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Inde/Pakistan

Accords sur le nucléaire

La mesure spectaculaire la plus concrète dans le rapprochement des deux puissances, a été la mise en place d'une ligne de bus reliant Lahore et Delhi.(Photo: AFP)
La mesure spectaculaire la plus concrète dans le rapprochement des deux puissances, a été la mise en place d'une ligne de bus reliant Lahore et Delhi.
(Photo: AFP)
Après cette troisième rencontre bilatérale, l’Inde et le Pakistan poursuivent leur avancée dans le processus de paix, initié en janvier 2004. Les pourparlers avaient déjà commencé en juin et décembre de l’année dernière, illustrant le réchauffement, certes timide, des relations entre les deux puissances nucléaires. La mesure spectaculaire la plus concrète avait été la mise en place d’une ligne de bus, en avril dernier, reliant les deux parties du Cachemire divisé entre Islamabad et New Delhi, une première historique depuis la partition en 1947. Cette fois-ci, les deux rivaux sont convenus d’adopter ou de renforcer certaines mesures concernant leur technologie nucléaire.

De notre correspondante à New-Dheli

Le but de l’accord, c’est avant tout se rassurer sur les intentions nucléaires de chacun. En 1998, Islamabad et New Delhi avaient tous deux conduit des tests nucléaires, qui leur avaient valu des sanctions économiques internationales, maintenant levées. C’est la première fois que des mesures de ce type sont prises entre les deux grandes puissances et ce, dans une «atmosphère cordiale et constructive» d’après le porte-parole du Ministère indien des Affaires Etrangères.

Le geste symbolique mais néanmoins significatif de cette rencontre, c’est la mise en place d’un téléphone rouge, prévue pour le mois de septembre, à l’instar de la ligne instaurée pendant la guerre froide entre Moscou et Washington. Grâce à ce moyen de communication, les secrétaires aux Affaires étrangères, les plus hauts diplomates indien et pakistanais avant le ministre, pourront se prévenir à l’avance de tout tir d’essai de missiles balistiques à quarante kilomètres de chaque côté de la frontière. Ils se sont aussi entendus sur la non-violation de l’espace aérien à moins de dix kilomètres sans accord mutuel. Un téléphone d’urgence existe déjà entre les dirigeants militaires des deux pays, mais il a été décidé que son efficacité serait améliorée.

Poursuite du cessez-le-feu

Parmi les autres mesures d’établissement de la confiance, figure l’organisation de réunions mensuelles entre hauts commandants militaires le long de la Ligne de Contrôle, qui divise le Cachemire en deux, sur quatre points frontaliers. Cette décision, déjà approuvée par principe en décembre dernier à Islamabad, est destinée à éviter tout échange de coup de feu superflu et chasser toute ambiguïté sur les ordres venant de l’Inde ou du Pakistan. Elle a aussi pour but de continuer à faire respecter le cessez-le-feu de la ligne de contrôle, en vigueur depuis novembre 2004, un cessez-le-feu qui a été prolongé lors de cette rencontre pour deux nouvelles années.

New Delhi et Islamabad ont aussi décidé d’arrêter la construction de postes militaires, de tranchées ou de bunkers le long de la ligne de contrôle. Néanmoins, la construction de barbelés côté indien n’est remise en cause. Un accord sur les opérations permettant le «retour rapide» des personnes traversant par «inadvertance» la ligne de contrôle a aussi été conclu. Par contre, la question de réduction des troupes de part et d’autre de la frontière n’a pas été proposée. A ce jour, l’armée pakistanaise estime qu’il y aurait près de 700 000 hommes des forces de sécurité indienne dans la région, mais les officiels indiens eux, s’en tiennent au chiffre de 500 000 militaires. Le Pakistan aurait placé 50 000 hommes au Cachemire.

Les deux voisins se sont affrontés par trois fois depuis l’indépendance en 1947. L’attaque du Parlement indien en 2001 par des séparatistes cachemiris a failli déclencher une nouvelle guerre. Mais depuis le processus de paix commencé en janvier 2004, les relations dans le domaine sportif, commercial et des transports se sont améliorées. Sauf, comme toujours, la question du Cachemire qui empoisonne continuellement les relations entre les deux puissances nucléaires. Peu de progrès ont été faits pour trouver des solutions à la résolution du statut de cette région himalayenne, laissant la place aux interventions sanglantes des guérillas extrémistes militant pour l’indépendance du Cachemire ou comme le groupe Lashkar-e-Toiba, pour l’instauration de la loi islamique dans le sous-continent indien.


par Marie  Perruchet

Article publié le 09/08/2005 Dernière mise à jour le 09/08/2005 à 16:57 TU