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Proche-Orient

L'engagement croissant des Américains

Alors que sous la première présidence de George W. Bush elle s’était ouvertement désintéressée de la situation au Proche-Orient, l’administration américaine semble aujourd’hui déterminée à relancer le processus de paix israélo-palestinien. Depuis sa nomination en février dernier au secrétariat d’Etat, Condoleezza s’est déjà rendue à trois reprises dans la région. Elle a même effectué aujourd’hui une visite surprise de quelques heures à Beyrouth pour témoigner le soutien américain aux Libanais, débarrassés depuis peu de la tutelle syrienne.

La visite en Israël et dans les Territoires palestiniens de la secrétaire d’Etat américaine n’était pas du tout à l’ordre du jour. Mais la brusque dégradation de la situation sécuritaire dans la région a poussé Condoleezza Rice à bouleverser son programme et à écourter son voyage en Afrique pour se rendre pour la deuxième fois en moins d’un mois sur place. Si un doute subsistait encore sur l’intérêt porté par l’administration Bush au dossier israélo-palestinien, il n’est désormais plus permis. «Les Américains veulent s’assurer que tout se passera bien durant le retrait –de la bande de Gaza– et prouver à Tony Blair, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne, que les Etats-Unis sont vraiment impliqués dans ce dossier et répondre ainsi à ceux qui estiment qu’ils ne font rien sur ce front», a confié à ce sujet un responsable du cabinet du Premier ministre israélien Ariel Sharon.

Autre signe de ce nouvel engagement américain au Proche-Orient, la convocation d’une conférence internationale au lendemain de l’évacuation des vingt et une colonies juives de la bande de Gaza et du démantèlement de quatre petites implantations du nord de la Cisjordanie prévus pour débuter dans moins d’un mois. Le quotidien Haaretz a en effet révélé vendredi que les Etats-Unis souhaitaient donner un coup de pouce à ce retrait en organisant une telle rencontre dont l’un des objectifs serait de stimuler les relations entre Israël, les Etats d’Europe du Nord et les pays arabes. Selon ce journal, la chef de la diplomatie américaine aurait informé son homologue israélien Sylvan Shalom de ce projet –qui serait co-organisé avec la Russie– lors de leur rencontre jeudi soir, peu après son arrivée dans la région. Si l’information n’a pas été confirmée par l’entourage de Mme Rice, le ministre israélien a de son côté déclaré que la secrétaire d’Etat avait exprimé le souhait de relancer, après le retrait, «des négociations multilatérales avec la participation de pays du Maghreb et du Golfe souhaitant établir des relations avec Israël ou coopérer avec lui à des projets régionaux portant sur la santé, l’environnement, le commerce ou l’agriculture». S’exprimant sous le couvert de l’anonymat, un haut diplomate israélien a reconnu que «les mois à venir procureront une fenêtre d’opportunité pour une amélioration de la normalisation des relations entre l’Etat hébreu et les pays arabes». Ce responsable a confié qu’Israël espérait voir l’ouverture prochaine de nouvelles représentations de pays arabes.

Pied de nez à Damas

Mais le dossier israélo-palestinien n’est pas le seul dans la région à mobiliser l’administration américaine qui n’a pas ménagé ces derniers temps ses critiques à l’encontre de la Syrie, accusée régulièrement d’être une base-arrière pour la guérilla irakienne. Soumis aux fortes pression de Washington mais aussi de Paris et de la rue libanaise, le régime de Bachar al-Assad s’était résigné il y a deux mois à quitter le pays du Cèdre après trois décennies de présence militaire. Mais le départ des troupes syriennes n’a visiblement pas été jugé suffisant par l’administration américaine qui a une nouvelle accusé jeudi Damas de chercher notamment à étouffer économiquement son petit voisin. Washington s’est ainsi déclaré «profondément troublé» par la décision syrienne d’interdire –officiellement pour des raisons de sécurité– le transit des camions en provenance du Liban. «Ce n’est qu’un nouvel exemple des ingérences syriennes au Liban. Le gouvernement de Damas indique non seulement aux Libanais, mais aussi au reste du monde, qu’il tente toujours de mener le jeu dans son pays», a affirmé aux Nations unies un représentant américain.  

Dans ce contexte, la visite inopinée de Condoleezza Rice vendredi à Beyrouth s’apparente à un pied de nez au régime de Damas. La secrétaire d’Etat est arrivée en début d’après-midi dans la capitale libanaise, trois jours exactement après la formation du nouveau gouvernement de Fouad Signora, un proche de Saad Hariri –le fils de l’ancien Premier ministre assassiné– dont le courant forme le premier groupe parlementaire du pays après sa victoire aux législatives de mai-juin. «Cette visite est avant tout l’occasion de féliciter les Libanais pour leurs aspirations à la démocratie et le fait qu’ils aient continué à aller de l’avant, jusqu’à la formation d’un gouvernement», a notamment déclaré Condoleezza Rice. La secrétaire d’Etat a également saisi l’occasion pour demander à Beyrouth mais aussi à Damas de mettre en oeuvre toutes les dispositions de la résolution 1559 des Nations unies qui, outre le départ des troupes syriennes du Liban, exige le désarmement des milices. Organisation principalement pointée du doigt, le Hezbollah, qualifié de «terroriste» par Washington et qui pour la première fois participe à un gouvernement au Liban. Autant dire que cette demande de Condoleezza Rice s’apparente à un vœu pieux.

Après Beyrouth, la secrétaire d’Etat américaine doit se rendre à Ramallah où elle s’entretiendra samedi avec le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas du retrait de la bande de Gaza mais aussi de l’aide économique aux Palestiniens.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 22/07/2005 Dernière mise à jour le 10/08/2005 à 13:22 TU