Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Concorde

La fin de Concorde ?

Les Bureaux enquêtes-accidents français et britannique ont recommandé conjointement la suspension du certificat de navigabilité du Concorde. En théorie, il ne s'agit que d'une suspension et non d'une révocation. Mais cette suspension pourrait bien être définitive.
En annonçant la suspension des vols de Concorde, le directeur de British Airways avait vendu la mèche : sur recommandation du Bureau enquêtes-accidents français et de son homologue britannique, l'Air Accidents Investigation Branch, les autorités de l'aviation civile en France et en Grande Bretagne s'apprêtaient à suspendre le certificat de navigabilité de l'appareil supersonique.

Les autorités aériennes des deux pays ont pris cette décision « en attendant qu'aient été mises en place des mesures appropriées garantissant un niveau de sécurité satisfaisant en ce qui concerne le risque lié aux destructions de pneumatiques », a précisé le BEA. Selon un responsable britannique, la reprise éventuelle des vols de Concorde se fera plutôt dans plusieurs mois que plusieurs semaines. Ce responsable, Mike Bell, chargé des normes de fabrication au sein de la direction de l'Aviation civile britannique, se dit néanmoins optimiste à plus long terme : «Nous espérons que l'enquête va permettre d'apporter les modifications permettant à l'appareil de voler à nouveau». Même tonalité en France où le ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot, a dit qu'il n'était «pas pessimiste» en ce qui concerne l'avenir de Concorde.

Les journaux français et britanniques ne partagent pas cet optimisme, ni même cette absence de pessimisme. Pour de nombreux observateurs, la suspension sine die décidée par Londres et Paris signe la fin définitive des vols du supersonique franco-britannique. Techniquement, le CDN, ce fameux certificat de navigabilité est un «permis de vol» délivré par les autorités de certification au terme d'une procédure longue et minutieuse comprenant des essais au sol et des essais en vol. Sans le CDN, un avion ne peut prendre l'air.

Si les résultats de l'enquête des experts du Bureau enquêtes-accidents concluaient à la nécessité de modifications importantes sur Concorde, une nouvelle procédure de certification pourrait s'avérer nécessaire avant que la suspension soit levée. Cela reste naturellement possible, en théorie. Pratiquement, c'est une autre affaire. On imagine mal les autorités françaises et britanniques se lancer dans une nouvelle certification d'un avion en toute hypothèse en fin de parcours. Initialement, Air France et British Airways envisageaient de retirer Concorde de l'exploitation en 2012. L'enjeu financier et commercial n'en vaut sans doute pas la peine, s'agissant d'un appareil dont la conception remonte au début des années soixante et la magie du seul supersonique commercial a été sérieusement mise à mal par les nombreuses zones d'ombre entourant les circonstances de l'accident du 25 juillet.

Reste la possibilité que les experts du BEA, qui doivent rendre leur rapport fin août, préconisent une levée de la suspension du CDN après des modifications mineures, mais il se trouve peu de gens pour croire à une hypothèse aussi optimiste. La plus vraisemblable est que Concorde prenne désormais la direction du musée de l'Air et que son chapitre se referme dans les livres d'histoire de l'aviation.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 16/08/2000