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Côte d’Ivoire

L’embarrassante mort du colonel Bakassa

Selon le chef d’état-major des armées, le général Philippe Mangou «<EM>le décès du colonel major Bakassa n’est pas lié à son interpellation</EM>».(Photo : AFP)
Selon le chef d’état-major des armées, le général Philippe Mangou «le décès du colonel major Bakassa n’est pas lié à son interpellation».
(Photo : AFP)
La mort du colonel Désiré Bakassa Traoré, interpellé quelques jours auparavant à la sortie de l’ambassade de France, relance les soupçons de brutalité sur les méthodes de l’armée ivoirienne. Pour la famille du défunt et la presse d’opposition, la garde républicaine est le coupable désigné. Le chef d’état-major est venu, dimanche soir, sur le plateau de télévision de la RTI pour s’expliquer.

Toute la presse ivoirienne en parle et tente d’établir si, oui ou non, il y a une relation de cause à effet entre la mort du colonel Désiré Bakassa Traoré, dans la nuit de samedi à dimanche dans une clinique d’Abidjan, et son interpellation dans la nuit du 28 au 29, à la sortie de l’ambassade de France. Pour Le Front, il n’y a aucun doute : le colonel Bakassa Traoré a été «arrêté et torturé par la Garde républicaine» et le journal réclame la démission du chef d’état-major. Nord-Sud ouvre ses colonnes aux témoignages et commentaires de la famille qui rappelle qu’elle n’a pas eu accès au malade lors de son hospitalisation. Tandis que Fraternité matin et L’Intelligent d’Abidjan rapporte les explications du chef d’état-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire.

En compagnie du général Laurent M’Bahia et du lieutenant-colonel et ancien porte-parole de l’armée ivoirienne Jules Yao Yao, il venait de participer à un dîner à l’occasion du départ du colonel Luc de Revel, commandant de la base militaire française à Abidjan (43ème Bataillon d’infanterie de marine, Bima). A la sortie de la mission diplomatique française, les trois hommes sont interpellés par des éléments de la Garde républicaine sur ordre du chef d’état-major et conduits à l’état-major de l’armée ivoirienne.

Selon elle, l’interpellation est justifiée en raison du fait que les trois hommes n’avaient pas prévenu leur hiérarchie de leur dîner à la résidence de France. L’arrestation est brève : les trois officiers supérieurs sont retenus environ une heure et demie. Sur ce point les témoignages convergent. En revanche, c’est sur la façon dont les appréhendés ont été traités que les points de vue divergent. Selon les informations publiées par la presse ivoirienne, les trois hommes ont été molestés. Jules Yao Yao confirme qu’il a été brutalisé et déclare qu’après avoir été relâché, il s’est rendu à l’infirmerie de la compagnie togolaise des Casques bleus pour y recevoir des soins après les coups dans le dos qu’il venait de recevoir.

«En toute sincérité, mon général, il ne m’est rien arrivé»

Officiellement, le colonel Bakassa a succombé à «un arrêt cardiaque dû à des complications respiratoires». Selon une source militaire française citée par Libération, «il était gravement malade». Le conseiller du président Gbagbo pour les questions de défense et de sécurité déclare qu’il ne connaît pas l’origine du décès du colonel Bakassa. Dimanche à 20 heures, le chef d’état-major des armées, le général Philippe Mangou, s’explique sur les ondes de la Radio-télévision ivoirienne. Selon lui, «le décès du colonel major Bakassa n’est pas lié à son interpellation».

Il déclare l’avoir reçu, en compagnie de Jules Yao Yao, le vendredi 1er juillet. Il confirme que le lieutenant-colonel Yao s’est plaint des mauvais traitements qui lui ont été infligés. Il déclare avoir posé la question à l’officier Bakassa dont il a, affirme-t-il, obtenu la réponse suivante : «en toute sincérité, mon général, il ne m’est rien arrivé». A propos de l’invitation des trois hommes à l’ambassade de France, Philippe Mangou rappelle que «cette manière de faire était contraire aux principes de l’armée, parce qu’il leur fallait pour s’y rendre une autorisation de leur chef hiérarchique». Pour le général Mangou, «on ne se rend pas chez une personnalité étrangère nuitamment, sans autorisation des chefs hiérarchiques dans le contexte actuel avec des personnes civiles qui sont impliquées dans la crise».


par Georges  Abou

Article publié le 04/07/2005 Dernière mise à jour le 04/07/2005 à 16:31 TU