Transport aérien
La Martinique en deuil
(photo : AFP)
L’avion qui transportait huit membres d’équipage colombiens et 152 passagers français, originaires de Martinique, était parti du Panama pour rallier Fort-de-France. Il n’y a aucun survivant. Le président français Jacques Chirac qui a fait part de «sa très vive émotion», a appelé son homologue vénézuélien Hugo Chavez pour qu’il fasse «le maximum pour savoir ce qui s’est exactement passé». Le ministre français de l’Outre-Mer, François Baroin est arrivé, à Fort-de-France mercredi matin, pour rencontrer les familles des victimes. Il devrait également se rendre dans la journée sur les lieux de la catastrophe au Venezuela.
La difficile identification des victimes
A première vue, des problèmes mécaniques ou un manque de carburant sont les premières hypothèses pour expliquer le crash du McDonnel-Douglas 82. Selon les autorités de Caracas, une heure après le décollage, le commandant de bord aurait rencontré un problème technique avec l’un des deux réacteurs, puis quelques minutes plus tard, avec le second. L’appareil a alors commencé à descendre à très grande vitesse «à raison de 7 000 pieds par minute», soit environ 2 000 mètres par minute. L’appareil explose ensuite en plein vol, au dessus d’une zone montagneuse à l’ouest du Venezuela. Les rares témoins racontent avoir vu «une immense boule de feu» avant d’entendre «une forte explosion».
Selon les premiers éléments d’information, les passagers n’avaient aucune chance de survie, en raison de la violence du choc. Les premières dépouilles mortelles laissent prévoir un travail difficile d’identification des victimes. S’agissant de l’enquête, trois experts français du Bureau d’enquêtes de l’aviation civile (BEA) ont été dépêchés sur place pour prêter main forte aux enquêteurs vénézuéliens et colombiens. L’enquête devrait déterminer dans les jours à venir les causes de l’accident, et comment notamment les deux réacteurs du MD-82 ont pu cesser de fonctionner en même temps. L’une des boîtes noires contenant l’enregistrement des données du vol et un équipement radio ont été retrouvés, leur analyse devrait apporter une réponse aux premières interrogations. Mais «pour l’heure, c’est le flou total», a reconnu le substitut du procureur chargé de l’enquête.
Tous les soupçons s’orientent vers la petite compagnie aérienne colombienne West Caribbean Airways en difficultés financières et déjà sanctionnée par les autorités colombiennes en juillet dernier pour des erreurs dans la maintenance de ses appareils. Les autorités françaises ont précisé que l’avion, un McDonnel Douglas (MD-82), avait été contrôlé à deux reprises depuis le printemps par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et n’avait fait l’objet «d’aucune observation particulière». Pourtant en mars dernier, l’un des appareils de la West Caribbean, un Let L-410 s’était écrasé dans les collines près de Providencia en Colombie, tuant deux membres d’équipage et six passagers. Cette nouvelle catastrophe aérienne qui intervient deux jours seulement après le crash d’un Boeing 737 appartenant à la petite société chypriote Helios, soulève des questions sur la sécurité des compagnies «low cost». Le débat sur la création d’un «label bleu» pour les compagnies réputées les plus sûres resurgit. Il avait été annoncé en 2004 après l’accident du charter égyptien Flash Airlines à Charm-el Cheikh. Pour l’heure, ce dispositif est toujours à l’état de projet.
par Myriam Berber
Article publié le 17/08/2005 Dernière mise à jour le 17/08/2005 à 16:20 TU