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Le Concorde avait un défaut

Depuis 1979 un <EM>«défaut important»</EM> de l’avion supersonique avait été repéré. 

		(Photo : AFP)
Depuis 1979 un «défaut important» de l’avion supersonique avait été repéré.
(Photo : AFP)
Le rapport rendu par le parquet de Pontoise sur le crash du Concorde, près de l’aéroport de Roissy en juillet 2000, dans lequel 113 personnes ont perdu la vie, met en évidence un «défaut important» de l’avion supersonique. Repéré depuis 1979, il n’avait fait l’objet d’aucune modification avant l’accident. La responsabilité de la compagnie aérienne américaine Continental Airlines est aussi évoquée. C’est, en effet, une pièce métallique tombée de l’un de ses avions qui a provoqué l’explosion du pneu du Concorde à partir de laquelle se sont enchaînés des incidents qui ont abouti au crash.

Pas de «vice de conception», mais un «défaut important». Le Concorde avait, selon le rapport du parquet de Pontoise, une faiblesse au niveau de l’intrados (surface intérieure) de l’aile et des réservoirs de carburant, sujets à une exposition «à des chocs multiples en cas d’éclatement de pneus ou de roues». Soit exactement le type d’incident à l’origine du crash du Concorde en juillet 2000 au-dessus de la ville de Gonesse près de Paris. Ce problème a été repéré dès 1979 mais n’a jamais été pris en compte concrètement. Les experts ont cherché des solutions mais aucune modification n’a été réalisée pendant plus de vingt ans pour pallier cette défaillance, dont une note interne de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) du 10 août 1979 indique pourtant qu’elle était susceptible de provoquer des accidents. 

Plusieurs incidents sont d’ailleurs survenus à cause de ce défaut. Sur les 67 ruptures de pneus enregistrées sur des Concorde avant 2000, 24 ont provoqué des impacts sur la carlingue et dans 7 cas, les réservoirs de carburant ont été percés. Malgré ces alertes à répétition, personne n’a demandé des améliorations pour diminuer les risques, qu’il s’agisse du constructeur (Aérosptaiale), de l’autorité administrative ou du Bureau Enquêtes-Analyses (BEA).

Cette situation est particulièrement surprenante et des investigations vont continuer à être menées par la gendarmerie du transport aérien, à la demande du juge d’instruction Regnard en charge du dossier, afin de déterminer les raisons pour lesquelles «les défauts du Concorde n’ont pas été traités comme ils l’auraient dû l’être». Le résultat de cette enquête devrait être connu d’ici le mois de mai 2005.


Pièce métallique tombée de l’un des avions de la compagnie aérienne américaine Continental Airlines. 

		(Photo : AFP)
Pièce métallique tombée de l’un des avions de la compagnie aérienne américaine Continental Airlines.
(Photo : AFP)

Des responsables de Continental Airlines vont être entendus

Il s’agira de déterminer les éventuelles «responsabilités indirectes» dans cette affaire au niveau d’Air France, de l’Aérospatiale ou de la DGAC. Mais pour le moment aucune mise en cause de ces intervenants n’a été évoquée. Comme l’a expliqué l’un des avocats des parties civiles, Maître Roland Rappaport : «Pour l’instant la question est posée, elle aurait pu ne pas l’être». Tout comme celle de la formation des équipages volant sur le Concorde. Le rapport du parquet de Pontoise insiste, en effet, aussi sur les déficiences identifiées dans ce domaine. Le procureur de la République du Val-d’Oise, Xavier Sarlat, a fait valoir que des «imperfections ont été relevées en matière d’encadrement et de formation des équipages Concorde». L’hypothèse d’un lien entre les mauvaises manœuvres réalisées par le commandant de bord au moment du décollage du Concorde qui s’est écrasé et ces lacunes, est donc aussi envisagée. Le rapport précise en effet notamment que le commandant de bord a commencé «un rotation à une vitesse trop faible» et que l’officier mécanicien a coupé «trop rapidement» le réacteur numéro 2.

Pour le moment néanmoins, c’est sur la compagnie Continental Airlines que s’exerce la plus forte pression à la suite de la publication du rapport du parquet. L’engrenage qui a conduit au crash du Concorde a, en effet, débuté à cause de la présence sur la piste d’envol d’une pièce métallique tombée d’un DC-10 affrété par cette compagnie aérienne américaine, qui a provoqué la coupure du pneu de l’appareil avec toutes les conséquences qui s’en sont suivies. A savoir un embrasement du réservoir percé par des débris de pneus. Cette pièce fabriquée dans un alliage de titane n’était pas d’origine. Et le rapport indique que son utilisation pour remplacer une lamelle qui était en aluminium, un métal plus malléable, «n’avait pas été autorisée par la Direction de l’aviation civile américaine».

Du coup, plusieurs membres du personnel de Continental Airlines doivent être entendus par la justice française entre février et mars 2005. Il s’agit du technicien qui a monté la lamelle, de son supérieur hiérarchique qui a surveillé la réparation, du responsable de la maintenance et de deux dirigeants de la compagnie. Continental Airlines a réagi immédiatement en niant toute responsabilité dans l’accident du Concorde. Elle a aussi démenti le fait que ses employés pourraient être poursuivis dans cette affaire. Une hypothèse pourtant envisagée par les avocats des parties civiles qui ont évoqué de possibles mises en examen.


par Valérie  Gas

Article publié le 15/12/2004 Dernière mise à jour le 19/11/2005 à 14:55 TU