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Irak

La violence en nette diminution

Samedi 9 avril : manifestation pour le départ des troupes américaines. La baisse des violences encourage de plus en plus d'Irakiens à réclamer le retrait des forces étrangères.(Photo : AFP)
Samedi 9 avril : manifestation pour le départ des troupes américaines. La baisse des violences encourage de plus en plus d'Irakiens à réclamer le retrait des forces étrangères.
(Photo : AFP)
Malgré la recrudescence ces derniers jours des violences en Irak, le pays connaît en réalité une baisse considérable des attaques terroristes. Deux ans après la chute du régime de Saddam Hussein, les forces de sécurité irakiennes, mieux organisées et épaulées par les troupes de la Force multinationale, sont de plus en plus offensives contre la rébellion qui semble avoir de plus en plus de difficultés à s’imposer auprès de la population visiblement plus sensible au processus de reconstruction politique en cours.

Le spectacle de la violence désormais ordinaire en Irak ne doit pas cacher une réalité bien plus rassurante qui est celle de la nette diminution des attaques terroristes dans ce pays. Leur nombre est en effet tombé en avril à son niveau le plus bas depuis plus d’un an. Alors qu’avant les élections générales du 30 janvier, la rébellion menaient en moyenne 140 opérations par jour à travers tout le territoire, le nombre des ces attaques, aujourd’hui essentiellement cantonnées à des villes comme Mossoul, Kirkouk ou Samara, n’est plus désormais que de 40. Cette diminution a eu pour conséquence directe une baisse considérable du nombre de morts parmi les troupes de la Force multinationale. Le mois dernier, trente-six soldats américains sont ainsi tombés sous les balles de la guérilla irakienne contre cent sept en janvier. Pour les spécialistes, cette nouvelle tendance s’explique largement par le fait que la rébellion a mobilisé toutes ses forces pour faire échouer le scrutin de janvier et que depuis elle peine à se réorganiser.

La baisse considérable du nombre des attaques, le fait qu’elles échouent de plus en plus souvent à atteindre leur but, ne doit cependant pas occulter la capacité de la guérilla à frapper fort. L’attentat perpétré contre la mosquée de Hilla le 28 février dernier et qui a fait plus de cent morts est la preuve, s’il en était encore besoin, que le terrorisme est toujours actif en Irak. Deux ans après la chute du régime de Saddam Hussein, près de 1550 soldats américains ont été tués, plus de 12 000 blessés sans compter les dizaines de milliers de civils irakiens morts, victimes de l’insécurité qui a prévalu depuis l’annonce officielle, en mai 2003, de la fin des combats par le président George Bush. La situation est certes aujourd’hui loin d’être sécurisée dans tout le pays mais il est indéniable que les forces irakiennes, soutenues par les troupes de la Force multinationale, occupent de plus en plus le terrain. Et si dans le passé, il suffisait aux insurgés de se déplacer pour échapper aux soldats de la coalition, ce n’est désormais plus le cas dans la mesure où le nombre croissant de militaires et de policiers irakiens permet de maintenir une pression quasi-constante sur la rébellion.

Vers un retrait partiel des troupes américaines

Dans ce contexte, les Etats-Unis pourraient bien envisager de retirer dès le début de l’année prochaine une partie de leurs forces stationnées en Irak. Certains responsables du Pentagone évoquent un tiers des effectifs ce qui ferait passer le nombre de soldats américains de 142 000 à 105 000. Le général George Casey, l’un des commandants en chef des forces américaines à Bagdad, l’a d’ailleurs récemment confirmé sur la chaîne de télévision CNN. «Si tout va bien, nous serons en mesure d’opérer des réductions substantielles de nos forces d’ici l’an prochain», a-t-il notamment déclaré. Mais cette décision, loin de répondre à la demande des quelque 300 000 Irakiens qui ont manifesté la semaine dernière contre l’occupation américaine, semble avant tout répondre à des contingences internes. Le Pentagone cherche en effet à ramener de un an à six mois les périodes d’affectation de ses militaires en Irak afin de faciliter le recrutement devenu de plus en plus difficile en raison notamment de la pression à laquelle les soldats sont soumis sur le terrain.

Le secrétaire à la Défense a refusé cependant de fixer une quelconque date à un retrait total des troupes américaines d’Irak. «Nous n'avons pas vraiment une stratégie de sortie. Nous avons une stratégie de victoire. Notre mission ici consiste à mettre le pays sur la voie de la démocratie, de la liberté et d'un gouvernement représentatif», a ainsi déclaré Donald Rusmfeld lors d’une visite surprise mardi à Bagdad. Selon lui, un calendrier de retrait américain est lié à la capacité des forces armées irakiennes d'«assumer la responsabilité de la sécurité». Le nouveau chef de l’Etat, le Kurde Jalal Talabani, son vice-président, le sunnite Ghazi al-Yaouar, tout comme le Premier ministre désigné, Ibrahim Jaafari, se sont aussitôt empressés de défendre cette position. Tous trois ont répété ces derniers jours que les forces irakiennes, entraînées par les troupes américaines, étaient encore incapables d’assumer entièrement leur mission, rendant prématuré toute idée de retrait avant au moins fin 2006.

De sources américaines, on estime que le Pentagone a jusqu’à présent entraîné et équipé environ 70% des quelque 95 000 soldats que devrait compter la nouvelle armée irakienne. Seuls 40% des 140 000 policiers ont en revanche reçu la formation nécessaire.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 13/04/2005 Dernière mise à jour le 13/04/2005 à 18:05 TU