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Colombie

Uribe enclin à négocier avec les Farc

Principale guérilla du pays avec 17 000 hommes, les Farc retiennent quelque 1 600 otages.Photo : AFP
Principale guérilla du pays avec 17 000 hommes, les Farc retiennent quelque 1 600 otages.
Photo : AFP
Le gouvernement colombien s’est dit prêt à ouvrir des négociations avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), mardi à Bogota, par la voix de son Haut commissaire pour la paix, Luis Carlos Restrepo. Un échange entre les 500 guérilleros emprisonnés et les otages pourrait alors être organisé « le plus rapidement possible » et sans « aucune condition » avec la guérilla marxiste. A moins d’un an de l’élection présidentielle, il semble que le président Alvaro Uribe cherche à regagner l’estime des électeurs colombiens, en frappant fort, quelques heures après la promulgation controversée d’une loi d’amnistie partielle, pour les milices paramilitaires, baptisée « Justice et paix ».

C’est une première en Colombie : le gouvernement du président Alvaro Uribe a accepté mardi « une rencontre directe et immédiate», et sans condition avec les Farc, afin d’« évoquer un échange » entre les rebelles incarcérés et les otages. « J'ai reçu des instructions de la part du président pour me réunir avec les Farc dans l’endroit qu'ils choisiront, au jour et à l'heure qu'ils établiront et selon les conditions de sécurité qui les rassurent », a déclaré mardi soir le commissaire gouvernemental Luis Carlos Restrepo, avant d’ajouter : « Il y a une décision du gouvernement de progresser rapidement en vue d'un accord humanitaire et je suis prêt aujourd'hui, demain, à conclure cet accord afin de permettre le retour des séquestrés à la maison ». M. Restrepo a par ailleurs « souhaité que les Farc fassent de leur côté un geste de bonne volonté ». Outre ces déclarations de bon vouloir, le gouvernement a également accepté que la Croix rouge et un accompagnement international soient présents lors des prochaines négociations, de même qu’une médiation composée d’un membre de l’église catholique et de l’ancien président, Alfonso Lopez Michelsen.

Ces déclarations encourageantes pour les proches des quelque 1 600 otages, selon les autorités, interviennent juste après que le président Uribe a reçu une délégation de familles. Cette concomitance n’est pas un hasard : quelques heures plus tôt, cette même délégation avait remis une pétition au procureur général, en faveur d’un tel échange. Parmi ces familles, figurait notamment Yolanda Pulecio, la mère de la franco-colombienne Ingrid Bétancourt. L'ancienne candidate des Verts à l'élection présidentielle en Colombie avait été enlevée le 23 février 2002 près de Florencia, à 600 km au sud de Bogota, peu après la rupture d'une trêve entre l'armée et la guérilla. Au début du mois, déjà, un représentant français avait rencontré un des chefs de la guérilla maoïste, Raul Reyes, pour intercéder en faveur de sa libération.

Première libération depuis quatre ans

Principale guérilla du pays avec un effectif de 17 000 hommes, répartis sur 120 fronts, les Farc figurent sur la liste des organisations terroristes dressée par les Etats-Unis et l’Union européenne. Ces derniers jours, les guérilleros avaient néanmoins fait preuve d’une bonne volonté quasi-inédite, en libérant, pour la première fois en quatre ans, un soldat de l’armée colombienne, le 20 juillet dernier. Depuis des mois, le gouvernement comme la guérilla avaient assuré à tour de rôle qu’ils étaient favorables à un échange, tout en s’affrontant constamment sur ses modalités, notamment sur les lieux de négociation. Autre point d’achoppement, Alvaro Uribe, victime indirecte de la rébellion maoïste qui a kidnappé et tué son père, refusait jusqu’à présent de libérer les membres des Farc condamnés pour meurtres et pour enlèvements, parmi les 500 hommes incarcérés.

Le quotidien de référence El Tiempo analyse cette nouvelle orientation diplomatique comme un « virage dans la posture radicale » du président Uribe, qui vient « juste de refermer un des chapitres les plus controversés de sa gestion » : celui de la loi « Justice et paix », qui vise depuis mardi à désarmer les milices paramilitaires en échange d’une amnistie partielle. Uribe a certes fait grimper sa cote de popularité en multipliant les offensives contre la guérilla, mais le nombre de ses victimes n’a pas diminué pour autant. Or, le président au pouvoir depuis mai 2002, entend bien briguer un second mandat, lors de prochaines élections qui se tiendront l’année prochaine. Et sceller la paix avec une guérilla qui hante le pays depuis plus de 40 ans ne peut que lui faire gagner des suffrages.


par Julie  Connan

Article publié le 27/07/2005 Dernière mise à jour le 27/07/2005 à 18:15 TU