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Eglise catholique

Rome, ville fermée pour les funérailles du pape

Des centaines de milliers de pèlerins se pressent autour de la cité du Vatican, à Rome, paralysant une grande partie de l'agglomération.(Photo: AFP)
Des centaines de milliers de pèlerins se pressent autour de la cité du Vatican, à Rome, paralysant une grande partie de l'agglomération.
(Photo: AFP)
Les autorités italiennes ont mis en place «un service de sécurité sans précédent dans l’histoire» pour les obsèques du pape Jean-Paul II prévues vendredi matin. Quelque 200 délégations officielles comprenant de nombreux chefs d’Etat et monarques ainsi que plusieurs centaines de milliers de pèlerins seront en effet présents dans l’enceinte du Vatican pour assister aux funérailles. Des centaines de milliers d’autres personnes pourront suivre l’événement retransmis en direct sur des écrans géants disposés dans sept zones de la capitale italienne.

Deux, trois, voire quatre millions de pèlerins sont attendus vendredi dans la ville éternelle qui depuis le décès, il y a cinq jours, du souverain pontife a vu sa population passer du simple au double. Un véritable défi pour les autorités romaines qui en plus d’assurer la sécurité des têtes couronnées, des grands de ce monde mais aussi des simples croyants, doivent également veiller à leur hébergement, leur ravitaillement ainsi qu’au secours des personnes prises de malaise. «Dans des conditions normales, l'événement aurait nécessité une planification de six à douze mois», a encore récemment déploré le chef de la protection civile italienne Guido Bertolaso, nommé dès dimanche commissaire extraordinaire du gouvernement pour la logistique entourant les funérailles. «C’est comme préparer un jubilée en quelques heures», a renchéri le maire de Rome Walter Veltroni.

Face à l’afflux massif des pèlerins dans le secteur du Vatican –plus de deux millions de personnes se sont rendues depuis lundi sur la place Saint-Pierre et dans la zone environnante– les autorités romaines ont décidé de fermer l’accès à ce secteur. «Ceux qui arriveront entre cette nuit et demain n’auront aucune possibilité de suivre les funérailles à Saint-Pierre», a prévenu dès mercredi soir Guido Bertolaso, invitant les fidèles à se rendre directement à Tor Vergata. Situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Rome, ce site universitaire, qui avait déjà accueilli les pèlerins lors du Jubilée de l’an 2000, est l’un des principaux points d’accueil prévu pour l’hébergement des fidèles. Quelque 500 tentes pouvant accueillir plus de 4 000 personnes y ont déjà été installées. Et si les premiers arrivés ont bénéficié d’un lit de camp et de couvertures, plusieurs dizaines de milliers d’autres personnes qui disposent de leur propre matériel de couchage peuvent également s’installer à Tor Vergata.

Vendredi, jour des funérailles, Rome deviendra ville fermée. La circulation y sera interdite à tous les véhicules à partir de jeudi soir minuit, seuls les convois officiels et les voitures des forces de l’ordre, des médecins, des interventions urgentes sur le réseau électrique ou du gaz étant autorisées à se déplacer. «C’est un événement exceptionnel, c’est la première fois que la circulation est interdite dans toute la ville de Rome à l’intérieur du périphérique», a expliqué la mairie de la capitale italienne. L’administration publique, les écoles, les musées et les sites archéologiques resteront également fermés et la Fédération des commerçants a invité ses adhérents à ne pas ouvrir leurs magasins. La municipalité de Rome a en outre décidé d’interdire le survol de son espace aérien dans un rayon de cinq kilomètres autour de la ville. L’aéroport de Ciampino à usage militaire et civil sera fermé et le trafic de l’aéroport international de Fiumicino réduit d’environ un tiers.

Plus de 1 000 tireurs d’élite sur les toits

Pour cet événement exceptionnel, les autorités italiennes ont mobilisé tous ceux qui pouvaient l’être. La police, les carabiniers, la garde des finances et le corps des forestiers ainsi que l’armée de terre et de l’air, les services de renseignement ou encore les pompiers et les volontaires de la protection civile sont en effet sur les dents. Au total, plus de 40 000 personnes devraient être impliquées dans le dispositif mis en place pour les funérailles de Jean-Paul II. Quelque 1 500 personnes et 300 véhicules seront notamment affectés uniquement à la protection des personnalités. Et mille tireurs d’élite seront disposés sur les toits stratégiques de la capitale italienne et plus spécialement autour du Vatican. Les rondes avec les chiens spécialisés dans la détection d’explosifs ont déjà débuté et des milliers de policiers, en civil, se sont mêlés aux fidèles.

Les responsables italiens ont également prévu un dispositif militaire de défense. Des batteries de missiles antiaérien Hawk et Spada ont ainsi été déployées autour de la capitale et un navire équipé d'un dispositif similaire croise au large des côtes italiennes. L'Otan a en outre fourni un avion-radar Awacs, tandis que huit appareils de chasse patrouilleront en permanence dans le ciel de la capitale, ravitaillés par un Boeing 707. Et pour prévenir le danger d'un éventuel petit avion ou ULM, échappant au contrôle radar et trop lent pour être intercepté par les chasseurs, quatre avions spéciaux, des MB 339, et deux hélicoptères HH3F volant à faible vitesse et équipés de missiles, ont également été déployés.

Le dispositif mis en place est sans précédent et sans aucune commune mesure avec celui mis en place pour la béatification en 2003 de Mère Teresa à laquelle 250 000 fidèles avaient assisté place Saint-Pierre et qui est considérée comme l’événement qui a attiré la plus grande foule au Vatican. Plus deux millions de personnes sont en effet attendues pour les obsèques de Jean-Paul II. La zone du Vatican, qui outre le parvis de la basilique et la place Saint-Pierre comprend également l’avenue qui y mène, la via della Conciliazione, ne pouvant contenir tout au plus que 300 000 fidèles, des écrans géants ont été installés dans sept autres zones de la ville éternelle pour permettre aux centaines de milliers d’autres pèlerins de suivre le déroulement de la cérémonie.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 07/04/2005 Dernière mise à jour le 07/04/2005 à 17:56 TU