanuel Akitani-Bob, son candidat unique désigné mardi soir. Des législatives multicolores devraient suivre la présidentielle. Mais, pour l'opposition, le scrutin du 24 avril revêt le statut particulier d'une promesse de transition véritablement démocratique, le temps de reconstruire les institutions mais aussi l'économie du pays. Reste que les délais sont très courts et qu'il faut préparer le scrutin en toute hâte, sans pour autant négliger de garantir les chances d'un changement.
Vice-président de l’UFC de Gilchrist Olympio, Emmanuel Akitani-Bob a déjà servi de porte-flambeau à l’opposition en 2003, face à Gnassingbé Eyadéma qui lui avait concédé 34,1% des suffrages. Le retour du fidèle second d’Olympio dans la joute présidentielle ne fait donc nullement surprise, même si les 74 ans de l’ingénieur retraité ont fait débat à l’UFC. D’ailleurs, outre le respect qui lui est dû, l’âge du postulant à la magistrature suprême pourrait même laisser espérer, en cas de victoire, une retraite anticipée du fauteuil présidentiel convoité par le numéro un de l’UFC, Gilchrist Olympio.
Inéligible dans l’état actuel de la Constitution, qui interdit par ailleurs toute réforme pendant la transition chargée de gérer la vacance du fauteuil présidentiel, Gilchrist Olympio ne paraît pas avoir renoncé à se présenter à l'élection présidentielle du 24 avril prochain. En attendant, en qualité de principal parti d’opposition, l’UFC a donc désigné Emmanuel Akitani-Bob comme candidat unique des adversaires les plus résolus de Faure Gnassingbé. L'ancien secrétaire d'Etat français à l'Intégration, le franco-togolais Kofi Yamgnane, a en effet lui aussi fait acte de candidature. Mais celle-ci ne pourra pas être retenue puisqu’il vit en France. Et parmi les premières candidatures annoncées au Togo, un homme d'affaires, président du petit Parti du renouveau et de la rédemption (PRR), Nicolas Lawson, a décidé de faire bande à part dans le scrutin qui s’annonce.
Gilchrist Olympio attendu à Lomé
A 39 ans, Faure Gnassingbé a tout connu du règne sans partage de son père. Il dispose de l’appareil de l’ancien parti unique, le Rassemblement du peuple togolais (RPT) pour contrer la coalition des six partis de l’opposition. Jadis militant de l'Association des étudiants togolais en France, au temps du «Jeune Togo» et de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (FEANF) Emmanuel Akitani-Bob sera, certes, le candidat de la coalition de l'opposition, mais aussi l’ombre portée de Gilchrist Olympio dans la campagne électorale qui devrait démarrer autour du 10 avril. Pour sa part, le chef de l’UFC est attendu samedi à Lomé qu’il devrait rejoindre par la route, depuis Accra où il est arrivé de Paris, le week-end dernier.
Après avoir annoncé le 5 mars dernier qu’il serait le candidat de l’UFC à la présidentielle, Gilchrist Olympio a entendu l’opinion togolaise, soucieuse de s’assurer que l’opposition serait effectivement présente au scrutin présidentiel à un tour. Et cela, derrière un candidat unique. Initialement, il devait annoncer le nom du candidat à son retour. Il a donc tranché plus vite. Mais le temps presse. Il semble même trop court au regard des tâches qui restent à accomplir, ne serait-ce que pour préparer le scrutin. Il faut en effet, par exemple, réviser les listes électorales avant d'imprimer et de distribuer les cartes d'électeurs. Par ailleurs, le dépôt des candidatures échoit le 26 mars à minuit. Des recours sont prévus pour les candidats qui seraient rejetés. Ces formalités accomplies, il faut là aussi imprimer des bulletins aux marques de ceux qui resteront en lice. Pour sa part l'opposition regrette aussi que la suggestion des médiateurs de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui avaient retenue l'idée d'observateurs internationaux soit très largement hypothéquée. Contactée, l'Union européenne a fait savoir que le délai était trop court pour voter un budget ad hoc. Les Nations unies et l'Union africaine risquent d'avoir le même problème.
Bien évidemment, pour l'opposition, le scrutin présidentiel est un enjeu crucial. Elle ne désespère pas encore complètement de recevoir l'appui international nécessaire pour veiller à sa transparence et à sa sécurité. Les observateurs civils et militaires du début des années quatre-vingt-dix seraient plus que jamais les bienvenus. Une aide au financement de scrutateurs nationaux aussi. Ce sont ses priorités. Mais en même temps, elle réfléchit déjà à la promotion de son programme commun de campagne pour ne pas manquer le rendez-vous de la véritable transition démocratique qu'elle attend du 24 avril. Une victoire lui permettrait en effet d'assoir des institutions conformes à ses voeux de changement et d'envisager "un programme de remise en route de l'économie pour améliorer les infrastructures sociales" en déshérence. Mais avant de battre campagne, l'opposition doit s'entendre sur un accord politique organisant par exemple un gouvernement de coalition chargé d'un programme à court terme.
par Monique Mas
Article publié le 15/03/2005 Dernière mise à jour le 15/03/2005 à 14:25 TU
