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Eglise catholique

Applaudissements pour saluer le départ de Jean-Paul II

Des milliers de fidèles sont rassemblés place Saint-Pierre samedi soir afin de prier pour la santé de Jean-Paul II, après la publication des derniers bulletins de santé alarmistes.(Photo : Olivier Da Lage)
Des milliers de fidèles sont rassemblés place Saint-Pierre samedi soir afin de prier pour la santé de Jean-Paul II, après la publication des derniers bulletins de santé alarmistes.
(Photo : Olivier Da Lage)
L’annonce de la mort du Pape est intervenue alors que des dizaines de milliers de personnes priaient pour sa santé, place Saint-Pierre. Reportage.

De notre envoyé spécial place Saint-Pierre (Vatican)

« Ave Maria, piena di grazia, il Signore è con te, tu si benedetta fra le donne e benedetto il frutto del tuo seno, Gesù », récite un cardinal, entouré de plusieurs de ses pairs rassemblés sur les escaliers devant la basilique Saint-Pierre.

« Santa Maria, madre di Dio, prega per noi peccatori, adesso e nell’ora della nostra morte. Amen », répondent en chœur les dizaines de milliers de fidèles, de pèlerins et de touristes rassemblés ce samedi soir place Saint-Pierre afin de prier pour la santé de Jean-Paul II.

Il est un peu plus de 21 heures quand commence ce rosaire, conduit par plusieurs prélats récitant en italien, à tour de rôle, le « Notre-Père » et le « Je vous salue Marie ». Dans la journée, les bulletins de santé publiés par le Vatican ont pris une tonalité de plus en plus alarmiste. Par milliers, d’abord, puis par dizaines de milliers, la place Saint-Pierre se couvre de monde. Chacun a l’œil rivé sur le dernier étage du bâtiment qui abrite les appartements du Pape. Les trois dernières fenêtres sont éclairées. C’est généralement à la deuxième fenêtre, en partant de la droite, qu’il apparaît. Mais chacun sait bien que l’on n’y verra plus jamais Jean-Paul II. Nombreux sont les présents qui tiennent une chandelle à la main. A cette heure, il serait vain de distinguer le pèlerin du touriste. Chaque touriste est, à son tour, devenu un peu pèlerin lui aussi.

« Chers frères et sœurs. Le Saint-Père a regagné la maison du Père »

Isolément, certains brandissent un drapeau polonais. Une faute de goût que personne ne songe à relever. En plus de vingt-cinq ans de pontificat, « il Polacco », le Polonais, est devenu un pape universel. Il appartient désormais à tous et chacun à travers la planète. Et d’abord aux Romains. Car au fil des années, l’évêque de Rome (le Pape l’est, par fonction) a été adopté comme l’un des leurs par les Romains.

Un groupe de cardinaux conduit le Rosaire, Place saint-Pierre, quelques minutes avant l’annonce de la mort du pape.
(Photo : Da Lage)
D’abord clairsemée, la foule s’est densifiée. Lorsque le rosaire prend fin, vers 21 h 50, la place est noire de monde. Après avoir béni la foule, un prélat recommande à chacun de poursuivre ses prières silencieusement, avant de se retrouver pour un nouveau rosaire à minuit. Le silence des dizaines de milliers de présents lui répond, impressionnant. Mais alors que la cloche du Vatican sonne dix heures, une voix douce reprend le micro :

« Chers frères et sœurs. Le Saint-Père a regagné la maison du Père. » Un bref moment de silence accompagne cette annonce, aussi subite qu’attendue, silence rompu par une salve d’applaudissements, saluant le départ de Jean-Paul II, qui, depuis plusieurs jours, a été accompagné dans son agonie par la prière de tous ceux qui sont là, à quelques centaines de mètres de sa chambre… Les applaudissements se taisent aussi soudainement qu’ils ont éclaté. Le cardinal Angelo Sodano, qui jusqu’à ces dernières minutes, était secrétaire d’État du Vatican, entame un De profundis repris par les fidèles.

Les Romains confluent vers le Vatican

Sur la place, les gens sont graves, hébétés ou encore recueillis. Certains sanglotent, sans retenue. Depuis quelques minutes, la nouvelle a fait le tour du monde, et d’abord de Rome. Toutes les rues menant au Vatican sont embouteillées. En métro, en bus, en scooter, et en voiture, les Romains rejoignent la place Saint-Pierre.

De l’autre côté du Tibre, la serveuse d’une pizzeria demande, l’air grave, à des clients : « Vous pouvez me garantir à cent pour cent qu’il est mort ? J’ai du mal à le croire. On entendrait les cloches du Vatican sonner à toute volée ». Mais les clients, qui viennent de recevoir des appels sur leur téléphone portable, confirment : Jean-Paul II est bien mort.

De l’autre côté du fleuve, le glas a bien sonné, à l’annonce de la mort du Pape. Mais il était grêle, discret, comme pour saluer décemment un départ attendu.

par Olivier  Da Lage

Article publié le 03/04/2005 Dernière mise à jour le 03/04/2005 à 19:42 TU