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Liban

Des experts de l’ONU enquêtent sur la mort de Hariri

Le responsable onusien Peter Fitzgerald arrive à l'aéroport international de Beyrouth, le 24 février 2004.
Le responsable onusien Peter Fitzgerald arrive à l'aéroport international de Beyrouth, le 24 février 2004.
Des experts de l’ONU désignés par Kofi Annan sont arrivés à Beyrouth pour participer à l’enquête sur l’attentat contre l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. L’opinion publique espère qu’ils apporteront des éléments de réponses à un crime qui a provoqué un vif émoi et plongé le pays dans une grave crise politique.

De notre correspondant à Beyrouth

L’intérêt que porte la communauté internationale à l’affaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais se confirme. Dix jours après la mort de Rafic Hariri, tué avec sept de ses gardes du corps et une dizaine de civils dans un attentat à l’explosif, lundi 14 février, l'équipe chargée par le secrétaire général de l'ONU d'enquêter sur ce crime est arrivée ce jeudi à Beyrouth.

Dirigée par l'Irlandais Peter Fitzgerald, cette équipe comprend des experts en médecine légiste et dans les domaines juridiques et politiques. Elle est composée, outre M. Fitzgerald, du superintendant de police, l'Irlandais Martin Donnellan et de son collègue Pat Leahy. Ils seront rejoints ce vendredi par un quatrième membre en provenance du siège de l’ONU, à Genève.

Le gouvernement se résigne à coopérer

Sans obtenir l’accord préalable des autorités libanaises, Kofi Annan a décidé de cette mission d'information à la demande du Conseil de sécurité qui l'a chargé de lui présenter un «rapport urgent sur les circonstances, les causes et les conséquences du meurtre» de Rafic Hariri. Les enquêteurs internationaux doivent remettre leur rapport à Annan dans un délai d'un mois.

Soumis à de fortes pressions de la part de l’opposition et de la communauté internationale, le gouvernement libanais a accepté de coopérer avec les experts de l’ONU après avoir refusé, dans un premier temps, toute ingérence étrangère dans l’enquête en cours. Au lendemain de la décision de Kofi Annan de former cette mission, le Liban s’est dit disposé à coopérer avec l'ONU qui a qualifié l’attentat contre Rafic Hariri de «crime terroriste».

Une enquête difficile

La Syrie, accusée par l’opposition d’être responsable, avec le régime libanais, de l’attentat contre Hariri, s’est aussi déclarée prête à apporter toute l’aide nécessaire. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangère Walid Moallem, a affirmé que son pays souhaitait que la lumière soit faite «le plus rapidement possible sur ce crime odieux, loin des accusations lancées d’une manière irresponsable».

Les experts internationaux n’ont pas perdu leur temps. Peu après leur arrivée, ils ont inspecté les lieux de l’explosion situés sur la corniche du bord de mer, non loin du centre ville. Le périmètre est bouclé par l’armée libanaise qui en interdit l’accès au public. Depuis le jour de l’assassinat de l’ancien Premier ministre, les enquêteurs de la police judiciaire libanaise et des autres services de sécurité passent au peigne fin le secteur pour tenter de retrouver des indices susceptibles de faire la lumière sur ce crime. Mais leur tâche est difficile. L’attentat a été minutieusement préparé par des professionnels disposant de moyens importants, d’un réseau de surveillance et d’informations précises sur les déplacements de Rafic Hariri et sur les mesures de sécurité dont il s’entourait. Ils ont ainsi réussi à déjouer le système de brouillage électronique qui empêchaient l’utilisation d’une charge télécommandée, ont utilisé un explosif puissant capable de détruire le blindage de la voiture de Hariri et, surtout, ils ont pu déterminer quel trajet emprunterait l’ancien Premier ministre ce jour-là.

Visiblement dépassés par la technique utilisée par les assassins, les enquêteurs libanais ont sollicité l’aide de la Suisse. Selon des informations sûres, deux spécialistes suisses en explosif doivent prochainement arriver pour tenter de faire progresser les investigations. Il examineront la voiture de Hariri et les véhicules de son escorte mis à l’abri dans une caserne de la police. Ils tenteront de déterminer avec précision le type et la quantité d’explosif utilisée par les criminels. Les informations qui circulent à Beyrouth indiquent que la charge était composée de 350 kilogrammes de C4 ou de TNT, mélangés à une matière inflammable, ce qui expliquerait le fait que les corps de la plupart des victimes sont atteints de graves brûlures. Cette charge piégée dont l’explosion a provoqué un cratère de 5 mètres de profondeur et 10 mètres de diamètre aurait été placée sous la chaussée, peut-être dans des canalisations. La thèse du kamikaze qui aurait fait sauter sa voiture au milieu du convoi de Hariri, accréditée par une cassette vidéo revendiquant l’attentat, n’est plus prise au sérieux, bien que l’auteur de l’enregistrement a été identifié comme étant un Palestinien nommé Ahmed Abou Adas.
Dix jours après l’attentat, on ne sait donc toujours pas qui a tué Rafic Hariri et comment.

par Paul  Khalifeh

Article publié le 25/02/2005 Dernière mise à jour le 25/02/2005 à 11:20 TU