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Egypte

L’opposition peine à s’organiser contre Moubarak

L'opposition, toutes tendances confondues, multiplie les manifestations pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak.(Photo: AFP)
L'opposition, toutes tendances confondues, multiplie les manifestations pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak.
(Photo: AFP)
A moins de trois mois de l’élection présidentielle prévue en septembre, l’opposition égyptienne à le plus grand mal à fédérer ses rangs. L’Alliance nationale pour la réforme et le changement (ANRC), mise en place par la puissante confrérie des Frères musulmans –parti officiellement interdit mais toléré– pour contrer le pouvoir en place, n’a pas réussi à fédérer les adversaires du président Hosni Moubarak. Seul le parti Wafd de centre-droit a en effet accepté de s’y rallier.

Ils ont les mêmes objectifs et pourtant ils ont le plus grand mal à unir leurs forces. Car qu’ils soient de gauche ou de droite, islamistes ou nationalistes ou encore issus de la société civile, les opposants égyptiens ne rêvent en effet que d’une seule chose, le départ du président Hosni Moubarak qui règne sans partage sur le pays depuis 1981 et qui selon toute vraisemblance a bien l’intention de se représenter pour un cinquième mandat de six ans. Soumis à de fortes pressions du grand allié américain –avec deux milliards de dollars par an, l’Egypte est, après Israël, le deuxième pays de la région à bénéficier de l’aide de Washington–, le raïs a certes lâché du lest ces derniers temps en acceptant notamment que l’opposition présente des candidats à l’élection présidentielle, une première dans l’histoire de l’Egypte moderne. Mais les conditions draconiennes que doivent remplir ces candidats indépendants pour se présenter à la législature suprême en disent long sur la volonté d’ouverture du président Hosni Moubarak.

Le pouvoir en place n’entend en effet rien céder à ses adversaires qui, quelles que soient leurs convictions politiques ou idéologiques, défendent les mêmes revendications. Ils exigent ainsi la levée de l’état d’urgence en vigueur dans la république depuis l’assassinat en 1981 du président Anouar al-Sadate pour permettre notamment le libre déroulement des scrutins présidentiel et législatif de septembre et novembre. Ils réclament également l’ouverture des médias publics à l’opposition et surtout l’autorisation de plus de partis politiques. La confrérie des Frères musulmans, considérée comme le principal mouvement d’opposition au pouvoir en place, est en effet toujours interdite, même si les autorités tolèrent certaines de ses activités. Dix-neuf de ses membres siègent ainsi au Parlement sous l’étiquette d’indépendant mais leur poids reste des plus limités dans une instance qui compte 454 membres dont la majorité est affiliée au Parti national démocrate au pouvoir.

Appel à la désobéissance civile

Face à cette confiscation du pouvoir, l’opposition, toutes tendances confondues, a multiplié ces derniers mois les manifestations réclamant le départ du président Hosni Moubarak. La quasi-totalité de ses rassemblements ont été systématiquement dispersés dans la violence. Plusieurs centaines de membres des Frères musulmans ont été arrêtés et placés en détention préventive. Mais si la plupart ont été relâchés, plusieurs dirigeants nationaux du mouvement, dont son numéro 2, Mahmoud Ezzat, sont toujours derrière les verrous.

Cette violente répression n’a cependant pas entamé la détermination de l’opposition à faire valoir ses droits. Mais ces tentatives de présenter un front uni face au pouvoir semblent vouées à l’échec comme en témoigne la dernière initiative des Frères musulmans d’élaborer une plate-forme politique commune avec les principaux partis de l’opposition légale. Seule en effet la formation de centre-droit du Wafd a pour le moment accepté de se rallier à l’Alliance nationale pour la réforme et le changement que la confrérie a mis sur pied jeudi avec l’ambition de contrer l’élection du président Moubarak. Le parti Tagammou –gauche marxiste nassérienne– et le Parti nassérien –nationaliste arabe–, traditionnellement hostiles aux thèses des Frères musulmans, ont en effet refusé de participer à la réunion constitutive de cette plate-forme. Etaient absents également de ce rassemblement les membres du mouvement Kefaya – «Assez», «ça suffit», en arabe– qui s’est fait connaître en décembre en organisant les premières manifestations publiques hostiles à un nouveau mandat du raïs.

L’incapacité des Frères musulmans à rallier les autres poids lourds de l’opposition égyptienne à leur plate-forme n’a pas empêché la puissante confrérie de lancer un appel à «la désobéissance civile» pour faire barrage au président Moubarak. Une arme qu’elle a déjà brandie à maintes reprises dans le passé sans toutefois jamais passer à l’action. Et si les dirigeants islamistes n’ont pas expliqué en quoi consistait leur appel, la situation politique actuelle et la mobilisation de plus en plus forte de l’opposition laissent penser qu’ils pourraient bien passer un jour ou l’autre à l’acte.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 01/07/2005 Dernière mise à jour le 01/07/2005 à 18:29 TU