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Concorde

Cloués au sol

Les vols supersoniques d'Air France restent suspendus «jusqu'à nouvel ordre». L'enquête sur les causes du crash du Concorde a progressé jeudi 3 août avec des révélations sur la découverte de débris d'une pièce installée sur le train d'atterrissage. Mais l'enquête risque d'être longue.
La pièce s'appelle un déflecteur, c'est un volet anti-projections installé sur le train d'atterrissage et qui sert à éviter les projections d'eau en cas de pluie, de gravillons ou de pneus éclatés dans les réacteurs. Il s'agit d'une pièce légère, de moins de cinq kilos, «un élément de l'enquête», précisait jeudi le Bureau enquêtes-accidents.

Selon le quotidien américain USA Today, les enquêteurs chercheraient à déterminer si cette pièce a pu percer le réservoir, causant une importante fuite de carburant. Toujours selon ce journal, à la suite d'un incident similaire survenu sur un Concorde de British Airways en 1993 sur l'aéroport londonien de Heathrow, la compagnie britannique a modifié en 1995 ses déflecteurs, contrairement à Air France. En 1979, deux pneus d'un Concorde d'Air France avaient éclaté au décollage à Washington.

Dix jours après la catastrophe qui a coûté la vie à 113 personnes à Gonesse, l'enquête progresse. Il est aujourd'hui quasiment établi qu'au moins un pneu a explosé, qu'une fuite de carburant a alimenté un incendie, que le train d'atterrissage a eu des difficultés et que des problèmes de moteur sont survenus. En revanche, l'enchaînement de tous ces éléments n'est pas encore déterminé. D'ici là, les cinq Concorde exploités par Air France resteront dans les hangars de l'aéroport de Roissy.

L'appareil accidenté le 25 juillet dernier sera reconstitué dans une base aéronavale de la région parisienne, et sur les lieux de l'accident, les enquêteurs mettent sous scellés tous les débris. Par ailleurs, la gendarmerie a lancé un appel à témoins et près de 300 personnes sont en cours d'audition.

C'est donc tout l'avenir de l'avion supersonique qui est en jeu, suspendu aux conclusions des experts.

De son côté, la compagnie British Airways maintient ses vols comme elle l'a fait dès le lendemain du crash du Concorde d'Air France, et ce, en dépit de trois incidents survenus le week-end dernier. Aussitôt après la catastrophe, plusieurs questions autour de la sécurité dans les airs mais aussi à terre se sont posées. Les habitants de la ville de Gonesse, épargnée de justesse par le Concorde qui s'est écrasé sur un hôtel, ont soulevé celle de la suppression des aéroports urbains. Et la question de la nécessité d'un troisième aéroport français pour désengorger le trafic parisien a resurgi. Le ministre français des Transports s'est engagé à donner sa réponse sur la pertinence de troisième aéroport «avant la fin de l'été».



par Sylvie  Berruet

Article publié le 04/08/2000