Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Proche-Orient

Le baroud d’honneur des colons

L’armée et la police israéliennes ont commencé à déployer leurs forces et multiplient les exercices pour prévenir les affrontements avec les colons.(Photo : AFP)
L’armée et la police israéliennes ont commencé à déployer leurs forces et multiplient les exercices pour prévenir les affrontements avec les colons.
(Photo : AFP)
A deux semaines de l’évacuation des vingt et une colonies de la bande de Gaza et de quatre petites implantations du nord de la Cisjordanie, les opposants au plan de retrait d’Ariel Sharon vont une nouvelle fois tenter de mobiliser leurs troupes pour empêcher son application. Malgré l’interdiction des autorités, les colons ont en effet prévu une nouvelle marche mardi dans le but de rallier le Goush Katif, le principal bloc de colonies de ce Territoire palestinien. Soucieux d’empêcher tout débordement qui retarderait la date de l’évacuation de la bande de Gaza, l’armée et la police ont de leur côté commencé à déployer des forces d’une ampleur sans précédent.

Même si leur dernière grande manifestation s’est terminée sur un constat d’échec –la mobilisation était en deça de leurs espérances–, les opposants au plan de retrait de Gaza ne veulent pas s’avouer vaincus pour autant. Bravant l’interdit des autorités, le Conseil des implantations juives (Yesha) a en effet appelé à une nouvelle marche mardi vers les colonies du Goush Katif grâce à laquelle il espère torpiller l’évacuation de ce Territoire palestinien. Les manifestants ont prévu de se retrouver à Sderot, une ville du sud d’Israël régulièrement sous le feu des roquettes artisanales des groupes radicaux palestiniens, et à Okafim, une localité distante d’une quinzaine de kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza et donc hors de portée de ces tirs. «Notre objectif est d’annuler le plan d’expulsion des habitants juifs par tous les moyens légaux et nous n’avons pas l’intention de forcer les barrages de police», avait cru bon préciser la semaine dernière, Bentzi Lieberman, le président du Conseil. «Si nous le pouvons, nous tenterons de rejoindre nos frères héroïques dans les implantations», avait-il toutefois ajouté.

Et c’est justement la crainte de voir déferler les ultra-nationalistes dans la bande de Gaza qui a poussé les autorités à interdire cette manifestation. La police a ainsi reçu dimanche le feu vert du conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazouz, pour prendre toutes les mesures adéquates afin d’empêcher la marche vers les colonies. Elle a d’ores et déjà menacé d’interdire les rassemblements prévus à Sderot et Okafim, en bloquant notamment les routes y menant et en empêchant les autobus des manifestants d’y accéder si ces derniers ne s’engageaient pas à rebrousser chemin une fois terminée leur démonstration de force. Les autorités semblent avoir ainsi renoncé à laisser les opposants au plan de retrait s’exprimer de crainte de voir les plus radicaux d’entre eux profiter de l’occasion pour se rendre dans les colonies de Gaza pour empêcher leur évacuation. «Les opposants au plan de désengagement invoquent la démocratie mais en fait nous sommes en face d’une véritable tentative de forcer la main au gouvernement et de l’empêcher d’appliquer une décision du Parlement», s’est ainsi indigné le vice-Premier ministre Ehoud Olmert, l’un des plus proches collaborateurs d’Ariel Sharon.

Plus de la moitié des colons prêts à partir

Manifestation ou non, l’armée et la police ont commencé à déployer dans le sud du pays des forces d’une ampleur sans précédent. En tout, 25 000 hommes –17 000 militaires et 8 000 policiers et gardes-frontières– vont stationner le long de la frontière avec la bande de Gaza pour empêcher quiconque de pénétrer dans ce territoire d’ores et déjà décrété zone militaire fermée.

Selon les derniers chiffres officiels arrêtés la semaine dernière, environ 750 familles –sur les 1 800 devant être évacuées de la bande de Gaza et du nord de la Cisjordanie– ont d’ores et déjà accepté les propositions d’indemnisation et de relogement du gouvernement. Les autorités estiment que de nombreuses autres familles seraient également prêtes à partir mais refusent pour le moment de se faire connaître par crainte des condamnations de leurs voisins. «N’ayez pas la faiblesse de croire que le désengagement n’aura pas lieu ou qu’il sera reporté», a prévenu lundi Ariel Sharon en annonçant que plus de la moitié des colons appelés à quitter leur résidence s’étaient déjà fait connaître des autorités. «Nous sommes à la dernière minute. Vous devez présenter vos demandes de compensation sans plus tarder. Chaque jour qui passe est un jour perdu. Préparez-vous à l’évacuation et au jour suivant», a insisté le Premier ministre. 

En charge de l’évacuation de la bande de Gaza, le chef du commandement sud d’Israël, le général Dan Harel a d’ores et déjà averti qu’à partir du 15 août à minuit la présence d’Israéliens dans ce Territoire palestinien serait «illégale». «Des équipes de l’armée se rendront auprès des résidents toujours en place pour les avertir qu’ils ont quarante-huit heures pour partir conformément à la décision du gouvernement», a-t-il également annoncé. Les colons récalcitrants qui refuseront toujours de partir après ce délai ont tout à perdre, ont déjà prévenu les autorités. Ils n’auront notamment plus droit à l’indemnité destinée à couvrir leurs frais de déménagement, soit une somme allant de 3 100 à 6 000 dollars par famille. Ils risquent également de perdre une autre allocation d’un montant de 1 060 dollars par année de résidence versée à toute personne à partir de l’âge de vingt et un ans. Ainsi, pour un couple installé depuis vingt ans dans une colonie, le montant de cette indemnisation peut atteindre 45 000 dollars. 


par Mounia  Daoudi

Article publié le 01/08/2005 Dernière mise à jour le 10/08/2005 à 13:23 TU