Côte d’Ivoire
Accord sur le désarmement à Yamoussoukro
(Photo: AFP)
Les détails de l’accord ne sont pas tous connus mais le principe est acquis : un calendrier a été adopté pour permettre le désarmement des milices d’ici l’élection présidentielle prévue le 30 octobre 2005. Les chefs des Forces armées ivoiriennes (Fanci, gouvernement), le général Philippe Mangou, et des Forces nouvelles (rébellion), le colonel Soumaïla Bakayako, ont paraphé samedi 9 juillet devant la presse, le document qui concrétise leur accord. Ce compromis a été obtenu après trois jours de négociations entre les délégations du gouvernement et des rebelles, dans la ville de Yamoussoukro. Ces pourparlers ont été suivis par plusieurs observateurs : le chef de la Force française Licorne en Côte d’Ivoire, le général Elrick Irastorza, le commandant de l’Onuci, le général Abdoulaye Fall, et des experts militaires sud-africains.
Les deux parties ivoiriennes ont donc établi un «chronogramme» qui devrait permettre d’obtenir finalement le désarmement des combattants des deux camps, 42 500 chez les Forces nouvelles et 5 500 dans l’armée ivoirienne, indispensable pour mener à son terme un processus électoral. Une premier accord sur cette question qui prévoyait d’opérer ce désarmement dans une période s’étalant du 27 juin au 10 août avait été obtenu en mai dernier mais avait été rompu par la rébellion insatisfaite des blocages mis en œuvre par le pouvoir.
Respecter la déclaration de Pretoria IILe compromis réalisé à Yamoussokro devrait permettre, selon le coordinateur du Programme national désarmement, démobilisation et réinsertion (PNDDR), Alain Donwahi, de respecter les termes de la déclaration de Pretoria II, signée par l’ensemble des parties ivoiriennes au mois de juin 2005. Ce document prévoit que le désarmement des milices pro-gouvernementales doit être achevé avant le 20 août, comme l’ont exigé les Forces nouvelles pour accepter de procéder ensuite au désarmement de leurs propres combattants. Ce processus de démobilisation qui prévoit plusieurs étapes, regroupement des combattants sur des sites déterminés, identification, désarmement et réinsertion, avait aussi été lié, dans Pretoria II, à l’adoption par le Parlement d’amendements à la loi électorale avant le 15 juillet. Notamment pour permettre la création d’une Commission électorale indépendante. Un communiqué publié à l’issue du conseil des ministres, vendredi 8 juillet, a indiqué sur ce point que le président Laurent Gbagbo avait annoncé son intention de «prendre les dispositions en vue de l’adoption des textes législatifs restant à prendre dans le cadre de la sortie de crise». Il semble aussi que le problème de la sécurité des ministres des Forces nouvelles ait pu être résolu de manière à ce que ces derniers, qui craignaient pour leur vie, puissent se rendre à Abidjan.
La conclusion de cet accord a été saluée. Le général Abdoulaye Fall a adressé ses «félicitations» aux signataires, en espérant que «les actions concrètes suivront». Même son de cloche du côté du général Irastorza qui a manifesté sa satisfaction en déclarant : «Ce sont les derniers mètres qui sont les plus durs. Je crois qu’on a pris en compte les préoccupations des uns et des autres en toute intelligence». Alain Donwahi a, pour sa part, estimé que cet accord représentait un pas en avant important. Il a ainsi expliqué : «La paix est véritablement sur les rails pour que les élections puissent se tenir le 30 octobre comme indiqué par l’accord de Pretoria». Reste maintenant aux principaux intéressés à respecter les engagements pour ne pas avoir à affronter un nouvel échec de dernière minute et offrir une chance à la Côte d’Ivoire de sortir de la crise qu’elle traverse depuis 2002.
par Myriam Berber
Article publié le 10/07/2005 Dernière mise à jour le 10/07/2005 à 19:26 TU