Liban
Hariri : l'ONU accuse la Syrie et le Liban
De notre correspondant à New York (Nations unies)
Coupables, on ne sait pas, mais responsables, certainement : le gouvernement libanais et les autorités syriennes sont montrées du doigt par l’ONU pour avoir créé un climat de violence et d'impunité qui a servi de toile de fond à l'assassinat de Rafic Hariri, l'ancien premier ministre libanais mort dans une explosion massive, qui avait fait 19 autres morts le 14 février dernier. « Les causes spécifiques de l'assassinat de M. Hariri ne peuvent être déterminées avec certitude tant que les auteurs de ces crimes ne seront pas traduits en justice », affirme la mission d'enquête, formée à la demande du Conseil de sécurité et dirigée par l'Irlandais Peter Fitzgerald. Les circonstances de l'attentat n'ont pas non plus été clairement élucidées, reconnaissent-ils. Leur hypothèse : l'explosion a été causée par une charge de
Ils affirment toutefois avec certitude que leur observation de l'enquête leur a permis de constater « un manque d'engagement indéniable de la part des autorités libanaises pour enquêter sur ce crime avec efficacité ». « Cette enquête n'a pas été menée en accordance avec les standards internationaux applicables » poursuivent-ils. « Après avoir rassemblés les faits disponibles,
Une enquête internationale
Dans ce contexte, l'ONU estime que « l'investigation libanaise souffre de sérieuses faiblesses et n'a ni la capacité, ni la volonté d'aboutir à une conclusion satisfaisante et crédible ». Plus loin, les enquêteurs évoquent même la « possibilité d'actes criminels pour manipuler des éléments de preuve ». Impossible, donc de parvenir « à un résultat satisfaisant ». D’autant plus que « la crédibilité de la gestion de l’enquête par les autorités libanaises est remise en question par un grand nombre de Libanais, aussi bien dans l’opposition que dans le gouvernement ». Seule solution, selon l’ONU : la création d’une commission d’enquête internationale indépendante. Il s’agirait d’une commission comprenant des spécialistes de différents domaines, avec des personnels en nombre suffisant, sur le modèle des enquêtes pratiquées aux niveaux nationaux pour des événements de cette ampleur. L’équipe devrait selon les enquêteurs être dotée de l’autorité nécessaire pour effectuer des interrogatoires et des perquisitions, avec l’aide d’experts juridiques libanais. Mais attention, avertissent les rapporteurs, « il est plus que douteux qu’une telle équipe d’enquête puisse mener à bien sa mission – et recevoir la nécessaire coopération active des autorités locales – alors que le leadership actuel des services de sécurité libanais reste en place ». Car selon le rapport, ces services « n'ont pas fourni de protection appropriée à M. Hariri et ont donc créé un contexte commode pour son assassinat ».
Ce rapport va galvaniser de l'opposition anti-syrienne, qui accuse les régimes libanais d’être responsable de l’élimination de Rafic Hariri et exige le limogeage du procureur général Adnan Addoum et des chefs de six services de sécurité libanais. Il fait aussi monter la pression qui pèse sur
par Philippe Bolopion
Article publié le 25/03/2005 Dernière mise à jour le 25/03/2005 à 10:06 TU