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Désertification

Des arbres et de l’eau contre le sable

Le programme chinois de reboisement, «la grande muraille verte», a obtenu un certain succès puisque les surfaces désertiques ont légèrement diminué dans le pays.(Photo: AFP)
Le programme chinois de reboisement, «la grande muraille verte», a obtenu un certain succès puisque les surfaces désertiques ont légèrement diminué dans le pays.
(Photo: AFP)
Pour que la terre ne s’épuise pas définitivement, il faut savoir la ménager : adapter les pratiques agricoles aux contraintes de l’aridité, gérer le stockage et l’utilisation de l’eau, protéger la couverture végétale existante. C’est le seul moyen pour éviter d’arriver au stade de la désertification à partir duquel il est bien difficile de revenir en arrière et de faire revivre une terre morte.

Quand la terre est aride, il faut la préserver. Cela signifie adapter l’activité humaine aux contraintes d’un terrain hostile et fragile pour ne pas l’épuiser totalement. A commencer par l’agriculture. Car c’est souvent l’exploitation intensive des terres, à la fois pour l’élevage et pour les cultures, qui participe à dégrader les sols et à accélérer la désertification dans les zones hyper arides. Selon l’ONU qui vient de publier un rapport intitulé Ecosystème et bien-être humain, entre 1900 et 1950 environ 15 % des prairies des zones arides ont été converties en terres cultivables. Ce type de pratiques vise à permettre de produire suffisamment de nourriture pour répondre aux besoins des populations mais elles aboutissent au bout du compte à rendre les terres inexploitables. A trop demander, on n’obtient plus rien.

L’objectif est donc de réussir à exercer une pression moins importante en pratiquant une agriculture plus extensive grâce à la diversification des cultures ou la mise en place d’un système de rotation pour l’utilisation des champs ou des prairies, par exemple. Cette exploitation moins intense des terres doit être accompagnée d’une gestion des ressources en eau susceptible de préserver les stocks tout en assurant l’irrigation indispensable pour les cultures et l’élevage. Car il faut éviter à tout prix qu’une utilisation abusive de l’eau, à un moment donné, aboutissent à mettre en péril l’avenir d’une zone aride. L’irrigation à grande échelle peut, en effet, avoir des effets secondaires dévastateurs. Elle peut provoquer des pollutions et épuiser les nappes aquifères. Et de cette manière participer à la désertification.

760 millions d’hectares reboisés en Chine

Pour éviter la dégradation des terres, il est aussi indispensable de protéger la végétation. Car celle-ci joue un grand rôle dans la préservation des sols en évitant une érosion trop rapide. L’un des moyens employés pour réhabiliter des terres désertifiées est d’ailleurs d’engager des programmes de reboisement. En Chine, où un quart du territoire est classé en zone désertique, c’est ce que le gouvernement a fait pour tenter de redonner vie à 760 millions d’hectares de terres asséchées. Les autorités ont, d’autre part, essayé d’inciter les paysans à renoncer à leurs cultures en leur octroyant une subvention pour qu’ils acceptent de planter des arbres.

Le programme chinois de reboisement, «la grande muraille verte», a obtenu un certain succès puisque les surfaces désertiques ont légèrement diminué dans le pays (environ 37 000 km² sur plus de 2,5 millions de km²). Il reste malgré tout difficile de savoir s’il s’agit d’une reconquête viable de la terre sur le sable. Car il n’est pas évident de recréer un écosystème et de remettre la nature en branle là où elle avait perdu le combat. Pour y parvenir, il faut à la fois de la bonne volonté et des moyens. Et c’est bien là que se situe l’un des principaux problèmes. Les habitants des zones arides sont généralement très pauvres et ont besoin d’aide pour pouvoir mettre en œuvre des actions susceptibles de stopper la désertification.

Pour reboiser, ou même pour pratiquer une agriculture qui préserve les ressources de la terre, les habitants doivent avoir accès à des savoir-faire adaptés à la fois à leurs pratiques traditionnelles et aux nécessités de la préservation de l’écosystème. Mais il ne faut pas oublier que même lorsque les communautés locales sont désireuses de préserver les ressources de la terre et qu’elles savent comment le faire, elle ne peuvent pas toujours y parvenir. Lorsque des populations pastorales doivent appliquer la règle de la transhumance pour laisser la terre se reposer, qu’il n’y a pas de prairies de rechange et qu’aucune autre activité de substitution n’est envisageable, le problème est insoluble.

par Valérie  Gas

Article publié le 22/06/2005 Dernière mise à jour le 22/06/2005 à 08:01 TU