Côte d'Ivoire
La plupart des assaillants seraient Maliens et Burkinabé
Photo : AFP
Sur la quarantaine d’assaillants présumés des localités d’Anyama et d’Agboville, une dizaine d’entre eux ont été exhibés à la presse et auraient reconnu les faits qui leur sont reprochés. Les forces de l’ordre avaient repris le contrôle de la situation après un siège de quelques heures tenu par les assaillants qui auraient perdu 17 des leurs. Selon les autorités ivoiriennes, 7 agents des forces de l’ordre auraient été tués. Les mêmes sources militaires indiquent l’ouverture d’une enquête, car même si des assaillants sont arrêtés les commanditaires de l’opération restent «mystérieux».
Le Premier ministre Seydou Diarra qui déplore que de tels événements interviennent à trois mois de l’élection présidentielle et au moment où les partis politiques se sont engagés dans un processus de retour progressif à la paix. «Les auteurs ne doivent pas rester impunis», estime Seydou Diarra qui demande par ailleurs à l’Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) de diligenter une enquête sur ces événements, malgré celle ouverte par le Tribunal militaire d’Abidjan.
Tous les partis politiques ont dénoncé les attaques du week-end dernier à l’exception du Front populaire ivoirien (FPI) au pouvoir qui, par la voix de son président Pascal Affi Nguessan, a nommément accusé les Forces nouvelles d’être les commanditaires de l’événement. Ces affirmations ont reçu un écho particulier auprès des supporters du pouvoir qui les ont raccrochées aux déclarations du commissaire du gouvernement, Ange Kessi, qui affirme, pour sa part, que la plupart des assaillants sont de nationalité «malienne et burkinabé». Ces déclarations exacerbent les antagonismes interethniques et les premières conséquences sont immédiates.
Un climat de guérilla urbaineLes «Jeunes patriotes», farouches défenseurs du président Laurent Gbagbo, ont repris du service en empêchant toute manifestation de l’opposition. Selon la presse abidjanaise, certains élus des partis d’opposition auraient été molestés. Des expéditions de «Jeunes patriotes» qui se dirigeaient vers le siège du Rassemblement des républicains (RDR) et du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) auraient été empêchées par les forces de l’ordre et des brigades constituées par des militants desdits partis.
A Agboville, le théâtre des événements sanglants du week-end, la peur s’installe dans la ville. Les rues sont désertes, la plupart des commerces restent fermés, malgré le calme et le quadrillage de la ville par les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci). Le chef de l’Onuci, le général Abdoulaye Fall et le chef d’état-major des Fanci, le général Philippe Mangou se sont rencontrés à Agboville afin de préciser la collaboration des leurs différentes unités pour un retour au calme dans la ville. A quelques dizaines de kilomètres sur la route d’Agboville, ce sont les soldats de l’opération française Licorne qui procèdent à un contrôle et une fouille systématique des véhicules.
Par ailleurs, lors d’une allocution, le président Gbagbo qui n’a pas spécifiquement commenté les événements du week-end, invite les leaders de l’opposition à un débat contradictoire sur la politique en Côte d’Ivoire. Il a aussi critiqué la gestion de ses prédécesseurs à la tête de l’Etat et fait l’éloge de son ancien Premier ministre, Pascal Affi Nguessan, aujourd’hui président du FPI. Laurent Gbagbo a retrouvé sa verve d’opposant et son discours a déjà un air de campagne électorale.
par Didier Samson
Article publié le 27/07/2005 Dernière mise à jour le 27/07/2005 à 18:41 TU