Proche-Orient
Sharon reconnaît le droit des Palestiniens à un Etat
(Photo : AFP)
Visiblement ému, le Premier ministre israélien a affirmé que la recherche de la paix était désormais sa priorité pour les années à venir. Ariel Sharon, qui peut s’enorgueillir d’avoir mené avec succès le retrait de la bande de Gaza, a toutefois estimé que la balle était désormais dans le camp palestinien. «Maintenant, c'est au tour des Palestiniens de donner des preuves de leur désir de paix», a-t-il en effet déclaré devant la communauté internationale réunie en sommet à New York pour célébrer le soixantième anniversaire des Nations unies. «Le test le plus important auquel les dirigeants palestiniens auront à faire face est de remplir leur engagement à mettre un terme au terrorisme et à ses infrastructures, à éliminer le régime anarchique des gangs armés et à cesser l'endoctrinement et l'incitation à la haine envers Israël et les juifs», a-t-il également ajouté.
Le message est on ne peut plus clair. Tant que des progrès conséquents ne seront pas réalisés en matière de sécurité dans la bande de Gaza, désormais sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, les pourparlers de paix ne reprendront pas. Une position que semble partager l’administration américaine. Recevant en marge du sommet de l’ONU «son ami» Ariel Sharon, le président Bush a ainsi convenu qu’il «serait plus facile d’avancer sur la Feuille de route –ce plan de paix international qui prévoyait la création en 2005 d’un Etat palestinien– si l’Autorité palestinienne respecte les principes de bonne gouvernance et s’attaque au terrorisme».
Une chose semble toutefois désormais acquise : la création à terme d’un Etat palestinien. Ariel Sharon a en effet officiellement reconnu devant ses pairs que les Palestiniens avaient droit à leur propre Etat. «Les Palestiniens seront toujours nos voisins. Nous les respectons et n'aspirons pas à les gouverner. Ils ont également droit à la liberté et à une existence nationale et souveraine dans un Etat qui soit le leur», a-t-il déclaré. Mais le Premier ministre a également clairement défini les lignes rouges à ne pas franchir. Il a ainsi une nouvelle fois affirmé que Jérusalem était la «capitale unie et éternelle» d’Israël alors que les Palestiniens sont toujours aussi déterminés à faire de la partie orientale de la ville sainte la capitale de leur futur Etat. Et il insisté sur le fait que son gouvernement n’avait pas l’intention de renoncer à construire sa très controversée «barrière de sécurité» qui s’enfonce en Cisjordanie et dont le tracé a été déclaré illégal en 2004 par la Cour internationale de justice de La Haye. «Nous continuerons à la construire jusqu’à ce qu’elle soit achevée», a en effet affirmé Ariel Sharon devant l’Assemblée générale des Nations unies. L’assistance lui a réservé des applaudissements courtois tandis que le chef de la diplomatie palestinienne, Nasser al-Kidwa, gardait les bras ostensiblement croisés.
«Un discours de relations publiques»
Et pour cause, le discours prononcé par le Premier ministre israélien n’a fait que confirmer les craintes des Palestiniens, inquiets de voir dans le retrait de la bande de Gaza une fin et non un premier pas dans la direction d’une relance des pourparlers de paix. Réagissant aux propos d’Ariel Sharon à la tribune de l’ONU, ils ont accusé ce dernier d'exploiter l’évacuation de ce Territoire pour redorer son blason auprès de la communauté internationale sans avancer sur la voie de la paix. «C'était un discours de relations publiques destiné à exploiter le retrait de la bande de Gaza pour engranger des gains diplomatiques, ni plus ni moins», ainsi estimé le ministre palestinien du Plan, Ghassan Al-Khatib. «La poursuite de la politique de colonisation et la construction du mur font que les propos de Sharon sont sans crédibilité», a-t-il ajouté, qualifiant le discours du Premier ministre de «décevant». Ce responsable a également affirmé que les Palestiniens auraient sans aucun doute préféré qu’Israël se dise prêt, après le retrait, «à reprendre les négociations bilatérales sur la base de la Feuille de route», ce plan de paix international resté lettre morte depuis son lancement à l'été 2003
Commentant les propos d’Ariel Sharon sur le droit des Palestiniens à avoir leur propre Etat, le négociateur en chef Saëb Erakat a, de son côté, appelé le chef du gouvernement israélien à joindre l'acte à la parole. «Il ne suffit pas de faire des déclarations. Il faut mettre fin à l'occupation et à la colonisation», a-t-il déclaré. Selon lui, la priorité aujourd’hui est en effet à «la relance du processus de paix en vue d'un règlement permanent fixant les frontières, le statut de Jérusalem et celui des réfugiés palestiniens». Un point de vue qui est loin d’être celui des Israéliens qui refusent de retourner à la table des négociations tant que l’Autorité palestinienne n’aura pas désarmé les milices radicales.
par Mounia Daoudi
Article publié le 16/09/2005 Dernière mise à jour le 16/09/2005 à 18:00 TU