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Concorde

La fin annoncée du supersonique

Les jours du Concorde semblent être comptés. British Airways, la seule compagnie aérienne à exploiter cet avion avec Air France, a annoncé qu’elle était en train d’étudier la possibilité de mettre un terme à la carrière de l’appareil. Depuis l’accident de Gonesse qui a coûté la vie à 113 personnes en juillet 2000, l’avenir du supersonique n’en finit pas d’être remis en cause au gré des incidents techniques et de la désaffection des passagers.
Les Concorde de British Airways sont certifiés jusqu’en 2009. Mais il paraît de moins en moins sûr que la compagnie aérienne britannique continue à exploiter les sept appareils de sa flotte supersonique jusqu’à cette date. British Airways a ainsi confirmé, il y a quelques jours, les rumeurs sur un éventuel retrait du Concorde dans un communiqué qui affirme qu’elle étudie sérieusement cette possibilité. Aucune date n’a été avancée pour le moment mais la porte du hangar pourrait bien se refermer définitivement plus tôt que prévu pour le grand oiseau blanc qui a fait la fierté des ingénieurs français et britanniques pendant de nombreuses années.

Il est vrai que le Concorde est dans une mauvaise passe depuis trois ans. L’accident de l’un des avions d’Air France au décollage de l’aéroport de Roissy, le 25 juillet 2000, premier du genre pour ce type d’appareils, a eu l’effet d’un électrochoc. Le Concorde que l’on assimilait jusque-là à un prodige technologique infaillible est tout à coup tombé de son piédestal. Il est apparu sous le jour d’un avion complexe et vieillissant ayant besoin d’un check up complet pour pouvoir prendre l’air à nouveau sans danger pour les passagers.

Vitres fissurées, pertes de gouvernail, pannes de moteur

Suspendus pendant plusieurs mois, les vols ont finalement repris. Mais tout n’est pas rentré dans l’ordre pour autant. Plusieurs incidents techniques sont venus émailler les trajets du Concorde. Depuis le 7 novembre 2001, date de la reprise des vols commerciaux du supersonique, on en a répertorié neuf. Le dernier a eu lieu le 27 février sur un appareil d’Air France qui a perdu un élément de sa gouverne de direction entre Paris et New York. La semaine précédente, c’est un problème de moteur qui a contraint un Concorde qui effectuait le même trajet à atterrir en urgence au Canada. Le 27 novembre, un appareil de British Airways a lui aussi perdu, pour la cinquième fois, un morceau de gouvernail en vol. En octobre, un appareil a été obligé de diminuer sa vitesse en plein ciel après l’apparition d’une fissure dans la vitre d’un hublot…

Les compagnies ont joué la carte de la sérénité en affirmant qu’il n’y avait eu ni danger ni perturbation pour les passagers qui, au pire, ont subi un peu de retard. Sur le vol détourné vers le Canada, il semble tout de même que la panne de moteur ait entraîné une chute brutale de l’appareil d’environ 7 000 mètres et provoqué une véritable panique parmi les passagers.

Cette succession d’incidents ajoutée une baisse des réservations, ont certainement contribué à forger la conviction des responsables de British Airways que le moment était propice à une réflexion sur l’avenir du Concorde. Les chiffres de fréquentation des vols indiquent, en effet, que les avions décollent souvent sans faire le plein de passagers. Chez Air France, le taux de remplissage est de 50 %. British Airways préfère, quant à elle, garder les statistiques de fréquentation secrètes. Mais il semblerait qu’elles ne soient pas meilleures que chez Air France. On a même évoqué le fait que la moitié des équipages des Concorde britanniques avaient déjà été réaffectés sur d’autres vols. Une information que British Airways a pourtant démenti.

Aux problèmes de la fiabilité technique et de la sécurité s’ajoute donc aujourd’hui celui de la rentabilité commerciale d’appareils dont l’entretien coûte trop cher pour ce qu’ils rapportent. Le principal attrait du Concorde, sa rapidité (moins de 4 heures pour faire Paris-New York), ne suffit plus aujourd’hui pour convaincre la clientèle-cible de ces avions : les riches hommes d’affaires pressés. Dans ce contexte, la compagnie aérienne britannique estime donc que «ce n’est que prudence de réfléchir à une éventuelle date de retrait du Concorde». Si la décision était finalement prise dans les prochains mois, cela ne manquerait pas d’influencer Air France qui, pour le moment, affirme qu’elle n’envisage pas de modifier le programme d’exploitation du supersonique.



par Valérie  Gas

Article publié le 03/03/2003