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La grogne des kiosquiers parisiens

Plusieurs dizaines de diffuseurs de presse parisiens, en grève cette semaine pour protester contre leurs conditions de travail, ont manifesté mardi Place Colette, tout près du ministère de la Culture.(Photo: AFP)
Plusieurs dizaines de diffuseurs de presse parisiens, en grève cette semaine pour protester contre leurs conditions de travail, ont manifesté mardi Place Colette, tout près du ministère de la Culture.
(Photo: AFP)
Les marchands de journaux parisiens sont en grève. Ils protestent contre leurs conditions de travail et leur rémunération. Sur les 1 040 points de vente que compte la capitale, un peu plus de 140 sont fermés depuis lundi. Ils entendent poursuivre leur mouvement toute une semaine. Cette grève perturbe la vente des journaux censée être dopée par les résultats du référendum puis le changement de gouvernement.

Trop de titres à vendre, des journées de 12 heures, des revenus trop faibles, sans oublier l’absence de toilettes… Les kiosquiers parisiens en ont assez. Près de 140 diffuseurs de presse parisiens, soit 10% de la profession de la capitale, ont baissé le rideau depuis lundi, une fermeture qui durera toute la semaine. Pour se faire entendre, les marchands de journaux multiplient également depuis deux jours les opérations coup de poing.

Mardi dans la journée, après avoir bloqué l’imprimerie du quotidien Le Monde, ils ont défilé dans les rues de Paris, à quelques dizaines de mètres du ministère de la Culture et de la Communication. Dans la nuit de mardi à mercredi, au troisième jour de grève, le Syndicat national des diffuseurs de presse (SNDP), proche de la CGT, et le Syndicat national de la librairie et de la presse (SNLP), à l’origine du mouvement, ont bloqué deux des quatre centres de distribution de la presse parisienne. Les manifestants se sont postés à l’extérieur des dépôts de Clichy (Hauts-de-Seine) et de Bobigny (Seine-Saint-Denis), les deux plus importants en termes de chiffre d'affaires, empêchant la sortie des camionnettes de livraison.

Des conditions de travail difficiles

Les kiosquiers forment une corporation dont on parle peu, mais qui est pourtant extrêmement présente dans les grandes villes. Nombreux parmi ces travailleurs indépendants connaissent des journées longues de 12 heures, des semaines à rallonge de six jours sur sept, pour un revenu net de 1 000 euros, sans parler des conditions de travail difficiles l’hiver dans un froid glacial. Ils doivent également affronter depuis peu la concurrence des grandes surfaces comme Monoprix et Carrefour qui ont mis en place des points de vente de journaux. Raisons pour lesquelles ils sont de plus en plus nombreux à abandonner le métier. Leur nombre est en constant recul depuis plusieurs années, seulement 296 kiosquiers travaillent aujourd’hui à Paris contre 355 en 2000. Soixante-dix kiosques dans la capitale restent inoccupés.

Au centre de cette grogne, deux revendications, à savoir une augmentation de 5% de la commission que les kiosquiers touchent sur chaque vente (actuellement elle varie de 15 à 20% sur le prix de vente du journal) et un meilleur réglage du volume des publications parfois excessives qu’ils sont obligés de mettre en vente en vertu de la loi Bichet. En effet, ce texte de loi de 1947 impose l'égalité d’accès et l'impartialité de traitement entre tous les titres de presse. Les vendeurs de journaux qui n’ont pas le droit de refuser la marchandise, se plaignent de devoir gérer souvent quelque 2 000 références, avec de nombreux invendus, pouvant atteindre 60 à 80% de leur stock.

Pour leur part, les Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP) rappellent que depuis janvier dernier, des nouvelles règles de gestion des titres ont été mises en place. Trois aménagements majeurs ont ainsi été mis en œuvre : plafonnement des quantités fournies par les éditeurs, retrait des titres non vendeurs dans les magasins, et retours anticipés pour désengorger les points de vente. Par exemple, si l’on constate qu’un hebdo X ne se vend pas six fois de suite, il sera automatiquement retiré du point de vente. Un redressement des kiosques parisiens est également à l’étude à la Mairie de Paris. Deux groupes de travail réunissant l’ensemble des acteurs de la profession ont été constitués et travaillent sur deux questions : l’implantation des kiosques d’une part, et la rémunération et les conditions de travail des kiosquiers d’autre part.

Même si ce mouvement de protestation ne vise pas directement les quotidiens nationaux, ils sont pourtant les premiers à en faire les frais. Cette grève tombe en effet très mal. Les lendemains d’élection et les changements de gouvernement sont traditionnellement synonymes pour la presse de ventes élevées. Pour pallier la fermeture des kiosques, plusieurs quotidiens ont ainsi organisé des ventes à la criée, les journaux Le Monde, Le Figaro et Libération ont ainsi mobilisé une trentaine de personnes.


par Myriam  Berber

Article publié le 01/06/2005 Dernière mise à jour le 01/06/2005 à 16:59 TU