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Proche-Orient

Bush agacé par les projets de colonisation de Sharon

Vue de la colonie de peuplement israélienne de Maalé Adoumim (Est de Jérusalem).(Photo: AFP)
Vue de la colonie de peuplement israélienne de Maalé Adoumim (Est de Jérusalem).
(Photo: AFP)
Fort du soutien implicite de l’administration américaine qui, il y a quelques semaines, avait assuré qu’elle ne s’opposerait pas au maintien dans le giron d’Israël de certaines implantations juives de Cisjordanie, Ariel Sharon a ouvertement annoncé lundi son intention de relier la colonie de Maalé Adoumim à Jérusalem. Une décision qui semble cependant agacer au plus haut point son grand allié, le président George Bush qui, une fois n’est pas coutume, a lancé un avertissement aux autorités israéliennes leur enjoignant de geler tout développement des colonies.

Une dizaine de kilomètres à peine séparent la colonie de Maalé Adoumim, où vivent quelque 30 000 colons, de Jérusalem. Une distance que le Premier ministre israélien a bien l’intention  de combler avec la construction de quelque 3 500 logements dont le but avoué est d’établir une continuité territoriale entre la ville sainte, considérée par Israël comme sa capitale éternelle et indivisible, et la plus importante des implantations juives de Cisjordanie. Si le projet –à l’origine travailliste– existe depuis une dizaine d’années déjà, c’est la première fois qu’un feu vert est officiellement donné à sa mise en œuvre. Ariel Sharon a en effet déclaré lors de la réunion hebdomadaire de son cabinet ne voir «aucun problème sérieux dans la construction de la zone E-1», située à l’est de la ville sainte. Et devant la commission sécurité de la Knesset, il est apparu inébranlable. «Il s’agit d’une planification de dix ans que nous avons l’intention de continuer», a-t-il en effet justifié.

Les déclarations d’Ariel Sharon ont, comme il fallait s’y attendre, provoqué la colère des Palestiniens. «Si ce projet était réalisé, le processus de paix serait anéanti et toute chance de parvenir à un arrangement en vue d’un règlement permanent disparaîtrait du même coup», a ainsi averti le principal négociateur palestinien Saëb Erakat. Beaucoup plus virulent, le Premier ministre n’a pour sa part pas hésité à qualifier le projet d’extension de Maalé Adoumim d’«acte terroriste contre le processus de paix et contre le peuple palestinien». Ahmed Qoreï a également appelé l’administration Bush à se montrer plus ferme envers Israël. «Les Etats-Unis ne peuvent plus garder le silence sur les actions israéliennes et leur réalité sur le terrain», avait-il insisté. 

Le sujet sera évoqué à Crawford

Dans ces conditions, Washington, qui est le parrain de la Feuille de route –le dernier plan de paix international qui prévoit à terme la création d’un Etat palestinien– pouvait difficilement ne pas réagir. Et c’est George Bush en personne qui est intervenu en lançant un avertissement sans équivoque à son ami Ariel Sharon qu’il s’apprête à recevoir lundi dans son ranch de Crawford. «Notre position est très claire, a-t-il insisté devant des journalistes. Elle est que la Feuille de route est importante et la Feuille de route appelle à l’arrêt du développement des colonies». Certes le président américain n’a pas ouvertement évoqué le cas de Maalé Adoumim mais sa mise en garde semble avoir été suffisamment claire pour que les autorités israéliennes s’évertuent à minimiser le différend qui les oppose à Washington.

Le ministre travailliste sans portefeuille, Matan Vilnaï, a ainsi estimé mercredi que le projet d'élargissement de la colonie controversée n'était pas d'actualité. «Ce projet remonte à une dizaine d'années et n'est pas applicable actuellement. Il faut construire dans ce secteur une barrière de sécurité et non des maisons d'habitations», a-t-il notamment affirmé à la radio publique israélienne. Le ministre de l’Habitat, Yitzhak Herzog, a lui aussi tenté de désamorcer la crise en affirmant au vice-conseiller à la sécurité nationale américain,  que le projet n’était pas encore «en phase opérationnelle». «Il n’y a aucun projet d’appels d’offre pour le bâtiment en 2005», a-t-il notamment assuré à Elliot Abrams. 

Quoiqu’il en soit, la question ne manquera pas d’être soulevée lundi lors de la rencontre Bush-Sharon à Crawford, au Texas. Le dossier est régulièrement soulevé depuis deux décennies au moins par Américains et Israéliens, a d’ailleurs reconnu un proche du Premier ministre qui a souhaité garder l’anonymat. Selon lui, «le dossier des implantations sera bien évidemment abordé mais il s’agit d’une question secondaire. L’important, a-t-il ajouté, c’est le plan de désengagement». Ariel Sharon, qui s’est engagé à évacuer à partir du 20 juillet prochain les implantations de la bande de Gaza ainsi que quatre petites colonies du nord de la Cisjordanie, devrait en effet plaider auprès de son ami George Bush pour un soutien appuyé à ses projets. Ses annonces concernant une reprise de la colonisation ont d’ailleurs été interprétées en Israël comme une tentative d’amadouer les colons et leurs partisans au sein de son parti, le Likoud, en prévision des évacuations de l’été prochain.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 06/04/2005 Dernière mise à jour le 06/04/2005 à 17:26 TU