Côte d'Ivoire
Inquiétantes attaques
«Nous avons détruit et récupéré des véhicules. Nous avons fait également des prisonniers à Agboville. Nous allons les filmer, ensuite nous allons les amener à Abidjan», déclarait lundi le chef d’état-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci), le général de brigade Philippe Mangou. Pour sa part, il se garde bien de désigner les anciens rebelles des Forces nouvelles, avec lesquels il vient d’ailleurs de contresigner un nouveau calendrier de désarmement, le 9 juillet dernier. Reste donc à attendre les conclusions des interrogatoires. Mais déjà, les esprits se sont échauffés dans le camp gouvernemental où, dimanche, le chef des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé avait lancé un appel télévisé aux partisans du président ivoirien Laurent Gbagbo pour qu’ils se «mobilisent». Pour sa part, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi Nguessan a très vite accusé les Forces nouvelles. Celles-ci objectent qu’il «n'y a aucun élément des Forces nouvelles présents dans ces zones-là». Leur porte-parole, Alain Lobognon, ajoute que «les derniers événements survenus en zone gouvernementale ne sauraient remettre en cause les engagements des FN dans le processus de paix».
Dispositif militaire allégé à Abidjan
Dimanche, les Fanci ont annoncé la reprise d’Agboville «à 17 heures 32». Lundi, le dispositif militaire déployé dans le centre-ville d’Abidjan a été allégé. Le porte-parole de la force française Licorne, le lieutenant-colonel Philippe de Cussac, indiquait alors que «des soldats français sont partis ce matin vers Agboville pour faire la jonction avec des casques bleus marocains de l'Onuci afin de sécuriser la ville et ses environs comme le demande la résolution 1609 des Nations unies». Dimanche soir, un communiqué de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) avait condamné «vivement cette action injustifiable qui risque d'hypothéquer les importants progrès enregistrés dans le processus de paix particulièrement après la dernière réunion de Pretoria». Officiellement, les «forces impartiales» n’ont pas identifié les auteurs des attaques. Mais elles redoutent que ces événements entraînent la «détérioration d'une situation déjà très préoccupante». Sur place, comme l’explique le chef de la force Licorne, le général ElrikIrastorza, l’objectif sera de «comprendre ce qui se passe et de faire comprendre aux gens qu'on ne peut pas circuler en toute impunité sur ce territoire».
Pour sa part, le secrétaire général des FN, Guillaume Soro, venait d’arriver dans son fief de Bouaké (au Centre), jeudi, après cinq mois passés hors du pays. Dimanche, pendant les événements d’Agboville, il était occupé à remettre «des épaulettes à ses soldats», à commencer par son chef d’état-major, le colonel Soumaïla Bakayoko, élevé au grade de général de brigade, en même temps que le transfuge, Michel Gueu. Les FN ont en effet procédé au «deuxième avancement de [leurs] combattants» qui devraient commencer, le 31 juillet, à rejoindre des sites de pré-regroupement, conformément au nouveau calendrier de DDR (Désarmement-Démobilisation-Réintégration) issu de Pretoria II. L’opération doit être complètement bouclée le 3 octobre, juste le temps de la campagne pour les présidentielles du 30 octobre. Le 15 juillet, la promulgation des lois électorales par le président Gbagbo était censée lever le dernier obstacle politique au retour du ministre de la Communication Soro dans le gouvernement de Réconciliation nationale. Les événements d’Anyama et d’Agboville sèment à nouveau le trouble.
Depuis dimanche, les Fanci «demandent, premièrement, à tous leurs éléments de regagner immédiatement leurs casernes. Deuxièmement, aux populations de garder le calme et la sérénité». Lundi, un calme inquiet régnait sur le théâtre des événements du week-end où les «forces impartiales» doivent enquêter. Abidjan se perd en conjectures sur l’identité et les objectifs du mystérieux commando d’Anyama qui s’est volatilisé à Agboville.
par Monique Mas
Article publié le 25/07/2005 Dernière mise à jour le 25/07/2005 à 17:14 TU