Transport aérien
Accident de Toronto : après le miracle, l’interrogation
(Photo : AFP)
Ils ont échappé au pire : les 309 passagers du vol AF 358 à destination de Toronto, dans l’Ontario, ont bien failli venir allonger la liste sordide des victimes de crashes aériens. Atterrissage chaotique, scènes de panique, flammes, orage et piste inondée, tous les ingrédients étaient réunis pour que le vol se termine en drame, lors de son atterrissage à l’aéroport de Pearson. Par chance et professionnalisme, les 297 passagers, - parmi lesquels figuraient 101 Français - , et 12 membres d’équipage ont pu être évacués, avant qu’un incendie ne se déclare dans l’avion. Après une sortie de piste sur environ 200 mètres, l’appareil a terminé sa course folle dans un fossé jouxtant l’autoroute 401, l’une des principales artères du pays. Si la catastrophe n’a miraculeusement fait aucune victime, une quarantaine de personnes ont tout de même été légèrement blessées.
A première vue, les conditions météorologiques pourraient donc constituer un des éléments d’explication. Quelques heures après l’accident, les rescapés ont commencé à raconter le déroulement du vol, pour tenter de comprendre les causes de ce drame évité de justesse. Selon plusieurs témoignages, le vol se serait déroulé normalement, jusqu’au freinage et à l’atterrissage sur une piste inondée, augmentant les risques d’aquaplaning. Au moment de l’accident, l’aéroport menacé par la foudre se trouvait en état d’«alerte rouge». Ce dispositif qui provoque l’arrêt des activités au sol, aurait été enclenché «pendant 30 minutes maximum», selon le directeur exécutif d’Air France, Pierre-Henri Gongeon. Peu de temps avant le crash, «l'aéroport a été rouvert sous la responsabilité des autorités canadiennes», a déclaré le PDG de la compagnie aérienne, Jean-Cyril Spinetta, avant de prendre l’avion pour Toronto, en compagnie d’une trentaine de personnes, dont une équipe médicale et des employés de maintenance. Selon, M. Spinetta qui s’est voulu prudent, il semble que les pilotes de l’avion et la tour de contrôle de l’aéroport ne se soient pas affrontés sur l’opportunité d’atterrir sur la piste. «On nous a dit que l'avion s'est probablement posé trop tard sur la piste d'atterrissage», a déclaré pour sa part le ministre canadien des Transports, Jean Lapierre, cité par le quotidien Globe and Mail.
Une piste très courte
L’enquête menée conjointement par le Bureau enquêtes accident (BEA) et les autorités de l’aviation civile canadienne doit déterminer dans les jours à venir les causes de la catastrophe et le rôle éventuel joué par le mauvais temps. Selon le quotidien canadien Toronto Star, l’inspection de l’épave devait commencer dès mercredi. Entre 10 et 15 enquêteurs canadiens sont arrivés ce matin à Ottawa. Leur priorité étant bien sûr de retrouver les deux boîtes noires, susceptibles d’avoir enregistré les voix du personnel de vol et des traces des instruments de mesure. Dans un premier temps, ils interrogeront les passagers, les contrôleurs aériens ainsi que des météorologues. Pour François Grangier, expert aéronautique interrogé par l’AFP, «il s'agit d'un mélange de conditions atmosphériques, de phénomènes liés à l'orage, d'état de la piste, et de longueur de piste également parce que c'est la 24 gauche qui avait été utilisée, c'est la piste la plus courte à Toronto», longue de 2 743 mètres.
Mis à mal par cet accident, Air France a précisé que l’A340 avait quitté le tarmac parisien sans aucun problème technique, sa dernière inspection ayant eu lieu le 5 juillet dernier. La compagnie a également assuré du professionnalisme de son personnel de vol. Le constructeur de l’avion, Airbus Industrie, s’est quant à lui refusé à tout commentaire, avant les conclusions de l’enquête. C’est le premier accident d'un avion d'Air France depuis celui du Concorde en juillet 2000 à son décollage de l'aéroport de Roissy.
par Julie Connan
Article publié le 03/08/2005 Dernière mise à jour le 03/08/2005 à 16:29 TU