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Constitution européenne

Les électeurs de gauche trancheront

A quelques semaines du référendum sur le traité constitutionnel européen en France, malgré une timide progression du «oui», le «non» reste majoritaire dans les sondages.(Montage : DK/RFI)
A quelques semaines du référendum sur le traité constitutionnel européen en France, malgré une timide progression du «oui», le «non» reste majoritaire dans les sondages.
(Montage : DK/RFI)
A un mois du référendum sur la Constitution européenne, les sondages donnent toujours le «non» gagnant, même si le «oui» opère une légère remontée. Mais ils indiquent aussi que la ratification du traité, ou son rejet, par les Français dépendra surtout du choix que les sympathisants des divers mouvements de gauche, et notamment du Parti socialiste, feront finalement. Car à droite, où les intentions de vote en faveur du «oui» sont largement majoritaires, les indécis sont moins nombreux.

La guerre des sondages a commencé. Et la publication de chaque nouvelle enquête donne lieu à son lot de commentaires et de comparaisons. Il est vrai que c’est la diffusion du premier sondage où le «non» est arrivé en tête des intentions de vote pour le référendum sur la Constitution européenne qui a donné un coup d’accélérateur à la campagne. Depuis ce moment, les partisans du «oui» ont compris qu’il fallait aller au charbon pour convaincre les Français, alors que les défenseurs du «non» ont senti qu’ils pouvaient faire basculer le référendum.

Dans ce contexte, la publication récente de deux enquêtes qui font état d’une légère remontée des intentions de vote en faveur du «oui» ne peut manquer d’être pointée. Après plus de vingt sondages dans lesquels les opposants à la Constitution étaient non seulement majoritaires mais en progression, voici que les partisans du traité ont réussi à inverser la tendance. Selon une enquête Ipsos publiée le 26 avril par le Figaro, les intentions de vote en faveur du «non» chutent de trois points par rapport au sondage précédent réalisé une semaine auparavant. Certes, le «oui» reste minoritaire puisqu’il ne recueille que 48 % des intentions de vote, mais ce score pourrait donner un nouvel élan à la campagne des défenseurs de la Constitution qui ont vécu des semaines difficiles depuis la mi-mars. D’autant qu’il s’agit du deuxième frémissement en faveur du «oui». Le 21 avril déjà, une autre enquête de l’institut CSA avait constaté une chute de 4 points des intentions de vote contre la ratification du traité (52 % pour le «non», 48 % pour le «oui»).

Pas de conclusions hâtives

Il ne faut tout de même pas tirer de conclusions trop hâtives de ces résultats. Car dans le même temps, d’autres enquêtes ont mis en valeur une progression ininterrompue du camp du «non». Selon l’institut BVA, en effet, les intentions de vote contre la Constitution continuent à grimper. Les résultats d’une enquête publiée le 22 avril ont même établi une progression de cinq points du «non» qui a atteint 58 %.

Si les résultats des enquêtes sur les intentions de vote ne vont pas tous dans le même sens, l’analyse plus détaillée de l’électorat montre, en revanche, clairement les clivages politiques qui s’opèrent autour de la Constitution. Les électeurs de la droite parlementaire sont très majoritairement partisans du «oui». L’enquête réalisée par Ipsos pour le Figaro met même en valeur un renforcement récent des intentions de vote en faveur de la Constitution chez les sympathisants de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et l’Union pour la démocratie française (UDF), qui sont désormais 79 % à annoncer leur soutien au traité contre 68 % la semaine précédente.

A l’inverse, toutes les enquêtes se rejoignent pour indiquer que c’est à gauche que le «non» recrute et convainc. Le sondage Ipsos/ le Figaro indique que 60 % des électeurs de l’ensemble des partis de la gauche plurielle ont l’intention de voter contre la Constitution. Mais c’est aussi dans le camp du «non» que se trouve le plus grand nombre de sondés déclarant pouvoir encore changer d’avis (22% contre 16%). C’est donc vraisemblablement en fonction du choix des électeurs de gauche les plus indécis, socialistes notamment, que les résultats du référendum vont se jouer.

Les dirigeants du Parti socialiste, dont les sympathisants sont encore 55 % à vouloir voter «non» au référendum selon Ipsos/ Le Figaro, sont conscients de cette situation et se mobilisent afin d’essayer de changer la donne avant le 29 mai. Pour contrebalancer l’offensive des cadres du PS qui ont déserté le camp du «oui» pour rejoindre les défenseurs du «non», comme Henri Emmanuelli ou Jean-Luc Mélenchon, l’état-major du Premier secrétaire, François Hollande, a sollicité l’aide de toutes les bonnes volontés. Lionel Jospin est donc entré lui aussi dans la bataille pour la ratification de la Constitution. Il est intervenu, le 23 avril, lors d’un colloque à Paris, pour appeler les socialistes à «l’unité» et doit participer à une émission télévisée sur France 2, le 28 avril, pour expliquer son engagement en faveur du «oui». Il lui faudra trouver les bons mots pour parler aux Français s’il veut convaincre. Car pour le moment, le principal atout de la campagne des partisans du «non» c’est de mieux tenir compte des préoccupations des électeurs, de présenter des arguments plus clairs et donc d’être plus crédible que celle des défenseurs du «oui». Ce sont les sondages qui le disent.

par Valérie  Gas

Article publié le 26/04/2005 Dernière mise à jour le 26/04/2005 à 17:47 TU