Togo
Faure Gnassingbé annonce la tenue prochaine des élections législatives
(Photo: AFP)
Après son élection à la tête du pays, le 24 avril dernier, Faure Gnassingbé avait tout de suite annoncé son intention «de réconcilier les Togolais». Il avait appelé de ses vœux un gouvernement d’union nationale, mais l’opposition qui contestait les conditions dans lesquelles la succession du général Eyadéma avait été organisée et les résultats du scrutin, a catégoriquement rejeté les appels du nouveau président. Le qualifiant «de fils héritier du trône» plus que de «président démocratiquement élu» elle ne s’est pas retrouvée non plus autour d’un plan d’action commun. Les partis politiques dans leur ensemble ont tablé sur l’asphyxie du régime par les «sanctions européennes» et les accusations répétées des organisations de défense des droits de l’Homme pour suppléer à leurs insuffisances.
En effet, malgré la tenue de l’élection présidentielle, l’Union européenne avait maintenu les sanctions économiques contre le Togo, puis avait rétabli partiellement ses relations avec Lomé en affirmant qu’elle apprécierait les évolutions politiques sur pièces. Le pouvoir togolais a saisi cette ouverture pour affirmer qu’il poursuivrait le respect des vingt-deux engagements pris par le précédent gouvernement. Une délégation de l’Union européenne s’était même rendue à Lomé. Gilles Desesquelle, le chargé d’Affaires de l’UE au Togo, n’excluait pas une participation à l’organisation des législatives si le recensement électoral s’effectuait «en bonne et due forme».
Faure Gnassingbé peaufine son imageSelon Karl Gaba, membre de l’association «Initiatives 150» résidant en France, «le président Faure Gnassingbé joue sur la désorganisation d’une opposition KO debout, et cherche à franchir les obstacles de l’Union européenne et redorer son blason face aux associations de défense des droits de l’Homme». C’est dans cette optique qu’il faut analyser l’annonce des prochaines législatives sans qu’aucune date ne soit fixée. D’ailleurs, cette annonce a tout de suite été relativisée par un préalable. «Avant, il y a la grande question de la réconciliation des forces politiques que nous essayons aussi de promouvoir. Pour cela, nous avons mis en place une commission qui est chargée de faire des propositions sur la manière dont nous devons honorer la mémoire des héros du Togo», a déclaré Faure Gnassingbé. Le gouvernement togolais avait annoncé le 8 septembre dernier la création d’une commission de «réflexion pour la réhabilitation des grands hommes du pays». On pense à Sylvanus Olympio, père de l’opposant Gilchrist Olympio et premier président du Togo tué en 1963 lors d’un coup d’Etat mené par Gnassingbé Eyadéma. Il est aussi question de réhabiliter Nicolas Grunitsky renversé par le même Eyadéma en 1967, lequel a finalement gardé lui-même le pouvoir jusqu’à sa mort le 5 février 2005.
La nomination des nouveaux membres de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), l’organe de régulation des médias, fait partie aussi de la stratégie du nouveau pouvoir consistant à racheter crédibilité et confiance sur la scène internationale. Sur le plan national, le pouvoir continue de marquer des points contre une opposition qui marche toujours en rangs dispersés. Les plus radicaux rejettent d’ores et déjà l’idée d’élections législatives si «la constitution n’est pas révisée et si les instances de surveillance des différentes consultations ne sont pas désignées dans un cadre consensuel».par Didier Samson
Article publié le 21/09/2005 Dernière mise à jour le 21/09/2005 à 18:15 TU