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Une patronne pour les patrons

Laurence Parisot, PDG de l'institut de sondage IFOP, succède à Ernest-Antoine Seillère à la présidence du Medef.(Photo: AFP)
Laurence Parisot, PDG de l'institut de sondage IFOP, succède à Ernest-Antoine Seillère à la présidence du Medef.
(Photo: AFP)
Le Medef, l’organisation qui représente les patrons français, s’est choisi un nouveau président. La grande favorite du scrutin Laurence Parisot l’a emporté face aux deux autres candidats Hugues-Arnaud Mayer et Yvon Jacob. Grande première dans l’histoire, c’est une femme qui se retrouve à la tête de la principale organisation patronale en France. Agée de 45 ans, Laurence Parisot, présidente de l’institut de sondages Ifop, est présentée comme une ultra-libérale qui veut réformer en profondeur le Code du travail.

Sans grand suspense, c’est bien une femme, l’actuelle présidente de l’institut de sondages IFOP Laurence Parisot qui se retrouve à la tête du Medef (Mouvement des entreprises de France). Réunis en assemblée générale extraordinaire au Cnit à la Défense, près de Paris, les 540 grands électeurs ont choisi mardi 5 juillet, par un vote électronique, Laurence Parisot pour prendre la présidence de l’organisation patronale pour un mandat de cinq ans. Laurence Parisot, 45 ans, a été élue au premier tour de scrutin avec 271 voix alors que la majorité requise était de 255 voix. Elle succède à Ernest-Antoine Seillière qui a dirigé le patronat français pendant sept ans.

Cette nomination n’est pas une surprise. La présidente de l’institut de sondages Ifop était donnée favorite depuis que le vote du conseil exécutif du Medef qui, le 30 mai dernier, l’a placée en tête de liste devant les deux autres candidats Hugues-Arnaud Mayer, gérant de l’entreprise de literie Abeil  et Yvon Jacob, président du conseil de surveillance de Legris Industries. C’est à une femme de communication qui plaide pour une organisation patronale plus «ouverte» sur la société que les grands électeurs ont décidé de confier la direction du Medef. 

Relancer le dialogue social

La carrière de Laurence Parisot est consacrée depuis des années à cette organisation. Elle est entrée en 2003 au Medef à la demande d’ Ernest-Antoine Seillière qui l’a nommée au conseil exécutif et au bureau de l’organisation patronale. En l'espace de deux ans, elle se fait progressivement connaître sur le terrain, en multipliant notamment les visites en province. Elle fait également partie du cercle restreint des collaborateurs du président sortant Ernest-Antoine Seillière qui lui a apporté son soutien. Elle a été également appuyée par des grands patrons comme Michel Pébereau (BNP Paribas), Claude Bébéar (AXA), François Pinault (PPR) ainsi que par des fédérations professionnelles comme celles du BTP (Bâtiment et travaux publics) et du Groupement des professions de services (GPS) qui rassemblent notamment la banque et l’assurance.

Fille et petite-fille d’industriels, diplômée en droit et en sciences politiques, Laurence Parisot a été directrice générale de l’institut Louis Harris à 26 ans, puis PDG de l’Ifop à 30 ans. Elle dirige également l’entreprise familiale de portes coulissantes Optimum, tout en siégeant à plusieurs conseils d'administration de grandes entreprises, telles que Michelin ou Euro Disney et, depuis peu, Havas.

L’arrivée d’une femme à la tête du patronat français est une petite révolution. Lobbyiste efficace, au service des intérêts des grandes entreprises et du CAC 40, la présidence d’Ernest-Antoine Seillière restera marquée par un patronat très dominateur et par la bataille qu’il a menée tout au long de son mandat contre les 35 heures. Une page se tourne. La nouvelle patronne du Medef aura la lourde charge de relancer le dialogue avec les centrales syndicales et de réconcilier les Français avec l’entreprise.

Les attentes son très fortes de ce côté-là. Pour la secrétaire nationale de la CFDT Annie Thomas, l'élection d'une femme à la tête du Medef est «un progrès». Mais il faut que Laurence Parisot s'attache «très vite à relancer le dialogue social». Même constat pour la CFE-CGC qui espère «un dialogue social plus efficace» qu'avec son prédécesseur. Un défi de taille pour cette femme au sourire charmeur et aux grands yeux bleus dont l’une des remarques ultra-libérales en début d’année a fait grand bruit : «la liberté de penser s’arrête là où commence le droit du travail». Et c’est justement le grand chantier d’importance qu’elle souhaite lancer : une réforme en profondeur du Code du travail. Laurence Parisot a indiqué que le Medef allait faire des propositions pour «moderniser» le droit du travail, afin de concilier «la prise de risque» pour les entreprises avec «la protection des individus».


par Myriam  Berber

Article publié le 05/07/2005 Dernière mise à jour le 05/07/2005 à 15:51 TU

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Francine Quentin

Envoyée spéciale au CNIT, Paris la Défense

«C'est une victoire haut la main de la première femme à porter le titre de patronne des patrons pour cinq ans.»

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