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Nouvelle étape vers le clonage thérapeutique

Embryon cloné.(Photo: AFP)
Embryon cloné.
(Photo: AFP)
Une équipe de chercheurs sud-coréens a réussi à isoler des cellules souches d’embryons humains correspondant spécifiquement à l’ADN de personnes malades. Cette première scientifique ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine du clonage thérapeutique. L’étude de ces cellules souches –qui sont capables en se divisant de donner naissance à des cellules plus spécialisées qui se transformeront en tissus cérébral, musculaire ou osseux– devraient en effet permettre d’observer l’évolution de certaines maladies en laboratoire et, pourquoi pas, à terme, de soigner ces pathologies.

L’expérience réalisée par l’équipe du professeur Hwang Woo-suk a été unanimement saluée par la communauté scientifique. Pour la première fois en effet, des chercheurs ont réussi à isoler une lignée de cellules souches humaines embryonnaires taillées sur mesure pour la recherche biomédicale. Les scientifiques ont d’abord recueilli des ovules provenant de dix-huit femmes volontaires. Ils ont ensuite retiré le noyau de ces ovules qu’ils ont remplacé par l’ADN issu de cellules cutanées appartenant à des personnes souffrant de pathologies. L’ovule, dont le noyau a été remplacé, a ensuite été artificiellement stimulé pour déclencher l’embryogenèse. Sur les 185 ovules prélevés au début de l’expérience, trente et un ont pu se développer pour devenir des blastocytes. Et à partir de ces trente et un embryons de stade précoce –vieux de cinq à dix jours–, les scientifiques ont pu isoler onze lignées de cellules souches correspondant chacune à un malade de départ.

Cette performance sans précédent ouvre des perspectives importantes dans le domaine du clonage thérapeutique. L’efficacité de la technique mise au point par les scientifiques sud-coréens –son taux de réussite est sans équivalent– fait du clonage d’embryons humains une réalité, levant un premier obstacle fondamental. Lors d’une précédente expérience en 2004, l’équipe du professeur Hwang Woo-suk avait en effet utilisé 242 ovules pour obtenir 30 embryons de stade précoce dont un seul avait fourni des cellules souches cultivables in vitro.

Greffer des cellules sans risque de rejet

L’étude de ces lignées de cellules souches devrait dans un avenir proche permettre d’observer en laboratoire l’évolution de certaines maladies et de déterminer leur origine. Cette étude devrait pourquoi pas permettre de trouver des traitements plus adaptés. A titre d’exemple, l’équipe de chercheurs sud-coréens a prélevé pour cette dernière expérience des cellules cutanées appartenant à des patients souffrant de diabète, de lésions de la moelle épinière ou encore de maladie génétique du système immunitaire.

Autre avancée notable, les premières expériences menées en laboratoire ont montré une compatibilité entre le système immunitaire de chaque malade avec les lignées de cellules souches obtenues. En d’autres termes, un patient souffrant d’une pathologie susceptible d’être traitée par des greffes de cellules ou de tissus réparateurs pourra l’être sans risque de rejet par son organisme. «Les chromosomes de ces cellules souches sont normaux, s'auto-régénèrent et sont pluripotents», ce qui signifie qu'elles ont la capacité de prendre la forme de cellules de différents organes (épiderme, rétine, muscle, moelle osseuse, estomac, intestin, poumons), a en effet indiqué le professeur Hwang.

«C'est une prouesse technique incontestablement», a assuré le généticien français Axel Kahn. En février 2004, rappelle-t-il, une seule lignée avait été produite, et le matériel génétique utilisé était celui de la donneuse d'ovule, c'était de l'autoclonage. Or selon lui, «l'intérêt, ce n'est pas de faire de l'autoclonage, mais de cloner des cellules de personnes malades».


par Mounia  Daoudi

Article publié le 20/05/2005 Dernière mise à jour le 20/05/2005 à 19:29 TU